«Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas», nous dit le proverbe que le président Sarkozy semble désormais connaître sur le bout des doigts. Le président Sarkozy a su vite changer de philosophie et d’attitude et se faire, selon les circonstances, une fois pour et se dire une fois contre le paiement de rançons aux ravisseurs de l’ancien GSPC qui bossent au Sahel. Dans le cas de Pierre Camatte, l’honorable humanitaire bien connu de Bajolet, lorsque les deux étaient en mission dans la région, la France s’était démenée comme un diable pour payer comme on le lui exigeait. Prévenante, elle accomplissait tous les rites auxquels on la soumettait, dévoilait ses surprenantes capacités de persuasion au pôvre Mali. Une fois sa banque de données ambulante récupérée, Paris plaida le geste humanitaire et prêta par la suite, stoïquement, son dos aux banderilles du voisinage. Par la suite, il y a eu le cas Germaneau qui, n’étant pas du club des Camatte, n’a pas été sauvé. Puis vint le tour des Espagnols qui s’arrangèrent eux aussi pour payer la rançon et liberer les otages, tout comme font les autres. On trouva alors tout à fait normal que Nicolas Sarkozy envoie une lettre de félicitations à José Luis Rodriguez Zapatero pour la réussite de cette libération. Mais la suite l’était moins. Deux jours après la libération, Sarkozy déclarait aux ambassadeurs de France : «La seule stratégie ne doit pas constituer à payer des rançons et à accepter de libérer des prisonniers en échange de malheureux innocents.» Une déclaration tout ce qu’il y a de hallal en ce mois de ramadan, ce qui n’empêchera en rien les Espagnols d’y déceler une dose appréciable d’hypocrisie. Sarkozy partisan du : «Faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais» ? En tout cas, il a été le seul homme politique, l’unique Président à oser la morale dans ce cas précis. La France rejoindrait-elle la vision des pays du Sahel sur le traitement des kidnappings ? Sinon, en voudrait-on à Madrid de suivre sa propre voie, celle qui sécurise le mieux ses intérêts propres ?
M. Z. (mohamed_zaaf@yahoo.fr)
Le Jeune Indépendant, 29/8/2010
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