Les otages espagnols d’un groupe terroriste d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) seraient toujours en vie, quelque neuf mois après leur enlèvement en Mauritanie, ont annoncé hier lundi plusieurs sources espagnoles. Selon l’ONG espagnole Barcelona Accio Solidaria, «les familles d’Albert Vilalta et de Roque Pascual, deux coopérants espagnols retenus depuis novembre par la branche maghrébine d’Al-Qaïda au Mali, ont reçu une preuve de vie des deux otages». «Nous savons que les familles ont pu voir une preuve de vie des otages», a affirmé le président de l’ONG, Francesc Osan, à la radio catalane RAC1. «La seule information que nous transmettent (les familles) est que les otages vont bien», ajoutant que les négociations pour leur libération «se poursuivent».
Le 29 novembre dernier, trois volontaires espagnols de cette ONG avaient été enlevés en Mauritanie avec la complicité d’un Malien qui devait être extradé dimanche vers Bamako, et en décembre Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) avait revendiqué cet enlèvement. Mais, au début du mois de mars, l’une des otages, Alicia Gamez, 39 ans, avait été libérée. Ses deux compagnons, Albert Vilalta, 35 ans, et Roque Pascual, 50 ans, sont quant à eux toujours retenus dans le nord du Mali, par vraisemblablement le groupe de Mokhtar Belmokhtar, qui a à son actif plusieurs rapts de ressortissants européens.
Pour autant, l’information selon laquelle les deux otages espagnols sont en vie ne semble pas réjouir leurs proches, ni les milieux qui suivent de près les négociations pour leur libération. Car des informations font état d’un bras de fer entre le groupe de Belmokhtar et celui d’Abou Zeïd pour que les deux Espagnols soient remis au groupe d’Abou Zeïd, qui a exécuté fin juillet un otage français, au nord du Mali, après une opération avortée de forces spéciales françaises pour sa libération. «Abou Zeïd fait tout actuellement pour mettre en danger la vie des deux otages espagnols», avait indiqué samedi un responsable du canal traditionnel malien qui mène les négociations en vue de la libération des otages dans le Sahel. «C’est une réaction contre le dernier raid franco-mauritanien», avait ajouté ce responsable, affirmant que «de jour en jour, les pressions se faisaient sentir».
Jusqu’à présent, le sort des deux otages espagnols suscitait moins d’inquiétude que celui du sort des otages exécutés (un Britannique et un Français) par le groupe d’Abou Zeïd, car les motivations de Belmokhtar sont essentiellement financières, et non pas religieuses, selon des experts européens. Le groupe d’Abou Zeïd avait revendiqué le 25 juillet l’exécution de l’otage français Michel Germaneau, 78 ans, après l’échec d’un raid militaire franco-mauritanien mené au Mali le 22 juillet pour tenter de le retrouver et au cours duquel sept terroristes d’Aqmi avaient été tués. Par ailleurs, le flou le plus complet tourne autour de la remise aux autorités maliennes de celui qui est présenté comme ayant été à l’origine du kidnapping des Espagnols en Mauritanie. Condamné pour avoir enlevé les trois humanitaires espagnols en Mauritanie et les avoir remis à Al-Qaïda, extradé dimanche par Nouakchott vers le Mali, il n’était toujours pas lundi aux mains des autorités maliennes, selon des sources judiciaire et sécuritaire. «Jusqu’à ce lundi, nous n’avons pas reçu Omar le Sahraoui des mains des autorités mauritaniennes. Nous ne confirmons donc pas l’information selon laquelle il est au Mali», a déclaré une source judiciaire malienne citée par l’AFP. »Non, nous ne confirmons pas. Omar n’est pas entre nos mains», a de son côté indiqué une source des services maliens de sécurité à la frontière entre le Mali et la Mauritanie.
Omar Sid’Ahmed Ould Hamma, surnommé «Omar le Sahraoui», «a été remis aux autorités maliennes dimanche matin, à la frontière, sur demande de son pays», avait pourtant indiqué dimanche une source judiciaire à Nouakchott. Il a été remis à la frontière sur une route qui mène vers Kayes (Mali) où il est arrivé par voie terrestre, précise une source judiciaire mauritanienne interrogée lundi. Un responsable mauritanien de la sécurité avait affirmé samedi que le Malien, condamné à 12 ans de prison ferme pour l’enlèvement des trois Espagnols, avait été extrait de sa prison de Nouakchott la veille. Agé de 52 ans, «Le Sahraoui» était accusé d’avoir agi comme «mercenaire» pour le compte d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) qui l’avait payé pour enlever les trois Espagnols sur la route reliant Nouakchott à Nouadhibou (nord).
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