MOUSSA SAMBA SY
Nouakchott | 17/08/2010
Condamné pour lenlèvement des trois humanitaires espagnols par la justice mauritanienne à 12 ans de travaux, Oumar Ould SidAhmed Ould Hamma, alias Oumar le Sahraoui, a été remis Samedi aux autorités maliennes. Le transfèrement dOumar qui purgeait sa peine à la prison centrale de Nouakchott intervient à un moment où lon parle de plus en plus dune vaste manSuvre diplomatico-sécuritaire devant aboutir à la libération des deux ressortissants espagnols encore détenus par Al Qaida au Maghreb Islamique (Aqmi).
Bien que ne faisant pas partie des éléments dAqmi, Oumar Sahraoui est accusé par le mauritaniens dêtre la cheville ouvrière du rapt des espagnols quia eu lieu en Novembre dernier sur la route Nouadhibou Nouakchott agissant ainsi comme sous traitant daqmi.
Lon sait à présent que les deux espagnols sont détenus par une branche dénommée Katibat Al Moulathamine et dont lémir nest autre Moktar Bel Moktar alias Belaouar alias Khaled Abu Al Abass. Celui-ci est connu pour être plus versé dans le « business » que le Jihad pur et dur. Grâce à lentremise de gens comme Oumar Sahraoui cette branche daqmi a pu étendre son contrôle les trafics très lucratifs qui se font dans cette zone du septentrion malien. Trafic de cigarette américaines, trafic de drogue, trafic de migrants illégaux et rapt de ressortissants de pays riches tout est bon pour remplir les caisses de lorganisation.
Oumar sahraoui qui nest pas un membre dAqmi mais qui entretiendrait des relations étroites avec cet émir pourrait être lhabillage officiel de léchange en préparation et dans lequel tous les pays concernés sont gagnants. Premier gagnant le gouvernement Zapatero qui recevrait la libération de ses deux compatriotes comme une vraie bouffée doxygène au milieu de la crise économique aigue que traverse lEspagne, deuxième gagnant le Mali dont la libération il y a quelques mois de quatre combattants dAqmi avait été violemment critiquée par ses voisins dont la Mauritanie et qui voient ce pays en particulier se plier finalement à sa stratégie, troisième gagnant la Mauritanie sans se dédire c’est-à-dire sans négocier directement avec les terroristes elle conserve de bonnes relations avec lEspagne à laquelle elle est liée par de nombreux accords et enfin le groupe de Mokhtar bel moktar reçoit un pactole financier conséquent qui lui permet de mieux asseoir son emprise sur la région et surtout de marquer un point face à son rival et ennemi irréductible Abou Zeid chef de la branche rivale dAqmi.
On sait quOumar Sahraoui est surtout un négociant associé à la tribu Lemhar au sein de laquelle il vit dans lAzawad malien et qui est lun des principaux fournisseurs dAqmi. Cest dailleurs dans un campement de cette tribu quil se fera enlever il y a quelques mois par un commando des forces spéciales mauritaniennes. Donc si le gouvernement espagnol va verser une rançon cela ne pourrait se faire quentouré du plus grand secret et Oumar serait un excellent habillage officiel.
On sait que les pays de la région et notamment lAlgérie sopposent farouchement à tout paiement de rançon qui est assimilé selon eux à un financement indirect des actes de terrorisme. De son coté le gouvernement mauritanien est dans une position inconfortable. Dun coté il ne veut pas tomber dans le travers pour lequel il a critiqué le gouvernement malien et dautres parts il veut tout faire pour obtenir la libération des ressortissant dun pays ami et qui plus est ont été enlevés sur son territoire.
Le montage trouvé est que la Mauritanie remette Oumar sahraoui au pays dont il est ressortissant c’est-à-dire le Mali qui entre en jeu avec Madrid afin dobtenir la libération des otages officiellement contre lui mais en fait contre paiement dune rançon significative. Ainsi avec ce scénario à lemporte pièce, la face serait sauvée aussi bien pour les espagnols que pour les mauritaniens. Il faut rappeler quOumar Sahraoui âgé de 52 ans a vu sa peine de douze ans de réclusion criminelle confirmée en appel, le 11 août dernier par la Cour dappel de Nouakchott.
Il faut aussi rappeler que cette extradition intervient quelques jours, après quune délégation mauritanienne conduite par le ministre de la Justice, Abidine Ould El Kheir, ait effectué une visite à Bamako, visite au cours de laquelle la délégation a été reçue par le président malien, Amadou Toumani Touré. On imagine aisément que les discussions ont tourné autour des détails de lopération en cours.
Guinguinbali, 17/8/2010
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