RABAT – Au total 720.000 Marocains sont installés dans une vingtaine de villes dormant dans des conditions périlleuses dans des habitations abritant quelque 144.000 familles, dont 112.000 dans les Médinas, casbahs et Ksours et 32.000 dans des quartiers d’habitat non réglementaires, indique le journal « la vie économique ». Cette dégradation de l’habitat au Maroc trouve son explication dans la vétusté des bâtisses mais également dans la situation sociale et économique difficile de la majorité des familles marocaines qui résident dans ces maisons situées notamment dans les villes de Fès, Casablanca, Oujda, Marrakech, Salé, Rabat, Meknès et Tétouan, les plus touchées.
La problématique de l’habitat menaçant ruine touche différents tissus urbains. Outre le vieux parc, constitué de logements réglementaires mais affecté par le vieillissement et le manque d’entretien, les constructions menaçant ruine se localisent essentiellement dans deux principales formes du tissu urbain, à savoir : les médinas et les quartiers d’habitat non réglementaire.
Dans les médinas, les risques d’effondrement, indique-t-on, sont inhérents à des facteurs multiples : vétusté des habitations et des réseaux, structures défaillantes, manque d’entretien des constructions, surexploitation des espaces, etc. On relève, généralement deux cas de figures : Des maisons en ruine abandonnées, constituant des dépotoirs, qui représentent un danger pour la stabilité des constructions mitoyennes et des constructions présentant des signes avancés de fragilité menaçant ruine mais occupés, nécessitant des travaux de confortement ou de démolition.
Dans les quartiers d’habitat non réglementaire, certaines constructions sont bâties sur des sites non appropriés ou présentent des risques dus à un mode de construction ne respectant pas les normes techniques en vigueur, ce qui entraîne des dégradations pouvant aller de la simple fissure à des problèmes plus sérieux d’effondrement.
Selon les experts de l’habitat, les causes d’instabilité des constructions menaçant ruine sont dues à 4 facteurs. Le premier, l’habitat clandestin, réalisé sans études, sans contrôle et en dehors de toute autorisation officielle. Le second, les constructions mal étudiées exposées à des erreurs de conception qui peuvent se manifester par une instabilité patente. Le troisième, les constructions déstabilisées par des modifications soient interne (suppression d’un élément porteur important) ou externe (déstabilisation des fondations par l’exécution de fouilles mitoyennes). En dernier lieu, les constructions vétustes qui souffrent d’un manque d’entretien.
Faute d’entretien, les vieilles bâtisses et les habitats insalubres s’effondrent les uns après les autres, coûtant la vie à des dizaines de personnes. Mais l’habitat au Maroc pose aussi un autre problème: celui de la négligence car trop souvent, on confond vitesse et précipitation, souligne un expert en habitat.
Pour sa part M. Abderrahim Kassou, président de l’association Casamémoire pour la sauvegarde du patrimoine architectural, considère que « la question de l’habitat au Maroc mérite un raisonnement plus global et par conséquent, des solutions plus globales ». « Certes, il y a le problème des vieilles bâtisses mais la qualité de la construction actuelle laisse aussi à désirer », déclare-t-il.
Face à ces difficultés, s’ajoute, selon « la vie économique », la résistance des familles qui refusent d’évacuer leurs maisons et ne souhaitent pas être relogées. Ces familles considérées comme étant les plus pauvres du Maroc affirment souvent n’avoir pas les moyens financiers nécessaires pour accompagner toute décision d’évacuation et de relogement. (APS)
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