L’initiative du Comité national algérien de solidarité avec le peuple sahraoui (CNASPS) en collaboration avec l’Union des juristes sahraouis (UJS), portant sur l’organisation à Alger d’une Conférence internationale sur le thème du droit des peuples à la résistance, est une occasion pour les participants d’examiner de manière approfondie la question du Sahara occidental sous occupation marocaine. Cet événement intervient à un moment où la communauté internationale est vivement préoccupée par l’aggravation de la situation des droits de l’homme découlant de la persistance de l’occupation de ce territoire par le Maroc, qui se refuse à s’engager dans la dynamique de la paix et de mettre fin à l’occupation du Sahara occidental. Les demandes persistance de l’ONU adressées au Maroc pour aboutir à un règlement définitif de la question sahraouie sont toujours lettre morte.
Il est clair que cette conférence internationale constitue une « victoire » d’une importance capitale pour le Front Polisario, d’autant plus qu’elle coïncide avec la tenue de la 65éme session de l’Assemblée générale des Nations unies. Assurément, le royaume est aujourd’hui dans une situation extrêmement inconfortable. Il refuse malheureusement de se soumettre au verdict de la communauté internationale, reniant à chaque occasion ses engagements à réaliser cette paix. En fait, c’est toute la stratégie marocaine, mise unilatéralement en œuvre, pour une autonomie du Sahara à son profit, qui est dès lors en train de s’effondrer.
En se proposant d’être une tribune pour reconnaître au peuple sahraoui le droit de « résister » à l’occupation illégale de son territoire, pour dénoncer les violations massives, répétées et vérifiées des droits de l’homme, ainsi que pour exiger de l’ONU que soit rapidement organisé un référendum d’autodétermination selon ses résolutions, la conférence d’Alger fait montre de sa motivation pour marquer son soutien positif au peuple sahraoui, et de donner une nouvelle preuve à la communauté internationale que ce peuple est dans son droit légitime pour obtenir sa liberté et sa souveraineté. En multipliant les manœuvres et, sans doute, les provocations à l’égard de l’Algérie, le Maroc avec ses « sempiternelles », ridicules mais dangereuses pour la paix régionale, revendications territoriales à chaque fois réactivées, choisit la fuite en avant. Le conflit du Sahara occidental se situant au cœur même du Maghreb arabe est, de fait, un handicap majeur à l’Unité de la région.
Malgré l’existence d’un plan onusien et plusieurs résolutions tant de l’ONU que du Conseil de sécurité pour mettre un terme à ce conflit, le Maroc s’attelle à cette œuvre dans le sens contraire en stoppant la réalisation de l’unité maghrébine sous prétexte de ce problème. Miné de l’intérieur par des contradictions économiques, sociales et politiques de plus en plus insoutenables, isolé sur le plan international, ensablé dans la guerre du Sahara, le régime marocain a montré ces dernières années tout son écart à renforcer les liens économiques, commerciaux et culturels, le développement de la coopération fondée sur la réciprocité des intérêts et les conditions spécifiques prévalant dans chaque pays membres de l’UMA. Des contradictions qui font obstacle à la voie de l’édification du Maghreb arabe. On oubli, quelque part, que par-delà ce conflit entre le Maroc et le peuple Sahraoui, il faut construire le Maghreb des peuples et trouver une solution pacifique à la question sahraouie.
Aussi, l’unité du Maghreb, la réanimation de l’UMA ne peuvent se faire de manière sûre et durable que si elles se réalisent dans un cadre concerté rejetant toute approche de l’occupation du Sahara occidental, qui est, de plus, un problème de décolonisation à résoudre par l’ONU. A ce sujet, un éminent journaliste a rappelé, il y a quelque temps, que la question est de savoir qui dans le pays, fera la paix. Sont-ce les animateurs des institutions actuelles, ceux-là mêmes qui ont contribué à l’instauration de l’état de guerre afin de gagner le temps nécessaire à leur réancrage dans la vie politique publique, qui vont y parvenir et assurer de la sorte leur pérennité ? Car c’est bien de cela qu’il s’agit.
Le Maroc de demain sera dirigé par ceux qui, aujourd’hui, feront la paix. Les partis politiques « accrédités au Parlement » s’imaginent peut-être que la guerre sera leur planche de salut, que grâce à elle ils régleront leurs comptes intérieurs avec une monarchie qui les a longtemps traqués, réprimés, bâillonnés, et avec une armée à laquelle ils reprochent la formation étrangère et le caractère antipatriotique. Historiquement, et certains d’entre eux sont trop bien placés pour l’ignorer, la surenchère sur le discours expansionniste et chauvin mène droit à la débâcle.
B. Chellali
Le Maghreb, 26/9/2010
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