Lorsque Zapatero parlait d’adopter une attitude diplomatique « intelligente et responsable », il omettait que les accords forcés avec le Maroc obéissaient aux pressions de la France
Les relations Espagne-Maroc semblent condamnées à un état de tension permanente. D’un côté, il est logique que la diplomatie espagnole aspire à l’appaisement, mais ce qui est inadmissible c’est le chantage marocain permanent.
Tout démarre le jour où l’Accord de Madrid de 1975 a été signé, profitant de l’agonie de Franco, pour remettre le Sahara Espagnol au Maroc et à la Mauritanie. Donc, toutes les tensions qui ont apparu le long des 36 ans derniers entre les deux pays ont pour origine cette honteuse preuve de faiblesse diplomatique espagnole. Une faiblesse qui perdure jusqu’à présent. A titre d’exemple, le Conseil de Ministres espagnol vient d’accepter la nomination du nouvel ambassadeur du Maroc en Espagne, Ould Souilem, ancien membre du Front Polisario, un symptome évident de la synthonie existante entre le Maroc et l’Espagne dans le contentieux du Sahara. Et même si c’est vrai que cette nomination ne contribuira en rien aux aspirations annexionistes marocaines sur l’ancienne colonie espagnole, il est évident que, avec Souilem comme ambassadeur en Espagne, le Maroc veut renforcer ces prétensions de la monarchie alaouite. Tout cela, je répète dans un contexte de diplomatie espagnole honteuse.
Lorsque Zapatero, il y a quelques jours, parlait d’adopter, concernant les tensions avec le Maroc, une attitude diplomatique « intelligente et responsable », il omettait consciemment que les accords forcés entre les diplomaties marocaines et espagnoles – au-delà des affaires ponctuelles, comme la coopération sécuritaire conjointe dans les deux côtés de la frontière – obéissent à des pressions indubitables de la France et, dans une moindre mesure, les États-Unis, pour le maintien du statu quo au Maghreb. Personne n’ignore que la diplomatie de Rabat est confectionnée, très fréquemment, à l’Élysée. Comme il est notoire que, avec cela, la France, essaye d’affirmer une présence permanente dans une région qui a toujours constitué son espace d’influence à l’époque coloniale, jusqu’aux processus d’indépendance enclenché dans les années 1960.
De leur côté, les Gouvernements espagnols successifs ont assumé le discours marocain à cause des risques qui comporte une déstabilisation de la monarchie alaouite (immigration, un trafic de drogue, terrorisme …) et, aveuglés par le potentiel supposé des relations économiques avec leur voisin du sud, ils ont décroché pour le Maroc le statut de partenaire indispensable de l’Union Européenne et, au même temps, être blindé devant des exigences externes. En effet, depuis quelques années, le Maroc a « vendu » une présumée réforme politique et une transition qui ne le sont pas, puisque les avancées sont très petites et grands les reculs en matière de développement, de droits de l’homme …
Pour citer un autre cas récent, la nomination de l’ambassadeur Souilem semble vouloir exprimer, vis-à-vis de l’Espagne, une réponse au dénouement du cas d’Aminatou Haidar . Avec l’expulsion de l’activiste sahraouie, le Maroc a mis le Gouvernement espagnol dans une situation assez inconfortable et délicate. Et même si le problème a été résolu par la médiation des EU, les autorités marocaines étaient conscientes que le retour de l’activiste au Sahara supposerait un raffermissement de la contestation sahraouie dans les territoires occupés. La nomination donc d’un ex-sahraoui comme ambassadeur du Maroc à Madrid, avec les tensions récentes à Ceuta et Melilla, avec certitude encouragées par la diplomatie marocaine, c’est la réplique de Rabat à l’arrète qu’ils ont dû avaler fin 2009.
Décidément, il paraît que nous sommes condamnés à nous plier constamment devant les prétentions de notre voisin. C’es-à-dire: à accepter d’une manière permanente le chantage marocain. Et tandis que le noble peuple sahraoui attend toujours la célébration du référendum d’autodétermination, tant de fois annoncé et retardé.
Diego Jimenez
La Opinion de Murcia, 7/9/2010
Traduction non-officielle de Diaspora Saharaui
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