Comment traquer largent versé à lAqmi ?

L’Algérie face à l’ingérence étrangère dans le Sahel

Comment traquer largent versé à lAqmi ?
Dans un contexte marqué par une grande faille dans le traitement du kidnapping dans la région du Sahel comme source de financement des terroristes, lAlgérie essaie de trouver la bonne solution, puisque au moment où elle tient à sa position portant «rejet total» du paiement de rançons aux groupes terroristes, des capitales occidentales choisissent de négocier la libération de leurs otages détenus par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), dont Madrid qui aurait dépensé 8 millions deuros pour libérer ses trois ressortissants. Alors quau cours dune visite à Alger, le ministre des Affaires étrangères espagnol, Miguel Angel Moratinos, avait décalré que son pays allait soutenir la proposition algérienne. Une proposition qui porte «sur la nécessité darriver à un consensus international autour dune résolution des Nations unies condamnant le paiement de rançons». Ainsi, lAlgérie se retrouve seule à essayer de faire face à la situation «délicate» que connaît le Sahel tout en refusant «lingérence étrangère». Mais plusieurs capitales occidentales préfèrent négocier avec Aqmi et payer les rançons, donc, les terroristes auront toujours de quoi sacheter des armes, dont la première cible est les pays de la région. 
Il y a trois jours, Kamel Rezag Bara, conseiller à la présidence de la République, chargé des affaires de terrorisme, a déclaré que depuis 2005, «les rançons versées dans la région du Sahel ont rapporté plus de 50 millions deuros aux groupes terroristes dAqmi». En matière de classement des pays, «lEspagne aurait versé 8 millions deuros pour libérer ses ressortissants retenus par la branche maghrébine dAl-Qaïda», suivie de «lItalie avec 3,6 millions dépensés pour la libération de deux otages aux mains dAqmi en mai», et enfin «lAutriche, qui aurait versé 2,5 millions pour la libération de deux otages en avril 2009». 
Dans ce cadre, un émissaire espagnol est attendu aujourdhui à Alger pour une visite de travail. Il sagit du secrétaire dEtat espagnol chargé de lAmérique latine, Juan Pablo de Laiglesia. Cest ce qui a été indiqué à lAPS par une source du ministère des Affaires étrangères. Durant son séjour, le responsable espagnol aura des entretiens avec Abdelkader Messahel, ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines. Les deux responsables vont aborder «les relations bilatérales ainsi que les questions politiques internationales et régionales dintérêt commun, notamment la coopération euro-méditerranéenne, la lutte contre le terrorisme dans la région du Sahel ainsi que les derniers développements de la question du Sahara occidental». 
Mais en réalité, la lutte contre le terrorisme dans la région du Sahel, notamment en matière de coopération, sera le point le plus sensible qui sera abordé entre le responsable espagnol et les responsables algériens vu les enjeux et surtout les «menaces» de la situation au Sahel. En tout cas, lémissaire espagnol arrivera en Algérie à la veille dune «rencontre qui regroupera aujourdhui, à Alger, des responsables militaires dAlgérie, du Mali, de Mauritanie et du Niger», selon lagence de presse koweitienne Kuna qui cite un haut responsable algérien. 
Cette rencontre a pour objectif «la création dune cellule de renseignement chargée du suivi des activités des groupes armés affiliés à lAQMI». Cette réunion a été précédée par une rencontre des attachés de défense des ambassades des pays cités. En tout cas, même la radio française RFI a annoncé une rencontre à huis clos qui aurait eu lieu mardi dernier. Une rencontre qui serait consacrée à «comment traquer largent sale dAl-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) issu des enlèvements détrangers et de contrebande dans la région du Sahel». Cependant, du côté des autorités algériennes, aucune information na filtré. Ainsi, face à lattitude des capitales occidentales, les pays du Sahel se trouvent dans lobligation dassumer une mission «difficile» qui constitue à trouver une solution pour mettre un terme à lusage de cet argent dans lachat darmes et autres, dont les premières victimes sont les citoyens des pays de la région. 
A rappeler que bien avant Madrid, la France avait exercé une pression sur le Mali pour répondre aux exigences dAl Qaïda, même si Paris essaye toujours de démentir son implication dans léchange de Pierre Camatte, un otage français contre la libération de quatre terroristes dont deux Algériens revendiqués par lAlgérie. Il est à souligner que pour le cas de lEspagne, ce pays est lié à lAlgérie par un Traité damitié, de bon voisinage et de coopération signé en octobre 2002. Ainsi, on se demande si lAlgérie peut faire confiance à ses voisins de la Méditerranée et ceux du Sahel dans son combat contre le terrorisme dans cette région ? 
Par Nacera Chenafi
Le Jour d’Algérie, 16/9/2010

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