«Objectifs du millénaire pour le développement (OMD).» Le projet onusien porte en son sein tout l’idéal d’un monde meilleur, pour tous et sur tous les plans. Evidemment, ce sont surtout aux pays de l’hémisphère sud que profiteraient ce rééquilibrage et cette redistribution équitable des richesses qui exige une exploitation responsable et rationnelle des potentialités et de l’environnement.
A ce titre, aucun des Etats de l’hémisphère nord ne pouvait rejeter les OMD, au risque de se voir mis à l’index par les nations du monde. De plus, les riches ne pouvaient, ouvertement, se mettre à dos les pays concernés par les OMD car ils en ont besoin et y ont des intérêts. C’est dans ces pays qu’ils vont chercher leurs richesses et vendre leurs produits. Ils exploitent leurs ressources naturelles et leur main-d’œuvre bon marché pour asseoir leurs économies et garantir le bien-être de leurs peuples.
Ce n’est donc pas cher payé que de prendre un engagement politique pour maintenir de gros avantages économiques. C’est même tout bénéf. L’engagement politique n’engage en rien. On peut le renier, l’oublier, le mettre sous le boisseau ou surseoir indéfiniment sa concrétisation. Ce que feront les pays industrialisés qui ne mettront que quelques peccadilles dans tous les fonds destinés à soutenir le développement, la santé, l’éducation et l’environnement dans les pays pauvres, tout juste de quoi garder leurs précarrés dans ces «colonies». Pis, même le peu qu’ils donnent, ils le rentabilisent. Ils récupèrent avec la main gauche ce qu’ils ont donné de la main droite.
Et la situation dans les pays de l’hémisphère sud, dont beaucoup se trouvent en Afrique, ne se rappelle à leur souvenir que lorsque leurs intérêts sont menacés directement, comme en juin dernier quand 800 000 ouvriers travaillant dans 700 usines textiles, situées au Bangladesh, et fournissant les plus grandes marques de prêt-à-porter s’étaient mis en grève. Les ouvriers demandaient qu’ils soient payés 70 dollars par mois au lieu de 25 dollars qu’ils percevaient depuis déjà trop longtemps, avant même qu’on parle des OMD.
Plus récent encore et tout aussi révélateur de cet intérêt conjoncturel du Nord à ce qui se passe dans le Sud, la situation au Sahel. Européens et Américains ne se sont intéressés à cette région que pour s’y installer, et ce qui s’y passait ne les gênait pas outre mesure tant qu’ils pouvaient encore investir et exploiter richesses et populations, comme ils le font en Asie. Ils ne se sentiront concernés par la lutte contre le terrorisme transnational, à laquelle l’Algérie n’a cessé d’appeler, que lorsqu’ils seront touchés directement. On n’a jamais autant parlé de la situation dans le Sahel dans les médias, du monde en général et français en particulier, que depuis les prises d’otages français. Ces mêmes médias sont pourtant restés bien muets quand Bruxelles foulait aux pieds le droit international et signait des marchés avec le Maroc pour la pêche dans les eaux territoriales du Sahara occidental. Les intérêts du Sud ne sont pris en considération que lorsqu’ils croisent ceux du Nord, c’est valable pour les OMD comme pour tous les projets socioéconomiques en direction des pays pauvres.
Par Hassan Gherab
La Tribune Online, 26/9/2010
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