Une dépêche (se référant à des sources maliennes) nous apprend quune réunion se tiendra aujourdhui, mercredi, à Alger regroupant les services de renseignement des pays du Sahel (Mauritanie, Mali et Niger) en vue de la lutte antiterroriste qui sévit dans la région. Cette réunion fait suite à dautres concertations entre les quatre Etats dont la dernière a eu lieu récemment à Tamanrasset, regroupant les chefs détat-major militaires.
Malgré des divergences de points de vue, bien naturelles, les choses avancent et il faut sattendre à dautres réunions et, surtout, à des passages à lacte sur le terrain de la lutte antiterroriste pour que toutes ces avancées, au plan de la concertation et de la coopération, ne restent pas lettre morte. Lidée est de faire face à un phénomène qui frappe, sans distinction (bien quà des degrés divers) ces pays voisins et frontaliers. Ici, il sagit surtout de la bande territoriale commune quon appelle le Sahel. De deux choses lune, ou il faut confier cette importante tâche de se défendre contre les activités terroristes, à une puissance étrangère à la région, les Etats-Unis (via lAfricom) et/ou la France traditionnellement bien implantée dans la région.
De lavis unanime, une telle option comporte à moyen et long terme plus dinconvénients que davantages. Ou bien, il faut dabord compter sur soi, et sorganiser pour former front et entreprendre un combat concerté et le plus efficace possible prélude à une coopération nécessaire sur dautres plans, économiques, politiques, sociaux et autres. Il y a donc une logique qui sous-tend ce qui se passe et qui a des implications prévisibles dans divers domaines. Doù les questions que lon se pose ici et là, particulièrement au Maroc.
Bien que nétant pas directement concerné par le Sahel, le Maroc veut être dans la dynamique actuellement enclenchée. Mais quel serait son rôle et, surtout, son apport ? Puisquil sagit clairement de «passer à laction», pour reprendre le mot dordre du général Gaïd, sous quelles formes le Maroc entend-il le faire éventuellement étant entendu quil ne partage légalement ses frontières quavec lAlgérie ? En outre, comment attendre un quelconque apport de sa part, alors que lui-même contribue à nourrir une situation de grande instabilité avec ses voisins, du fait de son occupation du Sahara occidental ?
Il apparaît clairement quune telle demande marocaine, si elle savérait réelle, ne ferait que compromettre leffort aujourdhui accompli par les pays du Sahel et dévier leur objectif commun, qui est celui de la lutte contre Aqmi, vers dautres objectifs, et dautres calculs, consistant à avaliser loccupation du Sahara occidental. La récente campagne médiatique marocaine contre lAlgérie, en attendant quelle sachève, est en contradiction absolue avec le ton amical qui sied à une vraie volonté de travailler ensemble.
A. K.
Le Jour d’algérie, 29/9/2010
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