La crise en Espagne s’acharne sur les Sénégalais et les Marocains

La forte crise économique qui affecte l’Espagne – et qui avait atteint son point crucial en 2009 – n’a pas touché tout le monde pareil. Si les envois d’argent à l’Étranger est tombé de 9,7 % par rapport à 2008, trois pays, dont deux africains, ont le plus été touchés par cette chute : Le Brésil (-35 %), le Sénégal (-29 %) et le Maroc (-22,6 %).

Malgré la légère augmentation de fin d’année, les envois ont quand même chuté de 9,7 % en 2009. Plus précisément, les envois au Brésil ont connu une baisse de 35,5 %, ceux au Sénégal 29,3 %, tandis que les envois au Maroc ont baissé de 22,6 %. C’est-à-dire, les immigrants en Espagne ont vécu différemment la crise, selon leur nationalité, d’après les données publiées par la Banque d’Espagne et élaborées par remesas.org.

En tête du ranking des pays récepteurs d’envois depuis l’Espagne se trouve, comme dans les années antérieures, la Colombie, où 1 297 millions d’euros ont été envoyés, suivie de deux pays hispaniques, l’Équateur et la Bolivie, qui ont reçu 962 et 663 millions d’euros respectivement. La liste ne change qu’à partir de la 5e position, que le Maroc partage désormais avec le Paraguay ; signalons surtout la chute spectaculaire du Brésil de la 5e position, qu’il occupait durant les deux dernières années, à la 9e. Malgré ces données, L’Amérique Latine concentre toujours la plupart des envois provenant d’Espagne.

Suivant les données de la Sécurité Sociale, datant de fin décembre 2009, 3,9 % moins d’immigrants y étaient souscrits qu’en décembre 2008. Or pour les immigrants marocains, le chiffre est tombé de 7,8 %, passant de 238 048 travailleurs, en décembre 2008, à 219 419 en décembre 2009. Il est raisonnable de penser que cette chute a favorisé celle des envois, qui tombent de 22,6 %, dépassant la moyenne de juste -9,7 %. Mais ces données n’expliquent qu’une partie des chiffres d’envois.

Les cas du Brésil et du Sénégal ne montrent pas de pareilles chutes du nombre de leurs travailleurs souscrits à la CNSS. Cependant, il s’agit de deux nationalités, aux proportions élevées, de travailleurs informels (vente ambulante, etc.) dont la moindre activité ne devrait pas apparaître dans les statistiques du travail. Ce qui plus attire l’attention, c’est que les pays où les envois ont le plus chuté durant les deux dernières années, entre 2007 et 2009, soient également le Sénégal (-27 %), le Maroc (-31 %) et le Brésil (-38 %).

Il faut absolument tenir compte du fait que, pour émettre ces chiffres, la Banque d’Espagne se base uniquement sur les données des agences d’envoi, ce qui signifie que dans ce bilan ne figurent pas les destinations des envois effectués par les banques, caisses d’épargne ou par la Poste. Ce qui pourrait expliquer, parmi les dix premières, l’absence de destinations importantes telles que la Chine. Évidemment, ce bilan ne recueille pas non plus les envois par voies informelles, ce qui pourrait expliquer l’absence de destinations telles que le Venezuela ou la Pologne.
Guinguinbali, 8/9/2010

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