L'Espagne paye pour l'Europe

Lors de son accès au pouvoir en Espagne, le président Zapatero avait présenté le slogan de « l’alliance de civilisations » comme la potion magique qui allait en finir à jamais avec les problèmes créés par le voisin du sud, le Maroc. Et surtout éviter que l’incident de l’île du Persil (2002) se répète. Il était sincère et il était loin d’imaginer la suite.
Aujourd’hui, ses gestions n’ont abouti à rien et il a dû solliciter l’intervention du roi d’Espagne, le plus gros calibre dont dispose le pays sans que cela n’apaise la situation dans la frontière de Melilla. Le roi Juan Carlos qui, hier encore, appelait Mohamed VI « mon frère » n’a rien tiré de son coup de fil au souverain marocain. Pire encore, personne ne sait les véritables raisons qui se trouvent derrière cette effervescence provoquée juste au début du mois de Ramadhan, une date significative pour les musulmans.
Certes, l’Espagne est liée au Maroc par différents motifs, mais d’autres les séparent. Le premier est que la société espagnole est démocratique, cimentée sur l’empire de la loi, et il reste au Maroc beaucoup de chemin pour pouvoir dire la même chose. Lorsque le roi Mohamed VI prend une décision, il ne doit rendre compte à personne, ce qui complique les équivalences avec la capacité de manœuvre d’un gouvernement démocratique et un monarque sans prérogatives exécutives. Ce type de situations serait impensable s’il s’agissait d’un pays démocratique, mais le gouvernement espagnol réagit comme s’il ignorait cette réalité, alors que le régime marocain garde bien clairs ses objectifs et ses intérêts et n’abandonne pas ni allège ses pressions.
Hier c’était les pateras, les drogues et la crainte du terrorisme, aujourd’hui Rabat change de méthode pour faire pression sur le gouvernement espagnol. Mais le plus triste de cette histoire est que le génie de « l’alliance de civilisations » doit payer pour un crime qu’il n’a pas commis. Dans toute cette histoire ce n’est pas l’Espagne qui est visée, mais l’UE qui risque de ne pas renouveler avec le Maroc l’accord de pêche qui expire en 2011. La Commissaire Européenne aux Affaires Maritimes et à la Pêche, Maria Damanaki, attend toujours des autorités marocaines des preuves démontrant que le peuple du Sahara Occidental bénéficie de l’argent rapporté par cet accord.

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