Conférence internationale à Alger sur le droit du peuple sahraoui à la résistance
Donner plus de visibilité dans les capitales de lUE
La capitale algérienne a abrité, hier, une conférence internationale intitulée Le droit des peuples à la résistance : le cas du peuple sahraoui. Cette rencontre, qui durera 48 heures, sest notamment distinguée par la présence dune importante délégation dactivistes sahraouis des territoires occupés du Sahara occidental (près de 70 personnes), de plus dune centaine détrangers venus de 31 pays des différents continents, dont des parlementaires, des représentants de partis politiques et des militants de la cause sahraouie et des droits de lhomme.
Pour Jean Lamore, écrivain et cinéaste américain, cette conférence revêt une dimension capitale, en raison de larrivée massive des Sahraouis des territoires occupés, malgré les risques et les représailles.
Le fameux réalisateur du documentaire sur le mur a qualifié la souffrance de ces derniers de pédophilie dÉtat, en justifiant cela par le viol quotidien de lintégrité physique et politique des Sahraouis par la monarchie marocaine. En droit commun, la pédophilie est un crime tellement honteux quil reste masqué. Cest exactement ce qui se passe à légard du peuple sahraoui, a-t-il révélé à Liberté. M. Lamore est même allé plus loin, intégrant dans sa définition tous ces États, dont la France, ainsi que les instances internationales, qui permettent à ce crime de perdurer.
Pour lécrivain américain, la non-reconnaissance, par ces mêmes instances internationales, de la légitimité de la République sahraouie (Rasd), alors que cette dernière est cofondatrice de lUnion africaine, équivaut à revenir en arrière, à lépoque de la conférence de Berlin de 1884 et à reconnaître à lOccident le droit de définir les frontières sur le continent africain. De son côté, la présidente de lassociation des amis de la République sahraouie (AARASD), Régine Villemont, a reconnu limpact suscité par la résistance sahraouie : une résistance pacifique impliquant la nouvelle génération de Sahraouis et capable à la fois de modifier les rapports de force, de faire bouger davantage les positions sahraouies et de redonner plus de visibilité dans les capitales européennes.
Par ailleurs, Mme Villemont a saisi loccasion pour dénoncer la délégation de sénateurs français, qui a séjourné (du 13 au 17 septembre dernier) au Maroc et dans les territoires occupés du Sahara occidental. Ces élus se sont rendus dans un pays dont la décolonisation nest pas achevée, sur invitation du Maroc, dont la souveraineté sur ce territoire nest pas reconnue, a-t-elle souligné, en espérant des réactions à ce putsch des élus. La conférence internationale sur la résistance sahraouie, qui sachèvera aujourdhui, intervient dans un moment particulier, sinon décisif.
En effet, elle survient dans un contexte damplification de la campagne médiatique, menée par le Maroc et appuyée par la France et certains organismes européens, visant à entretenir lamalgame entre la résistance pacifique du peuple sahraoui, sous la houlette du Front Polisario, et les crimes perpétrés par lorganisation islamo-terroriste Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). La manifestation se tient également à lhôtel Dar-Diaf, à Chéraga, au moment où se déroulent les travaux de la 65e session ordinaire de lAssemblée générale des Nations unies et ceux du Conseil onusien des droits de lhomme.
Par ailleurs, elle intervient dans une conjoncture de gel prolongé des négociations directes entre le Polisario et le Maroc, marquée précisément par les retentissements de la bataille engagée par la militante sahraouie Aminatou Haïder et lenvoi, il y a à peine 3 mois, dune lettre pessimiste de Christopher Ross, émissaire de lONU dans lancienne colonie espagnole, aux 5 pays dits amis du Sahara occidental, imputant la responsabilité de cette situation au régime de Rabat.
Cela, sans oublier limpunité dont jouit le Maroc, alors que ce pays est à lorigine du calvaire des Sahraouis et du pillage de leurs ressources naturelles. Tous ces éléments font de cette conférence une tribune adéquate pour interpeller la communauté internationale, notamment sur ses responsabilités vis-à-vis dun territoire non autonome et dun peuple en attente dêtre protégé par lONU.
Par : Hafida Ameyar
Liberté, 26/9/2010
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