L'auteur du rapt de Germaneau identifié

Alors que le GSPC confirme de nouveau ses contacts avec la France
L’auteur du rapt de Germaneau identifié
Par Wassim Benrabah
Décidément, la situation continue d’aller de rebondissements en rebondissements dans le très épineux dossier du terrorisme au Sahel. Des sites, réputés proches de la mouvance islamiste, viennent en effet de livrer une nouvelle sortie d’Abdelmalek Droudkal, alias Abou Mossaâb Abdelouadoud, émir national du GSPC, dans laquelle il ouvre une polémique frontale avec la France, en maintenant mordicus que des négociations, à un stade avancé, étaient entamées avec Paris lorsque celle-ci, avec l’aide de troupes mauritaniennes, avait décidé de mener un raid au Mali, scellant de facto la mort de son otage, Michel Germaneau. Cette seconde sortie vient ainsi confirmer que la France, depuis le début, avait décidé de sacrifier son otage, dans le but manifeste de justifier une intervention militaire directe dans la zone sahélo saharienne d’une part, et de tenter de détourner l’attention de l’opinion hexagonale des scandales financiers venus éclabousser le clan présidentiel et faire chanceler Nicolas Sarkozy sur son trône.
Mais, parce qu’elle a été lâchée dans sa démarche par les Américains, qui gardent une très amère expérience de leurs expéditions punitives en Irak et en Afghanistan, et parce que rien de concret ne saurait être mené sans l’Algérie et les tribus touaregs, toujours en conflit avec Bamako à cause de la non application du fameux accord d’Alger, la France tente une sorte de repli stratégique. Mais la manœuvre paraît d’autant plus ardue que le mal a déjà été fait. Pour qui se souvient de quelle manière la méthode  » dialoguiste  » avait été choisie pour sauver la vie d’un autre otage français, l’espion Pierre Camatte en l’occurrence, il ne s’agit pas de sortir d’une grande école pour se rendre compte que la France a cherché à manœuvrer dans cette région hautement sensible, avant de s’y casser les dents. Camatte, détenu par le même terroriste, Abou Zeïd en l’occurrence, avait été libéré au mois d’avril passé contre le paiement d’une rançon, ainsi que l’élargissement par le Mali de quatre dangereux criminels, deux Algériens, un Mauritanien et un Burkinabé.
Des réseaux européens, pour financer le GSPC
Cela avait déclenché le courroux d’Alger et de Nouakchott, qui avaient tous deux rappelé leurs ambassadeurs respectifs à Bamako, pour  » consultation « . Paris, de l’avis même du GSPC, aurait donc pu en faire autant dans le cas Germaneau, si elle n’avait pas cherché depuis le début à en faire une sorte de  » Cheval de Troie  » passif. Cela paraît d’autant plus plausible, au reste, que des échos, nous parvenant de sources proches des tribus locales, indiquent que des pressions étaient exercées par les notables sur les terroristes, afin qu’ils libèrent cet otage, dont l’âge très avancé et l’état de santé pitoyable ne permettaient pas son maintien en captivité dans des conditions aussi extrêmes. Même la presse française, pas si dupe que cela, s’est demandé pourquoi les terroristes se seraient donné autant de mal pour maintenir en vie un otage, quasi agonisant, pendant plusieurs mois s’ils n’espéraient pas en faire une monnaie d’échange avec la France et, accessoirement, le Mali et la Mauritanie.
Mais depuis que la France a décidé qu’elle s’engageait sur des sables mouvants et que le Sahel pouvait être sa seconde  » Indochine « , la situation ne s’est pas améliorée pour autant. L’intervention musclée et directe de la France dans la région semble, au contraire, rapprocher les tribus locales des terroristes et autres contrebandiers et trafiquants d’armes, qui écument ces régions arides et inhospitalières. On apprend ainsi en exclusivité, de sources sûres et bien informées, que l’otage français, qu’accompagnait un guide algérien au moment de son enlèvement au Niger, l’aurait été par le touareg, Amar Ag Amenokal et son adjoint Abdelkrim.
Du double usage de l’immigration clandestine
Ces derniers l’auraient, par la suite, rétrocédé au sanguinaire, Abou Zeïd. Les mêmes sources ajoutent que ces touaregs, considérés comme  » renégats  » par les leurs, joueraient le rôle de  » factotum  » du GSPC. Ils seraient ainsi à l’origine des contacts permanents existant entre Abou Zeïd, l’émir de cette zone, et son principal lieutenant, Abou Amar, de son vrai nom Yahia Djouadi. Les mêmes sources ajoutent que les terroristes, aujourd’hui, financent leurs actions à l’aide de leurs relais basés en Europe, qui leur envoient différents produits destinés à être revendus au Niger, au Mali, en Mauritanie et même au Birkina-Faso, pour l’achat d’armements, de munitions et d’explosifs, ainsi que le recrutement de mercenaires.
Seul point positif au tableau, nos sources estiment que les deux derniers otages encore aux mains des terroristes, deux humanistes espagnols, ont une chance de s’en sortir, aussi bien parce que le royaume ibérique gère le dossier avec plus de  » diplomatie  » et de doigté que le  » va-t-en-guerre  » français, que parce que des démarches locales, menées aussi bien par les notables, que par Mokhtar Belmokhtar, alias Belaâouar, en trêve depuis plusieurs années, seraient entreprises dans ce sens.
Enfin, une information sur laquelle nous reviendrons avec plus de détails dans une prochaine édition : le GSPC aurait également mis en place une puissante et très efficace filière d’émigration clandestine. Celle-ci lui servirait pour un double usage au moins. D’abord, elle lui permet de financer ses activités subversives et criminelles, d’une part, et de l’autre, elle lui aurait servi à installer discrètement en Europe plusieurs réseaux dormants, prêts à passer à l’action lorsque le moment sera venu…

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