L’Egypte, la France, les Etats-Unis, le Maroc… Quatre pays qui, à des degrés divers, entretiennent des relations inamicales avec l’Algérie. Mais que lui reprochent-ils au juste ? Le soutien au Polisario, la loi des finances 2010, une victoire dans un match de foot sans dommages et intérêts, un manque d’ardeur dans la lutte antiterroriste ? C’est selon, mais on a de la peine à comprendre les arguments des uns et des autres. Reprenons rapidement ceux du Maroc, à titre d’exemple. Il voudrait que l’Algérie cautionne sa politique au Sahara occidental alors qu’elle y est opposée depuis plusieurs décennies déjà. Manifestement ni l’un ni l’autre ne peuvent revenir sur leurs décisions. C’est donc l’impasse. L’arbitrage international n’a pas été efficace jusque-là. Deux initiatives sont en présence : le référendum du peuple sahraoui ou l’autonomie dite élargie accordée par les Marocains. A défaut de les concilier, ne peut-on invalider ces deux thèses au profit d’une autre approche ? Ou, dans une première étape, il sera concédé au Maroc l’autonomie élargie sur les provinces sahraouies du Nord et l’Indépendance par référendum pour les provinces du Sud anciennement occupées par la Mauritanie. De sorte que l’on aura un Sahara occidental divisé en deux. Cette opération nécessitera éventuellement une tutelle onusienne. L’avantage d’une telle démarche est d’offrir à chaque partie en conflit (Maroc et Sahara) une demi-satisfaction : l’autonomie élargie (mais seulement pour le Nord, l’argument étant que le Sud était revendiqué par la Mauritanie avec l’accord du Maroc lui-même) et le référendum (mais seulement pour le Sud, ce qui représente tout de même une avancée pour le Polisario). La démarche en question n’aura pas de sens si elle devait s’arrêter là. Dans une étape suivante, ou simultanément, il s’agira d’initier un processus d’Union maghrébine politique agencé sur un calendrier précis, union à laquelle les deux Sahara seront invités pour intégration, soit de manière concertée soit isolément. La dynamique maghrébine dédramatisera ainsi la situation entre l’Algérie et le Maroc et dévalorisera les entités, y compris celle du Sahara occidental, au profit d’un ensemble que toutes les parties seraient engagées à réaliser prioritairement. Dans ces conditions, tout retour en arrière deviendrait impossible : le Sahara occidental sera non seulement la chance du Maghreb mais aussi son plus sûr garant. Il ne dépendra plus des aléas et de la volonté des dirigeants de le mener à son terme, puisqu’il constituera une logique de situation géopolitique. Dès lors que la RASD aura accepté, avec l’implication de l’Algérie, l’autonomie élargie pour la moitié de son territoire, et que le Maroc aura accepté la souveraineté des Sahraouis sur l’autre moitié, tout retour à la situation ante deviendra impossible.
Quant aux autres trois pays, l’influence négative qu’ils pourraient avoir sur nous s’atténuerait d’elle-même dès lors qu’il ne leur sera plus permis d’exploiter des tensions de voisinage pour exercer des pressions de toutes sortes pour la satisfaction de leurs intérêts.
Par Aïssa Khelladi
Les Débats, 27/1/2010
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