Le conflit su Sahara lié au terrorisme au Sahel
Mécontentement à Alger suite aux déclarations de Moratinos
Les déclarations du ministre espagnol Miguel Ángel Moratinos après son entretien avec son homologue français Bernard Kouchner à propos de la situation au nord de l’Afrique ont causé une grande surprise à Alger.
Les déclarations faites par le ministre espagnol Miguel Ángel Moratinos après son entretien avec son homologue Français Bernard Kouchner à propos de la situation dans le nord de l’Afrique ont causé une grande surprise à Alger. L’agence marocaine officielle MAP les a divulguées sur sa couverture internationale avec l’intention claire de montrer leurs positions sur le conflit du Sahara occidental et sur la situation générale dans la région.
« Le gouvernement espagnol estime qu’il faut arriver à une juste solution définitive et durable sur la question du Sahara, à travers des négociations parrainées par l’ONU », a remarqué Moratinos. Une position répétée jusqu’à la satiété par la diplomatie espagnole depuis le cessez-le-feu proclamé en 1991 par les adversaires dans la crise du Sahara, le gouvernement du Maroc et le Front Polisario. Les gouvernements de Felipe González, de José Maria Aznar et dans un premier moment José Luis Rodríguez Zapatero, l’avaient faite sienne. Il n’y a aucun changement là-dessus.
Où Moratinos a surpris, c’était quand il a affirmé – selon les mots textuels mis en évidence par l’agence MAP – que « l’Espagne et la France ont la même vision du conflit du Sahara », et que « si ce contentieux arrivait à être résolu, la question du Sahel le serait aussi ».
Étant donné que le gouvernement de l’Algérie et le Front Polisario ont dénoncé à plusieurs reprises l’alignement inconditionnel de la France avec les thèses marocaines sur le conflit – l’ex-ministre de l’Intérieur gaulois Charles Pasqua a été même visiter El Aaiun, en donnant ainsi l’accolade à la « marocanité du Sahara »-, que Moratinos parle d’une « position identique » de Madrid et de Paris, a enclenché la polémique.
Cependant, ce qui interppelle le plus dans la déclaration du ministre des affaires étrangères espagnol a été le fait de lier le conflit du Sahara Occidental au terrorisme qui s’est répandu dernièrement dans le Sahel. Quelque chose que le régime algérien ne peut pas accepter en aucune façon. « L’affaire du Sahara est un conflit dérivé de la décolonisation, celle du Sahel c’est du terrorisme. Deux choses complètement différentes », insiste Alger.
Dernièrement, quelques déclarations faites par des ex-membres des services algériens de Sécurité qui ont fui le pays ont dénoncé que la sécurité militaire algérienne, actuellement DRS, « a infiltré depuis des années les maquis islamistes, y compris le groupe qui agit dans le Sahel, Al Qaeda au Maghreb Islamique, auteur de l’enlèvement des cooperants espagnols ». Ainsi l’ont affirmé le capitaine Hichem Aboud, le colonel Mohamed Samraoui, et récemment Karim Moulay, tous réfugiés en Europe.
Cependant, le fait que Moratinos prend cette hypothèse pour bonne et écarte, par conséquent, les « explications » que le régime d’Abdelaziz Buteflika pourrait donner, a seulement réussi à créer un malaise dans les relations entre Alger et Madrid.
« Moratinos oublie de dire qu’Alger s’est fermement opposé à payer n’importe quel rançon demandée par les terroristes du Sahel, comme l’ont fait l’Espagne et la France, parce que cela veut dire alimenter l’instabilité dans la région et financer les groupes terroristes », déclara une source à El Imparcial.
Les déclarations du ministre semblent être encore un épisode des va-et-vient politiques du gouvernement espagnol en relation avec la crise du Sahara occidental et de la situation au Maghreb. Des va-et-vient en général généré par le suivi des positions de la France, on estime à Alger.
Pedro Canales
El Imparcial, 7/9/2010
Traduction non-officielle de Diaspora Saharaui
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