L'Edito de Aïssa Khelladi : Le temps davoir raison

Le roi du Maroc sen prend à nouveau à lAlgérie. Il est dans son rôle : qui mieux que le voisin algérien pour servir dennemi, de menace extérieure contre son intégrité territoriale, dexutoire pour un peuple censé vivre au paradis dun pays émergent mais dont le PIB continue à être le plus faible du Maghreb ? Alger nentend apparemment pas répondre à cette énième agression verbale. A quoi bon, en effet, cautionner un ton belliqueux par un autre ton belliqueux ? Se défendre dune accusation au risque de la justifier ? Le soutien de lAlgérie pour un référendum au Sahara occidental nest pas un secret, mais une position officielle et pleinement assumée. Pour autant, les rapports entre les deux pays peuvent et doivent sépanouir malgré cette grande divergence. Cest le sens même du message envoyé par Bouteflika à Mohammed VI, à loccasion de la fête du trône. Le président algérien sengage à Suvrer au rapprochement, le roi réclame le reniement et ne conçoit de rapprochement que dans lalignement à ses thèses. Cette intransigeance lui sert naturellement pour continuer à gouverner son peuple par la peur dun voisin diabolisé à lextrême. La publication par lorgane marocain Tel Quel, et repris par un journal algérien, dun document de wikileaks transcrivant un entretien qui a eu lieu en 1975 entre Bouteflika, alors ministre des Affaires étrangères, et son homologue américain Kissinger, est censée nourrir cette diabolisation, en faisant de la question sahraouie une obsession de nos dirigeants. Ainsi, la défense dun principe anticolonial, en droite ligne de lhistoire algérienne elle-même, est transformée en fantasme par des gouvernants sans scrupules, qui nont de principe que labsence de tout principe. Mais tout cela naurait pas grande importance pour lAlgérie, car le Maroc nest une préoccupation politique que par son voisinage géographique. Nous sommes condamnés à supporter leurs dirigeants de ce fait. Plus inquiétants sont ceux qui veulent profiter de cette situation, en lalimentant sans cesse, pour espérer ramener lAlgérie dans leur giron. A cet égard, lannexion du Sahara occidental ne fut pas une décision marocaine, mais une décision qui utilise le Maroc et qui vise lAlgérie. Cest une carte entre les mains de ceux qui veulent exercer influence et domination dans la région. Il est inutile de vouloir régler le problème du Sahara par le recours aux bons sentiments et à la légalité internationale. Ce nest pas pour rien que le problème dure depuis presque quarante ans. Mais la défense des principes finit toujours par triompher. En continuant à défendre le droit des Sahraouis à disposer deux-mêmes, lAlgérie défend une cause juste et le temps lui donnera raison.
Les Débats, 2/8/2010 

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