Les opérations de détournement du cheptel algérien par des réseaux de contrebande à travers la frontière marocaine connaissent une grande ampleur ces dernières années, et ce, au vue de la qualité supérieure mondialement reconnue du cheptel d’Algérie.
Certains habitants des villages bordant la frontière marocaine font état de l’existence de dépôts et centres spécialisés servant au regroupement du cheptel et au stockage de produits alimentaires de large consommation pour être ensuite détournés, à la nuit tombée, vers le pays voisin en utilisant des ânes et même des véhicules.
A ce sujet, des sources sûres rapportent que la majorité des opérations de détournement du bétail se produit généralement de la même manière. En effet, des personnes étrangères à la région, en provenance des wilayas voisines, et avec la complicité de jeunes chômeurs de la région et des groupes terroristes, procèdent au détournement du bétail algérien vers le Maroc, moyennant des sommes d’argent, au détriment du citoyen algérien et de l’économie algérienne.
Selon les investigations des services sécuritaires, «le voleur et la victime sont souvent membres d’une même famille, ayant un lien de parenté.» Selon des sources relevant des services de la gendarmerie nationale, l’on est parvenu, durant ces dernières années, à arrêter plusieurs auteurs de vol qualifié de bétail alors que les investigations sont toujours en cours pour réprimer les réseaux spécialisés en se basant sur les témoignages des propriétaires du bétail volé qui arrivent à reconnaître leur cheptel mis en vente dans des marchés hebdomadaires de la région. Ainsi, dernièrement, un berger qui s’est fait déposséder de son bétail par un groupe de malfrats dans la région de Hammam Boughrara, profitant de l’obscurité due à l’inexistence de l’éclairage public, a pu reconnaître son troupeau dans un des marchés.
Et devant le grand nombre de têtes de bétail détournées, la brigade des gardes côtes et les services des Douanes ont réussi, durant ces deux dernières années, à récupérer plus de 600 têtes de bétail qui étaient destinées aux contrebandiers marocains. Quant aux services de la gendarmerie nationale de la wilaya de Tlemcen, ils sont parvenus à résoudre quelque 1.500 affaires de détournement dans lesquelles sont inculpées plus de 700 personnes dont 40 femmes. Ces affaires ont abouti à la saisie de plus de 300 têtes de moutons, de veaux et 40 ânes. Ce bétail provient, selon les services de la gendarmerie nationale, des wilayas de Sétif, Béjaïa et Mostaganem pour être détourné au Maroc.
Et selon des experts dans l’agriculture et les ressources animales, le mouton algérien est détourné vers les trois pays voisins, en l’occurrence la Libye, la Tunisie et le Maroc, parce qu’il est caractérisé par l’épaisseur de sa fourrure et le goût de sa chair.
Abdelmoumen Houssam Eddine
La Voix de l’Oranie, 23/9/2010
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