Le président du Mali, Amadou Toumani Touré, revient à la charge pour tenir un discours qui remet en cause lengagement des sept pays sahélo-sahariens pour lutter ensemble contre le terrorisme. Toumani Touré estime que «les forces terroristes actuelles ne sont pas au-dessus de nos capacités. Il faut un plan sous-régional» et répète : «Mon pays est otage et victime. Ces gens ne sont pas maliens. Ils sont venus du Maghreb avec des idées que nous ne connaissons pas.»
Pour le président malien, «le problème, cest le déficit de coopération régionale. Chacun se plaint du voisin, et les actions isolées sont vouées à rester ponctuelles». Parlant du lieu où les otages seraient détenus, Toulani Touré déclare que «cest aussi le sud de lAlgérie, lest de la Mauritanie et louest du Niger». Il a affirmé que la réunion des états-majors des quatre pays, dimanche dernier, «nest quun des volets dun plan plus global quil faudrait mettre en place», et rappelé quune réunion des services de renseignement sétait tenue à Alger. «Jai appelé, en septembre 2006, à une conférence sahélo-sahélienne pour la paix et le développement, en présence des chefs dEtat», rappelle-t-il. «Or, personne ne ma écouté depuis quatre ans, quatre années de perdues».
Le président malien se présente comme victime mais on ne sait de qui ou de quoi. Sil fait allusion à la présence de lAqmi sur son territoire, lAlgérie est-elle responsable de cet état de fait ? Lintrusion des terroristes du GSPC ne date pas dhier. Elle remonte à la fin des années quatre-vingt-dix. La nébuleuse terroriste ne sest pas installée au Mali et au Niger uniquement pour fuir les forces de sécurité algériennes. Elle y a trouvé un filon de trafic de drogue et darmes et un immense espace qui échappe au contrôle des pouvoirs malien et nigérien. Un accord a été conclu au début des années 2000 avec les cartels dAmérique latine et les mafias, russe et turque, pour convoyer les passeurs de la cocaïne en provenance dAmérique latine à destination de lEurope via le Moyen-Orient. Pourquoi le Mali na-t-il pas combattu ces réseaux avant leur jonction avec les terroristes «venus du Maghreb» ?
Le président malien estime que les réunions des experts sont insuffisantes, et regrette que son appel à un sommet régional nait pas lieu. Face au danger du terrorisme, des sommets ont eu lieu par le passé et rien na été fait concrètement. Alors pourquoi attendre un sommet si les experts militaires et civils disposent déjà de tous les pouvoirs pour mettre en place un plan de lutte antiterroriste ? A moins que Toumani Touré aspire à se placer en leader régional de la lutte contre lAqmi et tienne à son sommet auquel il inviterait qui il veut juste pour la parade. Manifestement, la situation sécuritaire actuelle dans la région du Sahel arrange les calculs politiques du président malien qui préfère le tapage médiatique à laction sur le terrain.
Par Abdelkrim Ghezali
La Tribune Online, 2/10/2010
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