Le Ramadhan au pays du million de poètes

Le mois sacré se vit dans la pure tradition de labstinence, de la simplicité. La rudesse du climat rend le jeûne très contraignant dans ce pays. Laridité en Mauritanie, rappelons-le, est extrême presque partout. Le climat est chaud et sec. Ce qui rend éprouvant labstinence. En fait, la tradition veut que la foi permette de tout transcender, aller au-delà de ses possibilités apparentes. Les vieilles traditions des tribus et les rituels pèsent de tout leur poids. 

A linstar du Mali et du Sénégal, la Mauritanie compte plusieurs confréries. Les principales restent incontestablement celles des Tidjanis et des Hamalistes (une confrérie dorigine malienne). Que ce soit chez les Maures, les Samasites (tribu de lex-président Ould Taya), Ouled Dlim ou encore les Esbihis& la tradition est partout la même pendant le mois sacré. Des marchés riches en produits. Le jour, les horaires de travail sont réduits et lactivité de production tourne au ralenti. En attendant la rupture du jeûne dans les grandes villes, les Mauritaniens passent leur après-midi à flâner dans les souks. Les marchés des villes sont inondés de fruits et légumes et articles fabriqués ou en provenance du Maroc. Le made in China népargne pas les étalages et devantures des magasins de Nouadhibou, Kaédi, Kiffa ou encore Nouakchott. Au coucher du soleil, petits et grands jubilent et se réunissent autour de la table. 

Pour rompre leur jeûne, les Mauritaniens font tout dans la simplicité : lait caillé et mélangé à de leau et du sucre, dattes, de la bouillie de céréales et du jus doseille. Le thé vert à la menthe se boit corsé et sans modération. Après, jeunes et adultes vaquent à la prière du Maghreb. Au retour, on sirote le thé accompagné généralement dun tagine, le Benava. Un pot-au-feu sans légumes composé de sauce et de viande dagneau, de chèvres ou de chameau. Dautres encore ont une préférence pour le méchoui avant denchaîner avec la prière dEl Icha et les Tarawihs jusque tard dans la soirée. Les mosquées sont bondées denfants, de jeunes et de personnes âgées. Tout le monde sy rend quel que soit lâge. 

Le soir, les cafés et salons de thé ne sont pas très fréquentés en Mauritanie. Les jeunes se rassemblent dans les quartiers et discutent de sujets dactualité. Veillées de chants soufis Parallèlement, des veillées de chant soufi sont tenues dans plusieurs quartiers et mosquées. Certaines familles font preuve dune grande générosité, invitent proches et amis& et égorgent des boeufs ou des moutons pour des veillées à loccasion. Laumône et la charité deviennent fréquentes : lon donne beaucoup dargent et surtout du pain de sucre aux personnes âgées même si elles ne sont pas dans le besoin. Cest surtout durant la nuit sacrée que les dons et zakat deviennent importants. Les nantis achètent des centaines de kilos de pain de sucre quils distribuent aux nécessiteux et aux vieux pour quils prient pour eux. Une manière de rendre hommage à la sagesse des vieux. 
A. R.

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