Abdelkader Taleb Omar : «Nous nallons pas rester les bras croisés»

-Monsieur le Premier ministre, quattendez-vous de cette conférence dAlger ?

Tout dabord, je tiens à souligner que nous sommes fiers et contents de la tenue de cette conférence mais surtout de la participation exceptionnelle des grandes personnalités venues des quatre coins du monde. Mais aussi de nos militants qui ont bravé linterdit de nos territoires occupés pour venir y apporter leurs témoignages. Nous avons mené jusque-là une résistance pacifique mais celle-ci a désormais besoin dune protection internationale. La tenue ici à Alger de cette conférence participe justement de cette volonté de sensibiliser le monde entier sur les atteintes aux droits de lhomme perpétrées par loccupant marocain.

«Le droit des peuples à la résistance» autour duquel est organisée cette conférence est un message adressé à lautre partie (le Maroc) lui signifiant que nous nallons pas rester les bras croisés sil continue à ignorer la volonté du peuple sahraoui à son autodétermination. Nous utiliserons tous les moyens légitimes pour recouvrer nos droits spoliés et exercer notre souveraineté sur notre territoire. Notre combat va se poursuivre aussi longtemps que le régime marocain continuera à exercer sa domination.

-Lintitulé de cette conférence suggère une détermination que le Front Polisario envisage de recourir à dautres moyens, y compris la reprise des armes, pour faire aboutir son combat& 

Effectivement, le droit à la résistance comprend à la fois la résistance par des moyens pacifiques mais aussi laction armée. Pour nous, il sagit dun droit légitime et il appartient au peuple sahraoui et ses représentants de choisir loption qui convient à son combat. Je vous ferais remarquer que notre peuple a une grande expérience aussi bien dans la résistance pacifique que dans la lutte armée. A lheure actuelle, nous constatons que le combat pacifique et diplomatique enregistre des succès incontestables. Faut-il souligner à cet égard que cest la première fois quun envoyé spécial des Nations unies, met aussi clairement les points sur les «i».

M. Christopher Ross sest, en effet, plaint à travers une lettre au SG de lONU de ce que le Maroc ne coopère pas avec lui. Habituellement, les envoyés spéciaux de lONU, dans le meilleur des cas, ne réclament rien et dans le pire salignent sur la position marocaine. Mais avec M. Ross, les choses semblent bouger dans la bonne direction. Nous attendons donc les réponses que le SG de lONU fournira aux préoccupations que son envoyé spécial a exprimées. Et cest à la lumière de ces réponses que nous déciderons de la conduite à tenir.

-Quen est-il Monsieur le Premier ministre de cette histoire de policier sahraoui qui est passé de lautre côté, que le régime marocain brandit comme un trophée de guerre. 

Pour nous, cest une affaire tout à fait anodine que les autorités occupantes ont utilisé pour accuser lAlgérie de maltraiter les réfugiés. Ce policier na jamais foulé le sol algérien et il a été fait prisonnier dans les territoires libérés situés à 400km des frontières avec lAlgérie. Le régime marocain tente maladroitement dutiliser cette affaire pour prétendre que les Sahraouis dans les camps acceptent le plan dautonomie et que cest lAlgérie qui les en empêche. Soit. Nous le défions alors daccepter lorganisation dun référendum et on verra si les Sahraouis des territoires libérés vont opter pour lindépendance de leur pays ou rejoindre le Maroc.

-Cest donc une manipulation sur fond despionnage daprès vous ?

Je dois souligner quil y a de nombreux Sahraouis, femmes et hommes, qui font des allers et retours entre les territoires occupés et libérés en toute liberté sans quils soient appréhendés. Mais ce cas que vous soulevez concerne un policier fonctionnaire, qui a juré fidélité au peuple et qui passe de lautre côté pour livrer des secrets et renier son serment ; celui-là est pour nous un espion. Et dans une affaire despionnage, à limage de ce qui se fait chez les Américains ou les Russes, il sera jugé pour ses actes. Il nest donc pas question de liberté de circulation ou datteinte aux droits de lhomme comme veulent le faire croire les autorités marocaines. Il y a des procédures légales que les instances sahraouies vont suivre pour le cas de ce policier aussi bien dans les tribunaux civils ou militaires. Son jugement se fera en toute transparence, dans le respect des lois.

-Cette affaire peut-elle porter atteinte au combat du peuple sahraoui et au moral des troupes ?

Les Sahraouis connaissent la réalité et connaissent leurs ennemis. Les médias, qui relayent ce genre de ragots comme le journal Echarq El Awsat et la chaîne saoudienne Al Arabia, sont du reste bien connus. Que le régime marocain donne l
a parole aux Sahraouis pour quils expriment leurs points de vue en toute liberté. Cest le défi que nous lui lançons pour séparer la vérité des faux-semblants. 

-Y aura-t-il un autre round de négociations avec le Maroc ?

Pour linstant nous attendons les réponses qui seront fournies par le Conseil de sécurité de lONU à M. Christopher Ross. Il attend de voir sil aura un appui pour mener à bien sa mission. Lenvoyé spécial de lONU ne souhaite pas aboutir une nouvelle fois à léchec. Il a dailleurs mis en garde dans sa lettre à M. Ban Ki-moon contre les dangers du statu quo.

Hassan Moali
El Watan, 26/9/2010

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