Zapatero, humilié par le Royaume Uni, le Chili et l’Algérie

« Il n’y a pas de preuve plus concluante sur la capacité d’un homme de guider les autres que ce qu’il fait au jour le jour pour se guider lui même » (Thomas J. Watson)

Vous allez être d’accord avec moi que la citation de Thomas J. Watson est aussi vraie comme démolisseuse. J’espère que, vu les événements des dernières années, vous serez aussi d’accord avec moi de que les actions quotidiennes de notre désorienté Président du Gouvernement sont la meilleure preuve à l’heure de montrer son incapacité claire à guider notre pays, et encore plus dans la conjoncture actuelle.

Zapatero et ses acolytes « de prestige reconnu » nous offrent quotidiennement des épisodes, des rendez-vous, et des agissements dignes d’analyse. Dans le domaine de la Politique Extérieure, malheureusement pour notre malheureuse Espagne, les petits numéros de cirque de nos gouvernants sont aussi la preuve la plus absolue de son incompétence et son incapacité de leadership; spécialement parce que celui qui n’arrive pas à orienter sa propre direction dans une multitude de scénarios, peut difficilement aspirer à guider une Nation comme la nôtre, si désespérément en besoin aujourd’hui de leaders adroits avec la boussole.

Nos glorieux gouvernants pseudo-progressistes n’hésitent pas à se noyer (et nous avec) jusqu’aux sourcils dans épisodes internationaux ridicules, inconcevables dans n’importe quelle nation respectable de notre contour. Ainsi, la semaine passée, pendant que Leire Pajín et Elena Valenciano se promenaient si heureuses dans les bureaux de la dictature castriste à La Havane sans le moindre gêne sur leurs visages, ni personne au sein du parti socialiste espagnol se demandait si le « progressisme » est compatible avec le soutien de l’une des pires dictatures planétaires, Zapatero et son ministre délustré Moratinos ne doutaient pas de réitérer publiquement qu’ils gardent encore l’espoir que l’UE change au plus tôt sa politique vers Cuba. Moratinos nous avait déjà annoncé il y a longtemps qu’à la dictature castriste il fallait pas lui demander des réformes d’aucun type, en faisant que sa gestion à la tête du Ministère d’Extérieurs atteigne des cotes de honte absolue et en laissant l’Espagne à la hauteur du bitume, même si cela n’avait pas, pour beaucoup de gens, grande importance. Encore une preuve du délire absolu inoculé par nos gouvernants à l’opinion publique espagnole.

La semaine passée aussi, Zapatero a réussi à faire le plus grand exercice d’autrichisme politique des dernières décennies. Ainsi, face au blocage de Melilla par le Maroc et devant la recrudescence de la répression violente exercée par le régime alaouite contre les manifestants sahraouis et espagnols au Sahara Occidental occupé, le glorieux gouvernement de Zapatero a décidé de n’y voir rien de mauvais et de louer les relations « avantageuses » entre Rabat et Madrid. Il y a longtemps que nous savions que regarder d’un autre côté pendant que le Maroc fait des siennes est plus facile que défendre les intérêts de l’État, ceux des Espagnols et ceux des sahraouis, mais ce qui s’est passé la semaine dernière a atteint des proportions surréalistes quand, depuis le Ministère des Affaires Etrangères on recommandait aux manifestants espagnols frappés par la police marocaine (qui, au Sahara se promène en civil) qu’ils acceptent la réalité de l’occupation de notre ancienne colonie et qu’ils respectent la « loi en vigueur » : celle que Rabat continue d’imposer illégalement sur notre ancien territoire, en violation du Droit International et des résolutions de l’ONU. Comment notre gouvernement, peut-il soutenir une « légalité » pareille?

Il convient de rappeler que pendant que les porte-paroles de Zapatero parlaient des magnifiques relations existantes entre Madrid et le régime féodal marocain, les nouvelles de la situation des prisonniers sahraouis dans dans les geôles marocaines et des activistes civils blessés après les dernières preuves de barbarie policière à El Aiún s’obstinaient à obscurcir la vision idyllique que le gouvernement espagnol essaie de vendre à l’opinion publique sur les relations avec notre voisin nord-africain. Les événements, bien que partiellement étouffés dans notre pays par les intérêts évidents de ceux qui soutiennent la politique de soumission à Rabat, les locataires de la Moncloa ne laissent déjà pas de place aux jeux dialectiques et Zapatero doit commencer à payer la facture de sa politique néfaste de faire des affaires à n’importe quel prix sous la couverture de cette « bonté pathologique » caractéristique de notre illustre gouverneur.

La situation que la « réalité réelle » (pas celle que les leaders du parti socialiste espagnol habitent) nous montre est une très inquiétante situation dans laquelle la position de l’Espagne au nord de l’Afrique est chaque jour plus faible face à l’infatigable défi marocain à notre intégrité territoriale et face à la violation des droits du peuple sahraoui. La goutte qui devrait remplir le vase est la décision récente des partis politiques nationalistes au Maroc (y compris l’Istiqlal gouvernemental) pour se joindre à l’exigence de rupture des relations entre Rabat et (accrochez-vous) le PP espagnol. Ceux qui allèguent que « leurs revendications sacrées sur les îles Canaries, Ceuta et Melilla sont incontestables » annoncent aux quatre vents que leur ennemi réel dans la réalisation de leur agenda n’est pas le Gouvernement du Royaume de l’Espagne, mais le PP. Zapatero aurait déjà du faire une sortie publique pour dénoncer que ce positionnement de Rabat est tout à fait inacceptable pour la démocratie espagnole, mais nous pouvons continuer d’attendre encore, vu ce qu’on vu jusqu’à maintenant.

La situation (qui en soi est déjà bordélique) serait infiniment plus facile pour Zapatero si nous étions tous des volontaires aveugles et ne voudrions pas nous rendre compte de ce qu’il se passe. Nous devons reconnaître qu’il y a des millions d’Espagnols prêts à faire cette grande faveur à notre lamentable gouvernement, autrement on ne peut expliquer qu’on le laisse faire ce qu’il fait. Cependant, comme les trucages de prestidigitation de Zapatero ne sont pas infaillibles à l’étranger, le Royaume-Uni, le Chili et l’Algérie ont décidé dans les derniers jours d’exercer une politique de cohérence et de bon sens qui suppose une humiliation totale pour la honteuse politique extérieure de Zapatero.

Et qu’est-ce qu’ils ont dit et fait les britanniques, les Chiliens et les algériens ? La majorité des médias espagnols ont préféré poursuivre avec la cécité volontaire pour ne pas avoir à informer l’opinion publique espagnole de ce que Londres (à travers son ambassadeur en Algérie) a dit le 3 septembre passé qu’elle soutient « une solution qui garantit l’autodétermination du peuple sahraoui à travers un référendum juste et transparent et sans aucune pression ». Eh ben dis donc (!). Une politique de cohérence avec les résolutions de l’ONU qui suppose une gifle majuscule pour la politique Zapaterienne arborée par Moratinos d’abandon des responsabilités de l’Espagne dans l’affaire de la décolonisation du Sahara Occidental. On voit que le « bon parler » est une chose et défendre les droits des sahraouis abandonnés à leur sort par Madrid (malgré que beaucoup parmi eux conservent encore leur ancien DNI espagnol, en est une autre.

Pour aider notre Président du Gouvernement à se couvrir de davantage de gloire, le Parlement chilien a formellement demandé le même jour au Président du Chili, Sebastián Piñera, « pour des raisons liées à l’histoire et les institutions de la nation chilienne, de reconnaître d’urgence la République Arabe Sahraouie Démocratique et d’établir des relations diplomatiques entre les deux pays ». Pas besoin de commentaires, n’est-ce pas? Vous allez m’accorder qu’il faut ôter son chapeau devant nos frères chiliens, alors que nous devrions nous appliquer le conte et exiger de nos députés qu’ils assument leurs obligations internationales et historiques de manière décente.

Il faut aussi se prosterner devant le bon sens de nos voisins algériens, qui viennent de proposer formellement à l’assemblée Générale des Nations Unies de voter cette semaine une résolution contre le paiement de rançons aux groupes terroristes pour libérer les otages, avec une claire allusion aux démarches honteuses du Gouvernement de Zapatero pour payer des millions d’Euros à Al-Qaeda en échange de la libération des deux Espagnols séquestrés au Mali. Il se trouve que les victimes principales lorsqu’on paie une rançon aux terroristes ce sont les gouvernements des pays de la dite région qui verront leur lutte contre le terrorisme djihadiste sérieusement compliquée vis-à-vis de l’avenir.  » Pecata minuta » pour le tandem Zapatero-Moratinos, discrédit pour l’Espagne internationalement, et grand succès pour Al-Qaeda. Il ne manque plus que l’arrivée d’Osama Bin Laden pour accorder une médaille à Zapatero et déclarer qu’il rompt les relations avec le PP espagnol. Il est possible que dans le siège du parti socialiste espagnol il y ait même quelqu’un qui le prendrait comme quelque chose de positif. Je le vois arriver : « Regarde, nous sommes tellement gentils que même les séparatistes de l’ETA, les nationalistes marocains et les terroristes d’Al-Qaida nous font un clin d’oeil ». Tous ceux qui veulent la paix. C’est sûr que nous allons faire un ravage aux élections de 2012″.

Ce qui est triste c’est que non seulement nous le faisons complètement mal à l’égard de nos territoires menacés par le Maroc, l’affaire du Sahara Occidental et de faire des terroristes d’Al-Qaeda des hommes riches (auxquels nous avons déjà aidé à financer, avec la rançon, plusieurs attentats, en commençant par celui du 25 août en Mauritanie contre un quartier de l’armée de ce pays dans la ville de Nema, même si après nous disons combattre, du côté de l’OTAN, contre la même Al-Qaeda en Afghanistan), mais nous noyons aussi notre réputation internationale à l’égard de notre autre ex-colonie en Afrique. Oui, mesdames et messieurs, quand la dictature qui Teodoro Obiang dirige en Guinée Équatoriale a exécuté le 21 août passé un civil et trois ex-militaires condamnés à la peine capitale (une demi-heure après que sa sentence a été dictée, sans attendre appel, sans pouvoir dire au-revoir à ses parents), le glorieux gouvernement de Zapatero a décidé de regarder d’un autre côté et de garder le silence. 

Pourquoi déranger celui des embrassades avec Moratinos sur les photos ? Pourquoi protester diplomatiquement devant une telle violation des Droits de l’homme dans notre ex-colonie ? Silence radio à Madrid pendant toute une semaine. Comme nous le rappelait Luis Ayllón le 29 août dernier dans son blog « Terminal zéro » (du journal ABC), le silence officiel à Madrid quand les exécutions se sont produites a été « surprenant, non seulement à cause des liens avec l’ancienne colonie, mais parce que le chef de l’Exécutif, José Luis Rodríguez Zapatero, s’est présenté comme le grand porte-drapeau pour obtenir jusqu’à 2015 un moratoire dans l’application de la peine de mort par les pays qui l’ont reprise dans leur législation ».

Vous voyez bien, tout pose et contradictions. Quel légat et quel leadership, celui de Zapatero. Vous vous rappelez encore de la citation de Thomas J. Watson?

Álvaro Ballesteros, expert en Sécurité Internationale et Politique Extérieure

cronicasdelmundo@gmail.com

El Imparcial, 7/9/2010

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