Imperturbable dans son déni de la réalité et du fait national sahraoui, le roi du Maroc qui intervient par ellipses dans la vie politique du Maroc, est revenu à nouveau lors de son discours à l’occasion de la «fête de la jeunesse marocaine», sur la proposition insensée d’une soi-disant autonomie au Sahara Occidental. Rien de bien nouveau dans la politique d’intransigeance que cultive Rabat grâce à l’appui inconditionnel de la France, qui lui garantit l’impunité aux Nations unies et aux relais médiatico-politiques animés par le lobby sioniste à Paris, mais aussi à Washington. Il serait fastidieux de revenir sur le discours du souverain marocain, tant ses interventions se ressemblent à chaque fois, avec le même argumentaire les acrimonies à peine voilées à l’égard de l’Algérie et ce serpent de mer de la régionalisation, promise depuis des lustres aux marocains et déjà par Hassan II aux marocains qui rêvent de sortir du joug du makhzen. C’est une stratégie à double tranchant qui permet de croire que l’on répond aux attentes des instances internationales pour ce qui est du Sahara Occidental, tout en bloquant en sousmain les efforts du représentant spécial du secrétaire général de l’Onu pour le Sahara Occidental qui tente péniblement d’amener le Maroc a de véritables négociations pour avancer dans le processus référendaire. Car et contrairement a ce qu’affirme le monarque alaouite et le banc et l’arrière banc de l’appareil de propagande marocain, le droit a l’autodétermination du peuple sahraoui n’a à aucun moment été remis en cause par les instances onusiennes, en premier le Conseil de sécurité. Même la France entrainée dans son soutien aveugle au Maroc n’ose aller solennellement jusque là, puisque elle adhère au consensus lors de l’adoption des résolutions onusiennes en la matière. C’est ce blocage marocain qui explique le cri de secours lancé par Christopher Ross, aux cinq pays dit «amis» qui suivent les négociations Maroc-Front Polisario (Etats-Unis, Russie, Grande-Bretagne, Espagne et France), pour qu’ils interviennent afin de sauver le processus de paix et le cycle de négociations. Ross révèle dans sa lettre secrète publiée par un journal madrilène que ni Rabat, ni le Polisario n’ont «la volonté politique d’engager de véritables négociations» et ajoute qu’il ne parvient pas à les convaincre de modifier leur position. Or on sait que le Polisario n’a ménagé et ne ménage aucun soutien à l’émissaire onusien. En réalité Ross, en fin diplomate, met sur le même plan les deux protagonistes du conflit car il sait pertinemment que les membres du conseil de sécurité savent parfaitement qui refuse la négociation : le Maroc qui non seulement continue d’occuper le Sahara Occidental, exploitant ses richesses et y exerçant la plus féroce des répressions. Christopher Ross a, toutefois, rejeté en bonne partie la responsabilité dans cette impasse à l´attitude inflexible observée par le Maroc à la réunion informelle de février dernier à Westchester Country (New York).Faisant preuve de plus de souplesse, la délégation du Front Polisario à cette réunion avait accepté d´examiner certains aspects du plan d´autonomie marocain pour le Sahara Occidental dont Rabat voulait que ce soit l´unique base de travail dans ces négociations. La souplesse de la délégation du Front Polisario avait été appréciée par le Département d´État américain où Ahmed Boukhari, représentant sahraoui à New York, et ses compagnons, avaient été reçus, pour la première fois, par un haut fonctionnaire de l´administration américaine qui les a félicités de leur attitude. «Ni le SG, ni moi, ne sommes parvenus à convaincre les deux parties de cesser de camper sur leurs positions», écrit Ross dans son rapport en attirant en particulier l´attention des pays du Quartet où il avait tenu à se rendre quelque temps auparavant, sur «la fin de non-recevoir réservée par le Maroc à la proposition du Front Polisario». Ross a également sollicité l´aide de l´Espagne en tant qu´ancienne puissance coloniale du Sahara Occidental. Après la grève de la faim de Aminatou Haider qui a eu un grand retentissement en Espagne et dans le monde en décembre 2009, le gouvernement Zapatero avait montré plus de discrétion dans son soutien au plan d´autonomie marocain, ce qui n´a pas été du goût des autorités marocaines. Certains cercles politiques à Madrid voient dans les récents incidents de Melilla un lien avec la nouvelle attitude du gouvernement sur la question du Sahara Occidental. Le Maroc qui appréhende un retour à la position traditionnelle de neutralité qui a été celle de l´Espagne sur son ancienne colonie avant l´arrivée des socialistes au pouvoir en avril 2004, choisi, comme il le fait régulièrement chaque fois que la question sahraouie est mise sur la table à Madrid, d´agiter le spectre de la revendication de sa souveraineté sur des enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla. Pour leur part, venus des territoires occupés du Sahara Occidental, des membres de la résistance populaire sahraouie ont exprimé la détermination du peuple sahraoui à poursuivre sa lutte pacifique pour l’Indépendance de son pays.
Mokhtar B.
Le Courrier d’Algérie, 22/8/2010
Soyez le premier à commenter