Coup de froid entre Alger et Rabat. L’arrestation par le Polisario mardi 22 septembre de Mustapha Salma Ould Sidi Mouloud, ex-inspecteur général de la police du Polisario, pour «espionnage au profit du Maroc», provoque une pic de tension dans les relations entre l’Algérie et le Maroc.
Dans une dépêché diffusée dimanche 26 septembre par l’agence de presse officielle APS (Algérie presse service) et lue au cours du journal télévisé de 20 heures de la télévision nationale, les autorités algériennes accusent directement le gouvernement marocain de mener une campagne politico-médiatique contre l’Algérie. Cette campagne a pour prétexte, explique la dépêche, l’arrestation de l’ex-inspecteur général de la police du Polisario. «Cette campagne vise à dénaturer, aux yeux de l’opinion publique internationale, la question du Sahara occidental qui demeure au regard de la légalité internationale une question de décolonisation», souligne l’agence officielle.
L’arrestation de Ould Sidi Mouloud a été vivement critiqué par des journaux, des associations et des partis politiques marocains qui accusent explicitement l’Algérie d’avoir organisé le coup contre l’ex-inspecteur de la police du Polisario. Jeudi 23 septembre le porte-parole du gouvernement marocain, Khalid Naciri, a insisté sur l’engagement de son pays à assurer la défense d’Ould Sidi Mouloud. «Le Maroc ne baissera pas la garde. Il a le devoir de défendre Mustapha Salma Ould Sidi Mouloud et d’attirer l’attention du monde entier sur le scandale qui se déroule de l’autre côté des frontières», a affirmé M. Naciri lors d’un point de presse à l’issue du Conseil de gouvernement tenu, à Rabat, sous la présidence du Premier ministre Abbas El Fassi. «Que les choses soient claires : il a été kidnappé et emmené vers une destination inconnue dans les camps de Tindouf, à l’intérieur du territoire algérien », a ajouté le porte-parole en précisant que «l’Etat algérien ne peut en aucun cas se défausser de sa responsabilité».
La réponse à ces accusations est donc venue sous la forme de cette dépêche de l’APS dont on se doute qu’elle ait l’aval des plus hautes autorités algériennes.
Alger et Rabat entretiennent des relations très tendues en raison de la persistance du conflit au Sahara occidental. Pour le Maroc, ce territoire est une partie indissociable du royaume chérifien. Pour l’Algérie qui milite pour l’autodétermination du Polisario, le règlement de ce conflit doit se faire sous l’égide des Nations-Unies. Les frontières entre l’Algérie et le Maroc sont fermées depuis 1994.
Nous reproduisons ici intégralement le texte de la dépêche de l’APS.
Algérie-Maroc-SaharaOccidental
La campagne politico-médiatique du Maroc contre l’Algérie vise à dénaturer la question du Sahara occidental
ALGER, 26 sept 2010 (APS) -Le gouvernement marocain, prenant prétexte de l’arrestation
par le Front Polisario de M. Moustapha Selma Ould Sidi Mouloud, inspecteur général de la police dans un camp de réfugiés sahraouis, a lancé une campagne politique et médiatique contre l’Algérie. Cette campagne vise à dénaturer, aux yeux de l’opinion publique internationale, la question du Sahara occidental qui demeure au regard de la légalité internationale une question de décolonisation.
L’Algérie constate avec regret qu’au moment où les Nations unies, par le biais de leur secrétaire général et de son Envoyé personnel, l’ambassadeur Christopher Ross, déploient de précieux efforts pour aider le Maroc et le Front Polisario à reprendre le chemin des négociations afin de trouver une issue au conflit, conformément aux règles et principes du droit international, le Maroc, plutôt que de jouer l’apaisement et d’aider à la reprise du processus de négociations, a choisi le chemin inverse et a opté pour l’escalade dans une tentative manifeste de se dérober, une fois de plus, à ses responsabilités.
L’Algérie a, dès le début, relevé dans le cas de M. Ould Sidi Mouloud, une tentative préméditée des autorités marocaines, à la veille d’échéances importantes, de l’impliquer dans une affaire dont elles comptaient, manifestement, se servir dans leurs vains efforts de semer la confusion et de se soustraire à leurs responsabilités en tant que puissance occupante d’un territoire inscrit sur la liste, tenue par les Nations unies, des territoires non-autonomes.
Cette attitude des autorités marocaines, n’est pas de nature à faire avancer la cause de la paix dans la région et à faciliter la mission de l’Envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental.
L’Algérie ne peut que s’étonner de constater que, dans leur instrumentalisation d’une affaire qui ne concerne que le Maroc et le Front Polisario, M. Ould Sidi Mouloud ayant été arrêté et incarcéré par le Front Polisario, en territoires sahraouis, les autorités marocaines se soient évertuées à dénoncer des atteintes dont l’Algérie serait coupable en matière de liberté de mouvement et de liberté d’expression.
Ces accusations, déplorables et infondées, constituent une fuite en avant des autorités marocaines dans leur gestion du problème de décolonisation que représente la question du Sahara occidental et qui, par ailleurs, pratiquent une politique de répression massive et systématique des droits de l’homme dans les territoires occupés, comme en témoignent les multiples rapports des organisations internationales de défense des droits de l’homme.
l’Algérie qui assume ses responsabilités de protection des réfugiés, conformément à la législation internationale y afférente, prend à témoin la communauté internationale devant l’obstruction dont le Maroc ne cesse de faire montre à chaque fois qu’une opportunité sérieuse lui est offerte de trouver, conformément à la légalité internationale, une solution juste, durable et mutuellement acceptable qui pourvoie à l’autodétermination du peuple du Sahara occidental.(APS)
DNA, 26/9/2010
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