Nous sommes partis ce matin de St-Louis pour rejoindre Nouakchott en « secret ». Ca évite d’une part de dire sur internet où on se rendait… (ça évite les ennuis surtout dans le cadre de la traversée de la Mauritanie), et d’autre part ça évite à nos parents et amis de se faire du soucis pour nous pendant les 2 jours de traversée A la descente, nous avions mis en place un petit dispositif de sécurité: 2 personnes à Genève nous suivaient par SMS durant la traversée de la Mauritanie. Pour la remontée, vu les récents événements (assassinat d’un otage français en représailles à l’intervention des soldats français contre AQMI), nous avons également pris contact avec l’Ambassade de Suisse à Dakar (qui gère également la Mauritanie). Le personnel de l’ambassade nous a dit qu’il était déjà déconseillé aux ressortissants suisses de traverser la Mauritanie à la descente et que ça l’était d’autant plus aujourd’hui. Berne nous a également directement écrit un long mail très officiel nous demandant instamment de mettre la voiture sur le bateau et de rentrer en avion… Berne nous précisait également que le Sahara occidental (les 2000 derniers kilomètres du sud du Maroc) était à éviter sauf urgence majeure. Là, c’est un peu (très) officiel pour pas grand chose. C’est sûr, le Sahara occidental est sous contrôle de l’ONU (depuis 1991 sauf erreur), il y a une partie qui est minée et il est déconseillé de s’aventurer en dehors des chemins battus. Mais il se trouve que tant à la descente qu’à la montée, nous roulons sur la route nationale, hors toute zone minée (sauf les 100 derniers kilomètres, mais là, on s’arrête évidemment pas en dehors de la route). Pour le reste, il y a des villes, comme Dakhla qui devient notamment la mecque mondiale du kit-surfing, avec vols spéciaux au départ de l’Europe. C’est vrai que nous avons croisés des observateurs militaires de l’ONU (dont un Français), à la dernière station avant la frontière, buvant des coups au bar. De là à déconseiller le voyage… ça semble assez surfait.
Pour la Mauritanie, on est d’accord, c’est moins engageant, a priori. Les gens que nous rencontrons sont charmants, nous avons d’ailleurs dû nous arrêter un peu en brousse ce matin (lire plus loin!), la gendarmerie est bien présente et les rues du centre-ville de Nouakchott sans problème, même le soir. Mais il est bien vrai qu’il vaut mieux ne pas avoir la malchance de se faire chopper par des bandes armées qui vous revendent à Al Quaida au Magrheb islamique (AQMI). On voit également le défaut de tout ça: d’énormes pertes financières pour le secteur du tourisme, les nuitées ayant baissé d’un facteur 100 (si, si, ça fait 10 nuitées par an au lieu de 1′000) en dehors de la capitale. Et les pertes financières, c’est des emplois de barré.
Donc, finalement, après un contact téléphonique avec le Consul de Suisse à Nouakchott (un Mauritanien que l’ambassade nous avait conseillé d’appeler), qui nous a dit que la route que nous désirions prendre était sûre à condition d’y circuler de jour, nous avons annoncé à l’ambassade à Dakar que nous remontions par la route, en conditions « sécurité »:
SMS au no d’alarme de l’ambassade à Dakar au départ le matin et à l’arrivée le soir (aujourd’hui et demain)
Pic-nic dans la voiture, en roulant
Arrêts pipi à proximité immédiate des postes de contrôles de la gendarmerie
Plein d’essence au Sénégal et remplissage du réservoir à l’auberge à Nouakchott avec les jerrycans remplis au Sénégal, donc pas d’arrêts dans des stations service
Aucun arrêt, aucune information donnée à des civils sur notre route et notre destination
Voilà, aujourd’hui, c’était nickel (il faut dire qu’il y a un bon bout de piste où on était seuls) et on espère bien évidemment que ce sera encore le cas demain.
Ce matin, donc, nous avons quitté St-Louis à 08h30 pour le poste frontière de Diama (celui où on a nos copains douaniers sénégalais qui nous ont fait gagné un aller-retour pour Dakar à notre arrivée, le tout pour un tampon, joli il est vrai). Aucun souci côté sénégalais où le douanier nous a même pris en exemple avec notre CPD (vous savez ce que sait si vous nous suivez depuis notre arrivée au Sénégal) face à quelques Sénégalais voulant rentrer avec des voitures d’occasion au Sénégal, bien évidemment sans CPD. L’un attendait depuis 6 jours au poste…et on ne sait pas trop ce qu’il attendait !
Traversée du barrage de Diama. A l’aller, on avait payé 4000 CFA pour le droit de passage (du barrage… qui fait, allons, 200 mètres…). Là, sale coup, c’est l’hivernage (saison des pluies), le tarif est de 10′000 CFA (25.- suisses…). On a discuté, mais bon, on a dû payer (contre un ticket en bonne et due forme, collé désormais dans notre carnet de voyage…). Aucun souci à la douane et à la police mauritanienne, les fonctionnaires appréciant particulièrement le fait qu’Oscar Ousseïnou et Maurine Aïcha portent dans leur passeport un deuxième prénom musulman. Ils étaient morts de rire quand nous sommes partis, se rappelant notre panne de batterie à l’aller…
Ensuite, 10 kilomètres de piste pour tomber sur le garde du parc du Dianjeling (si je dis pas de bêtises), qui nous avait extirper 4′000 oua (monnaie mauritanienne) à l’aller pour la traversée du parc (la piste traverse le « parc » où à part des boeufs et 4 phacos…). Il est bien évidemment accompagné d’un gendarme mauritanien qui confirme qu’on doit payer (comme à l’aller d’ailleurs). Bon, vu que Diama est un poste de douane où il y a très peu de passage, il n’y a pas de bureau de change, nous n’avons pas d’oua (qu’il est d’ailleurs interdit de sortir du pays… comme les CFA ou les dirhams). Nous payons donc avec des CFA à un taux de change… avantageux… ou du moins à l’avantage du gardien du Dianjeling… Et voilà que le gendarme nous sort le refrain attendu concernant l’assurance. Je replante le décor pour ceux qui connaîtraient pas Diama. Là, on est en pleine brousse, à 10 kilomètres de la frontière et à 90 km de Rosso (prochaine ville), dans un village d’au moins 15 habitants. Il n’y a rien de chez rien, à part notre gendarme (et le garde du parc). Que demande donc le gendarme? Le papier dont il sait pertinemment que nous ne pouvons pas l’avoir: l’assurance automobile (que l’on doit acheter à la frontière). Le poste de Diama ayant tellement peu de trafic du Sénégal vers la Mauritanie, il n’y a pas d’assureur à Diama… et donc il est strictement impossible d’avoir inventé une quittance d’assurance 10 kilomètres plus loin… et donc le gendarme (qui ne nous avait rien demandé dans l’autre sens, nous ne nous sommes jamais fait contrôler l’assurance à la descente, celle-ci ayant été achetée au poste frontière marocain) sait pertinemment que nous ne l’avons pas… Bon, le coup est connu, m’enfin, on est en infraction ). Et le gendarme nous laisse partir, sans même une petite demande de cadeau, sur notre bonne foi que nous allons nous acheter une assurance. Et on est Suisses! Alors, en bons Suisses, on a été acheter notre assurance.
Bon, d’abord, on a prié très fort lorsqu’on s’est encore fait arrêté par la douane et une seconde fois par les gendarmes juste avec Keur Micène. Mais ils nous ont rien demandé, notamment pas de voir notre fameuse attestation d’assurance. Et à Keur Micène (un village de… 500 habitants, en pleine pleine brousse), on s’arrête à la boutique pour demander Mohammed, le vendeur d’assurance. Je vous rappelle qu’on est en Mauritanie, loin de tout poste de gendarmerie ou d’une grande route… donc pas vraiment dans le respect des conditions « sécurité ». Mohammed est pas là, mais ils l’appellent sur son portable, puis une voiture s’arrête et un gars nous dit de le suivre… on part avec le Def et on le suit sur 1 ou 2 km, en pleine brousse, sur une simple piste de sable… oui, oui, tout le monde super à l’aise dans le Def… pour arriver devant une concession où Mohammed est assis dans sa voiture (il venait à notre rencontre). Et là, à l’ombre d’un arbre, il nous vend une assurance ! En pleine brousse ! Contre 10′000 nouveaux CFA ! Et il nous indique ensuite une piste qui rejoint celle que nous avons pris à la descente, 5 ou 6 kilomètres en pleine brousse, avec dromadaires et dunes, mais splendide. Et voilà, nous roulons avec une assurance que bien évidemment plus personne ne va nous demander
d’après le blog : www.aventures.ch
Source : Mauritanies1,
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