«L’UE a l’obligation juridique et morale de cesser de corrompre le processus onusien de paix au Sahara Occidental, en respectant le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination sur son pays et ses ressources». De ce fait, les Sahraouis exigent «qu’aucune opération de pêche européenne ne soit plus menée au Sahara Occidental» jusqu’à ce qu’«une solution pacifique soit trouvée au conflit».
Par : Massinissa Benlakeha
Une pétition a été lancée par l’Union des journalistes et écrivains sahraouis en signe de protestation face à la spoliation des ressources naturelles du Sahara Occidental et la pêche illégale. Cette pétition, indique l’Union dans un communiqué rendu public, sera clôturée le 24 septembre prochain. C’est pourquoi, l’Union des journalistes et écrivains sahraouis (UJES) a lancé un appel à signatures, qui sera par la suite transmis au commissaire européen chargé de la pêche l’invitant à mettre fin aux contrats de pêches conclus avec le Maroc. A ce jour, précise encore la missive, la pétition a été signée par 19.167 signataires de différents pays du monde, en sus de 643 organisations de 45 pays. Il est à rappeler que plusieurs voix se sont, à maintes reprises, élevées dénonçant la spoliation des ressources naturelles dans les territoires occupés du Sahara Occidental par les autorités marocaines et ses partenaires économiques, à l’instar de la France. «Aucun Etat au monde ne reconnaît l’annexion du Sahara Occidental par le Maroc», soulignent les initiateurs de la pétition. «Et pourtant, l’UE paye des milliers d’euros par an au gouvernement marocain pour permettre aux navires européens de pêcher dans les eaux du Sahara Occidental», ont-ils dénoncé. L’UE, indique-t-on de même source, «a l’obligation juridique et morale de cesser de corrompre le processus onusien de paix au Sahara Occidental, en respectant le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination sur son pays et ses ressources». De ce fait, les Sahraouis exigent «qu’aucune opération de pêche européenne ne soit plus menée au Sahara Occidental» jusqu’à ce qu’«une solution pacifique soit trouvée au conflit».
Le Sahara Occidental, faut-il le préciser, possède les eaux parmi les plus poissonneuses du monde avec de nombreuses espèces très recherchées, notamment pour ce qui est des crevettes, céphalopodes, thons, sardines et crustacés. Cette richesse halieutique, ajoute-t-on, continue encore de susciter la convoitise des armateurs européens. En 1999, l’accord UE-Maroc était le plus important, notamment avec des compensations financières s’élevant à 500 millions d’euros. Un autre accord de pêche a été conclu entre l’UE et le gouvernement marocain, en 2005. Ce dernier a été jugé cinq fois moins important que le précédent, avec seulement 137 licences de pêche au lieu de 629 et une compensation financière de 144 millions d’euros au lieu de 500. L’enjeu est grosso modo mais aussi profitable pour l’occupant marocain, car les contrats de pêche et de prospection signés avec différentes firmes internationales, dans divers domaines, à l’instar du pétrole, lui sert de moyen de pression pour entériner sa présence illégale au Sahara Occidental. Ces contrats, doit-on le souligner, servent également de moyens de pression sur les Etats membres de l’UE, en l’occurrence les plus influents, à l’instar de l’Espagne, et les amener à avoir une position plus conciliante.
Le Midi Libre, 21/8/2010
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