Faute d’un accord politique d’ici fin 2011 : Le Polisario menace de reprendre la guerre

Le Premier ministre de la République sahraouie (RASD), Abdelkader Taleb Omar, a affirmé hier que, faute d’une solution pacifique, dans le cadre des résolutions de l’ONU, au conflit qui oppose le Maroc au Front Polisario depuis 35 ans, la lutte armée s’imposerait de fait pour faire valoir le droit des Sahraouis au référendum et à l’indépendance.


«Le congrès du Polisario prévu en 2011 se penchera sans doute sur la perspective armée», a-t-il dit en marge du séminaire international portant sur «le droit des peuples à la résistance : le cas du Sahara occidental».


Pour le responsable sahraoui, cette option resterait la seule perspective qui s’offre à défaut d’une solution rapide dans le cadre du processus de négociations mené actuellement par l’envoyé spécial de l’ONU, Christopher Ros.


«Durant le dernier congrès de décembre 2007, les militants ont mandaté le Front afin d’évaluer le cycle des négociations. Si d’ici là les horizons pour une paix réelle ne se sont pas manifestés alors nous serons dans le droit de préparer le retour à la lutte armée», a menacé M. Taleb Omar.


Abordant justement les négociations, le Premier ministre sahraoui révèle que Christopher Ross attend la réaction du Conseil de sécurité pour un soutien clair à sa démarche car, soulignait-il, Ross ne souhaite pas rééditer les échecs du passé. «Ce qui est tout à fait compréhensible», a-t-il martelé. Il ajoute que le médiateur onusien a averti dans une lettre les membres du Conseil sur le statu quo qui perdure et qui peut créer une tension que personne ne peut contrôler. 


«M. Ross a tiré la sonnette d’alarme sur la situation qui, nous le pensons aussi, ne peut rester indéfiniment à ce stade», a-t-il encore dit. A ce propos, Abdelkader Taleb Omar a rendu hommage à Ross en notant que «c’est le seul qui a eu le mérite de définir clairement le camp saboteur alors que ses prédécesseurs se berçaient dans le flou ou la compromission».


«L’arrestation du policier Moustapha Selma est une affaire tout à fait ordinaire» Abordant le cas du policier Moustapha Selma Ould Sidi Mouloud qui, en déplacement dans les territoires sous contrôle marocain dans le cadre des visites familiales des deux bords du territoire que supervise le HCR, avait apporté son soutien au plan d’autonomie proposé par le Maroc et comptait mener campagne en sa faveur, le premier ministre de la Rasd a souligné qu’il s’agit en réalité d’une affaire simple et tout à fait ordinaire.


«Le Maroc a tenté d’instrumentaliser cette affaire et cacher la vérité en commencent par porter un doigt accusateur vers l’Algérie. Or ce policier n’a pas foulé une seule fois le territoire algérien et a été arrêté à Mhiriz à 400 km au sud des territoires libérés», a-t-il dit. Il a ajouté qu’en sa qualité d’agent de la police, il est accusé d’espionnage en faveur d’un ennemi et sera jugé comme tel. Il a défié les autorités marocaines en disant que «si le Maroc considère nos réfugiés comme des «séquestrés», nous l’invitons dans ce cas à les laisser s’exprimer par un référendum». M. Taleb Omar a condamné par ailleurs la propagande anti-Polisario menée par des médias arabes à l’image du journal Echarq Al-Awsat et de la chaîne Al Arabia, qui, dit-il, ne se sont jamais intéressés aux centaines détenus et disparus sahraouis.


Yassine Mohellebi
Le Jeune Indépendant, 28/9/2010

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