Les frères Souissi se produisent le samedi 28 août à la Villa des Arts de Rabat. Le trio Hamza, Hassan et Ali sont de nature très discrets. Ils préfèrent transmettre leur art et leur savoir-faire plutôt que de s’afficher. Portrait.
Après une grande période silencieuse, les frères Souissi sortent de l’ombre. Le temps d’un concert le samedi 28 août à la Villa des Arts de Rabat. Le trio Hamza, Ali et Hassan, aime la discrétion. Il est très rare de les apercevoir dans un des festivals de musique qui sont légion en période estivale. Les frères Souissi préfèrent se produire dans des cercles très restreints pour respecter leur esprit de modestie et de discrétion. De temps, en temps et pour ne pas se faire oublier, ils enfreignent leur règle et osent aller aux devants de la scène. Mais avant cela, ils étudient d’abord la proposition qui leur est faite avant de se jeter à l’eau. «Les frères Souissi ne sont pas du tout dans le registre de la consommation, leur musique est d’un style très particulier qui nécessite une belle écoute. C’est pour cette raison, ils ne peuvent pas animer des concerts n’importe où», déclare un musicien proche du groupe et préférant garder l’anonymat. Leur musique est beaucoup plus adaptée aux petits espaces plutôt qu’à des scènes grand public. Mais ce n’est pas ici la seule et unique raison qui explique leur retrait de la scène musicale grand public.
En réalité, les frères Souissi donnent chacun beaucoup plus d’importance à la transmission de ce qu’ils ont à leur tour appris qu’à s’afficher et à exposer ce qu’ils savent faire. «En réalité, ils sont dans une démarche pédagogique, ils n’aiment pas trop s’afficher, ils veulent bien se faire entendre mais faute de belles opportunités et d’infrastructures appropriées, ils préfèrent vaquer à d’autres occuppations comme enseigner la musique par exemple», déclare un compositeur marocain très ami des frères Souissi.
Anciens élèves de la Schola Cantorum de Paris, les frères Souissi ont étudié entre 1981 et 1986 la musique ancienne et la guitare classique auprès du maître Javier Hinojosa. De retour au Maroc, ils se sont lancés dans une sorte de recherche très personnelle où le maître mot est la fusion entre le Jazz et les musiques traditionnelles. Ils poussent l’improvisation à partir de thèmes aux sources multiples et construisent une musique libre nourrie de leurs sensibilités respectives. Depuis 1987 en collaboration avec leur frère Hamza, ils participent à plusieurs festivals contribuant à l’animation de la scène jazz au Maroc. Ils seront à l’époque à l’affiche du festival des Orangers, du Jazz aux Oudayas et plus tard du Jazz au Chellah.
Ils se produisent également avec plusieurs formations dans les clubs de Casablanca et Rabat et dans les centres culturels français. Ils ont également participé au Festival des cordes pincées et à plusieurs éditions des Nuits du Ramadan. Depuis 1990 tout en se consacrant à l’enseignement, ils continuent de mener la difficile bataille de la création, en collaborant régulièrement avec le cinéma marocain pour lequel ils signent les musiques de 10 longs métrages. Avec l’apport du talentueux et renommé percussionniste Fettah Elhussaini, de l’excellent Youssef Madani au Oud, ils proposent une musique basée sur l’improvisation à partir de thèmes aux sources multiples qui illustrent leur goût pour diverses musiques.
Bien que pris par leur travail d’enseignant, loin des feux de la rampe, les frères Souissi continuent de composer pour le cinéma et de se produire régulièrement dans la minuscule sphère du Jazz et de la musique instrumentale improvisée au Maroc. Ceux qui aimeraient découvrir le nouveau répertoire des frères Souissi tout en revisitant leurs vieux classiques peuvent noter d’ores et déjà dans leur agenda la date du 28 août. Le concert débutera à 22 heures.
Blog Afrique, 24/8/2010
Soyez le premier à commenter