Le MAE espagnol demande des explications pour l’agression aux activistes espagnols pro-sahraouis
Les 147 membres de l’ONG sont arrivés à Las Palmas, où ils ont été reçus par une délégation du Gouvernement Canarian et 50 sympathisants avec des pancartes
PEDRO H. MURILLO – Santa Cruz de Tenerife – 30/08/2010
Le secrétaire d’État des Affaires Etrangères, Juan Paul de Laiglesia, a appelé son homologue Marocain pour « demander des explications » pour l’agression policière vécue par trois des 14 activistes espagnols qui ont participèrent samedi après-midi à une manifestation pacifique prosahraouie à El Aaiún. Quand le ministre Moratinos a parlé hier au titulaire d’Extérieurs du Maroc pour solliciter la mise en liberté des membres de l’ONG il n’a pas abordé le problème des mauvais traitements infligés à Carmen Roger et deux de ses compagnons puisqu’il n’y était pas au courant, selon le ministère espagnol des Affaires Etrangères.
Les 14 membres sont arrivés dans un ferry à Puerto de la Luz à Gran Canaria. Une délégation du Gouvernement insulaire et près de 50 sympathisants avec des pancartes sont venus les accueillir, avec le cri de « Sahara libre ». Les activistes ont annoncé à leur arrivée qu’ils iront aux tribunaux à cause de la situation qu’ils ont vécu le week-end. Ils ont assuré que ce « n’est qu’une anecdote » comparé avec le quotidien des sahraouis. « NOus sommes préoccupés par la manière de la Police marocaine d’utiliser des supposés colons exaltés avec des membres des corps de répression marocaine, a dit le porte-parole de l’ONG.
Un autre manifestant, Anselmo Fariñas, a remarqué que « nous comprenions les risques que nous courions, nous sommes allés à la bouche du loup ».
Roger et 10 autres activistes appartenant à l’Association Canarienne d’Amis du Peuple Sahraoui ont été arrêtés samedi – trois autres ont réussi à échapper – par la police marocaine à El Aaiún, la capitale du Sahara Occidental, pour participer à une manifestation pacifique en faveur de l’autodétermination des sahraouis. L’incident se produit seulement une semaine après la visite du ministre de l’intérieur, Alfredo Pérez Rubalcaba, au Maroc pour clôturer la crise de la frontière de Melilla.
La protestation a commencé samdi à 18.30, dans la rue Smara, l’une des avenues les plus fréquentées d’El Aaiún.C’était un sit-in et des drapeaux du Front Polisario ont été brandis. Dans le tumulte au moins trois Espagnols ont été blessés. L’une d’elles, Carmen Roger, avait le visage défiguré par les coups. « Ce dont je me rappelle est que nous étions dans la protestation et ce que nous croyions des policiers déguisés en colons ont débarqué. Je n’ai pas pu me défendre », raconte-t-elle.
Après la charge de la police, 11 activistes ont été arrêtés, alors que trois autres se sont dépêchés pour se réfugier à l’hôtel proche Nejyir. Les détenus ont été déplacés au commissariat central de El Aaiún, où ils ont été interrogés. « Ils nous ont retiré le passeport et quelques compagnons ont été pêndant plus de deux heures dans la salle d’interrogatoires », a expliqué l’un d’eux à ce journal. Les interrogatoires se sont prolongés de sept heures de l’après-midi du samedi après-midi jusqu’à cinq heures du matin. Ce laps de temps a été un enfer pour Carmen Roger, plus affectée par les coups. L’activiste n’a pas reçu d’attention médicale jusqu’à hier après-midi, après qu’un fonctionnaire de l’ambassade espagnole déplacé vers El Aaiún réussissait à concerter un rendez-vous avec un médecin et lui facilitait les médicaments nécessaires. L’autre activiste, Pablo Terraza, a eu des contusions dans le thorax.
Les 11 cooperants Espagnols sont restés jusqu’à cinq heures du matin du dimanche dans les dépendances de la police de El Aaiún. Par la suite ils ont été libérés et déplacés à la Maison de l’Espagne, un bâtiment propriété de l’État espagnol. Selon leurs déclarations, les policiers marocains leur ont dit qu’ils étaient sous arrestation à domicile, bien que des sources diplomatiques espagnoles ont précisé qu’ils ne pouvaient pas sortir à la rue « par recommandation des autorités locales ».
Les incidents entre les forces de police et les activistes pro-sahraouis ne sont pas nouveaux. Cependant, l’on n’est jamais arrivé à un degré de violence comme celui vécu par les 11 canariens arrêtés à El Aaiún. Des sources de l’Association Canarienne d’Amis du Peuple Sahraoui ont informé que les activistes ont eu un contact avec une citoyenne catalane, Isabel Terraza, et un citoyen mexicain, Antonio Velázquez Díaz, qui se trouvent à El Aaiun depuis plus de 20 jours comme observateurs internationaux. Selon le collectif cité, ceux-ci, ainsi que la famille sahraouie qui les accueille « se trouvent en danger, puisque le premier a reçu des menaces de mort et ils vivent depuis des jours pratiquement sous assignation à domicile ».
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