Analyse macro économique comparée : Algérie, Maroc, Tunisie

L’essai s’est avéré bon pour le moral. Bien évidemment, nous ne devons pas réduire l’analyse des économies observées à ces quelque statistiques, ni y voir une sorte de satisfecit accordé à la gouvernance économique du pays. Beaucoup reste à faire et tous les algériens en sont convaincus. Mais ces données méritaient d’être réunies car elles peuvent contribuer à une plus juste appréciation de ce qui « se passe chez nous » dans le domaine économique.
Nous nous sommes intéressés en premier lieu aux niveaux des richesses nationales des trois pays mesurés par le PIB. En dollars courants, la banque mondiale évalue pour l’année 2008 les PIB de chacun des pays, selon le tableau qui suit:
L’économie algérienne est la plus riche, c’est un fait.
Nous avons par la suite construit un tableau qui retrace le solde du compte courant et le solde budgétaire (moyenne des quatre années 2005/2008.

Financièrement, l’économie algérienne est la mieux lotie aussi bien du point de vue du solde extérieur que de la position budgétaire. C’est un autre fait.
Les moteurs de la croissance économique
Dans chacune des trois économies, la croissance économique est tirée par la consommation et l’investissement essentiellement et beaucoup moins par la productivité globale des facteurs qui reste faible dans les trois économies. Mais les trois économies présentent des différences intéressantes à relever quant à la place de la consommation de l’investissement dans cette croissance économique.

Sur la période 2005-2008, la croissance économique en Algérie a été tirée plus par l’investissement que par la consommation tant privée que publique. Les algériens investissent plus qu’ils ne consomment. Ils prépareraient donc mieux l’avenir que leurs deux voisins Maroc et Tunisie. Mais dans le même temps…. « Il ne faut pas trop tirer sur la corde ».
La consommation privée en Algérie semble la plus faible de la région mesurée par sa contribution à la croissance du PIB. L’Algérie sort pourtant, d’une décennie dramatique sur tous les plans et les algériens ont besoin d’améliorer leur niveau de consommation. Quand on sait en plus que la loi de finances complémentaire 2009 supprime les crédits à la consommation…?!
Le Maroc a fait des efforts d’investissement appréciables compte tenu du niveau de ses ressources. La croissance économique en Tunisie par contre, semble être plus le fait de la consommation des ménages, probablement celle des couches moyennes alimentée par les revenus des salariés des secteurs exportateurs largement dominés par les IDE (à 100% ou en partenariat). Ces observations sont confirmées par d’autres données chiffrées que fournit la banque mondiale et notamment celles relatives à la consommation et à l’investissement dans chacun des pays, mesurés par leurs parts respectives du PIB.

Rapportée au PIB, la consommation privée est la plus faible en Algérie et la plus élevée en Tunisie. Le Maroc semble mieux équilibrer consommation et investissement même si ici,en termes absolus, les niveaux de ces deux agrégats sont bien plus faibles qu’en Algérie.
Dans le domaine de l’investissement, les efforts de l’Algérie sont incontestables : 26,9% PIB en investissements nets et investissements de remplacements (amortissements) mais il faut surtout souligner les 5,9 % PIB en stocks, c’est-à-dire tous ces biens autres que le capital fixe et qui sont détenus par les unités de production. Cette rubrique (variation des stocks) inclue aussi les travaux en cours. Bien évidemment, on retrouve ici les efforts consentis dans le cadre des Plans de relance pour l’équipement du pays.
S’agissant du volet commerce extérieur, aussi paradoxal que cela puisse paraître, les importations de l’Algérie mesurées en termes de PIB sont les plus faibles de la région et les exportations moins élevées que celles de la Tunisie (encore une fois mesurée en termes de PIB, c’est-à-dire rapportées aux richesses de la Nation .

Bien évidemment, en valeur absolue,les importations de l’Algérie sont nettement plus importantes que celles de chacun des deux voisins mais rapportées aux richesses de chacune des nations, l’Algérie est le pays qui consacre le moins de ressources aux importations. S’agissant des exportations, nous savons que nous exportons des hydrocarbures quasi exclusivement au moment où le Maroc mais surtout la Tunisie exportent des produits manufacturés (mais usinés en bout de chaîne).
Que retenir ?
Comparée à la situation économique du Maroc et de la Tunisie,celle de l’Algérie apparaît ,si l’on en croit les chiffres de la Banque mondiale, plus « consistante ».
L’Algérie consacre plus de ressources que ses voisins à l’investissement et l’investisseur principal ici est l’Etat contrairement à la Tunisie et au Maroc où l’investissement privé, national mais aussi étranger, constitue l’essentiel de l’accumulation. Il est important que l’investissement privé en Algérie « bouge » plus qu’il ne le fait actuellement, mais il est à souligner aussi que la rente pétrolière est en bonne partie investie en Algérie même si le taux d’épargne reste excessivement élevé (52%) et qu’une partie de cette épargne devrait être consacrée à préparer les conditions qui aident et soutiennent l’investissement privé et à financer les nécessaires réformes dont à besoin l’économie pour engager l’ère de l’après pétrole.
S’agissant des équilibres financiers, l’économie algérienne est là aussi en meilleure situation que ses voisins ; c’est une économie désendettée, disposant de réserves importantes et d’un potentiel d’attrait des IDE intéressant que développent actuellement les importants plans d’équipement du pays. L’Algérie dispose aussi d’un fonds de régulation des recettes qui lui garantit une importante marge de manœuvre financière. Mais ces comparaisons étant faites, il faut insister sur les défis auxquels continue de faire face notre pays et dont le plus sérieux est celui de la gestion des recettes des hydrocarbures qui doivent être consacrées à un seul objectif: réduire la vulnérabilité de l’économie nationale en la diversifiant. Le choix des secteurs à développer reste, dans le cas de l’Algérie, un exercice complexe qui mérite une très grande attention.
Le second défi est bien sûr celui du chômage des jeunes. Les solutions d’attente actuellement mises en œuvre relèvent quoique puissent en dire leurs promoteurs d’un traitement social de ce fléau et la réflexion dans ce domaine est très en retard.
Le troisième défi est celui de la bataille des exportations hors hydrocarbures,domaine dans lequel nous en sommes encore à la litanie.
Par Abdelmadjid Bouzidi
Source : El Djazair.com

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