Jugé et condamné à 12 ans de prison par le tribunal de Nouakchott pour l’enlèvement en novembre dernier de trois Espagnols, Omar Sid Ahmed Ould Hamma, surnommé Omar Sahraoui, a été extradé au Mali, son pays d’origine.
Si cet acte s’insère dans le sens de la normalisation des relations entre Bamako et Nouakchott, il pourrait ouvrir la voie à la libération des deux derniers otages encore entre les mains du chef sanguinaire Abou Zeid. En effet, l’extradition par Nouakchott de «Omar le Sahraoui», Malien condamné pour l’enlèvement de trois Espagnols en 2009, dont deux sont toujours retenus par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) est perçue comme un geste qui pourrait aider à la libération des otages.
Mieux encore, certains observateurs et autres diplomates des deux pays (Mali et Mauritanie) le confirment. De son côté, l’émir national de l’organisation criminelle Al Qaïda au Maghreb islamique, Aqmi, en l’occurrence Droukdel alias Abou Mossaâb Abdelwadoud a qualifié cette extradition de une victoire pour l’Aqmi. «Le fait qu’Omar soit transféré au Mali est une victoire pour les moudjahiddine», affirme-t-il dans un communiqué d’Aqmi diffusé il y a trois jours sur un site Internet proche d’Al Qaïda.
«C’est très important», affirme au Mali une source proche du dossier des otages espagnols détenus dans le nord du Mali. La Mauritanie affirme avoir toujours fait preuve d’une grande fermeté à l’égard d’Aqmi et ses relations s’étaient considérablement tendues avec le Mali quand les autorités avaient jugé puis libéré quatre islamistes en février dernier. Acte que Nouakchott considérait comme une complaisance, en échange de la libération de l’otage français Pierre Camatte. S’il n’est pas un combattant, Omar Sid Ahmed Ould Hamma, surnommé «Omar le Sahraoui», est cependant lié à Aqmi : c’est pour son compte qu’il avait enlevé trois Espagnols (Alicia Gamez, 39 ans, Albert Vilalta, 35 ans, et Roque Pascual, 50 ans) en Mauritanie le 29 novembre 2009.
Alicia Gamez, seule femme du groupe, a été libérée en mars, mais ses deux compagnons restent aux mains d’un groupe d’Aqmi dirigé par le chef terroriste Mokhtar Belmokhtar, alias Belawar, qui avait payé «Le Sahraoui» pour les enlever. Et pour réussir ce plan, Omar Sahraoui a été équipé d’un arsenal de guerre très pointu. Avec des kalachnikovs et des FM/PK, ce dangereux terroriste, qui n’est pas un combattant, a bel et bien porté des armes lourdes, kidnappé des otages occidentaux et menacé leur vie.
Aujourd’hui, le Mali et la Mauritanie veulent blanchir le parcours de Omar Sahraoui, sa participation dans ce rapt et surtout son lien avec Al Qaïda. Tout cela, pour faire plaisir à l’Occident. Le Mali comme la Mauritanie ont plié sous les pressions des Européens. Mais tout cela à un prix, voire un intérêt de taille pour ces deux pays.
Omar Sahraoui, un bouclier humain pour le Mali et la Mauritanie
Moins d’une semaine après la confirmation en appel (le 11 août) de sa condamnation par le tribunal de Nouakchott à 12 ans de prison et de travaux forcés pour ces enlèvements en tant que «mercenaire» d’Aqmi, il est mis dans un avion pour Bamako.
Il n’était pas menotté pendant le voyage et a été récupéré par les forces maliennes de sécurité qui l’ont emmené vers une destination inconnue. Où va-t-il purger sa peine ? Ira-t-il en prison ? Fera-t-il des travaux forcés ? Sera-t-il en résidence surveillée ? Sera-t-il remis aux terroristes ? Servira-t-il de monnaie d’échange des deux otages espagnols ? Personne n’est en mesure de répondre à ces questions.
Au Mali comme en Mauritanie, aucune source n’a la possibilité de connaître l’avenir de Omar Sahraoui. Marié à une Malienne, «Omar le Sahraoui», 52 ans, est avant tout un commerçant, fin connaisseur de l’ensemble des pays de la région sahélienne qu’il avait l’habitude de parcourir de long en large et où il a su tisser des liens avec les diverses tribus qui la composent.
Mais ce qui est sûr, «son extradition répond à plusieurs exigences, dont la plus importante pour Aqmi est d’abord le rôle de guide expérimenté d’Omar dans ce grand désert, la chaîne de relations bâtie dans ces différentes contrées», affirme une source malienne.
L’importance que représentel’extradition de «Omar Sahraoui» pour Belmokhtar
Il peut ainsi montrer aux mercenaires et aux trafiquants qui travaillent avec lui qu’il leur assure protection et renforcer son audience parmi les tribus locales avec lesquelles il demeure très lié.
Par Sofiane Abi
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