33e anniversaire de la disparition du Président Houari Boumediène : Un révolutionnaire, et un homme d’Etat
Recueillement, souvenir, évocation de l’itinéraire exceptionnel d’un révolutionnaire et homme d’Etat qui a marqué de sa personnalité et de son engagement pour la cause des opprimés la décennie 1970. C’est tout cela qui a caractérisé, jeudi dernier, la commémoration au Centre de presse d’El Moudjahid, du 30e anniversaire de la disparition du défunt Président de la République, Houari Boumediène. Cette commémoration a été mise sur pied par l’association Machaâl Chahid en coordination avec El Moudjahid. La manifestation a été rehaussée par la présence de la veuve du défunt, Mme Anissa Boumediène, par l’ambassadeur du Niger et des représentants du corps diplomatique, par la présence de personnalités nationales, des moudjahidine et la presse. M. Djelloul Melaïka, ancien vice-président de l’APN, et Abderrezak Bouhara, ancien ministre, sont intervenus au cours de cette rencontre qui a vu aussi Mme Anissa Boumediène évoquer la mémoire du défunt Président en défendant le bilan de l’action de celui-ci.
M. Djelloul Melaïka et Abderrezak Bouhara ont été les compagnons du Président Boumediène. M. Bouhara a cité Jean Lacouture, écrivain et journaliste bien connu, qui notait que 1962 a constitué l’acte de naissance d’un nouvel Etat et l’acte de décès de l’empire colonial français.
M. Djelloul Melaïka a présenté le défunt Président comme un homme qui avait une profonde conviction sur le bien-fondé et la légitimité du principe du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Mme Anissa Boumediène a rappelé le combat du défunt Président pour l’édification d’un Etat fort et moderne, la construction d’une économie indépendante.
Tous trois ont patiemment évoqué combien l’homme d’Etat a marqué sa décennie dans son propre pays, mais aussi à l’extérieur de celui-ci et notamment dans le milieu si influent à l’époque constituée par les pays du tiers-monde. L’action du défunt Chef d’Etat a été souligné en tant que promoteur d’une action interrompue en faveur de la paix et de la coopération internationale, d’un engagement en faveur de toutes les causes justes et de la liberté des peuples.
Cette position défendue âprement par le Président Boumediène rejoignait, selon les commentateurs de l’époque, les aspirations de la plus grande partie de l’humanité, dont l’évolution normale a été arrêtée par la main-mise coloniale et son expansion.
Tous ces principes ont été aussi présents dans les interventions des deux anciens compagnons du défunt, témoins privilégiés d’une époque où sonnait la libération des chaînes du colonialisme et de l’impérialisme, imposé aux peuples par les multinationales et leur volonté d’exploiter des richesses dont regorgaient les pays du tiers-monde. La politique étrangère de l’époque, dirigée par l’actuel Président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, trouvait une expression sans réserve dans l’adhésion de notre pays aux principes du non-alignement et sa capacité à défendre la paix et la sécurité dans le monde. L’Algérie a été d’une grande influence à travers sa diplomatie dans le soutien des mouvements de libération nationale ou de réponse aux dictatures qui maintenaient sous leur étau les peuples d’Afrique, d’Asie ou d’Amérique latine. Dans le cadre des Nations-unies, l’OUA (aujourd’hui Union africaine) au sein de la Ligue arabe, comme du Mouvement des non-alignés, l’Algérie à travers sa diplomatie a été très active dans la défense des intérêts des opprimés. Alger était appelée à l’époque la «Mecque des mouvements de libération», en référence à l’accueil sur le sol algérien des représentants de mouvements de libération nationale à travers le monde, où de réfugiés politiques fuyant la dictature dans leurs pays respectifs.
Justice et liberté des peuples étaient les actions fortes que défendait l’Algérie à travers toutes les tribunes internationales.
L’Algérie sous la présidence Boumediène était aussi, comme l’ont rappelé les trois intervenants, celle qui a très tôt revendiqué pour le compte de la communauté internationale un nouvel ordre économique mondial. Alger a été l’inspiratrice de la conférence internationale tenue sous l’égide des Nations unies sur la nécessité d’un nouvel ordre économique international, étendu au social en 1974 et qui a vu l’intervention historique du Président Boumediène à travers un discours retenu comme document de travail.
Jeudi dernier, la Palestine et le Sahara occidental ont été au cœur des préoccupations. Les représentants de ces pays sont intervenus à la tribune pour rappeler combien l’engagement de l’Algérie était grand pour l’émancipation de ces peuples. «Nous sommes avec la Palestine, accusée ou accusatrice», cette réplique du défunt Président Boumediène en évoquant la lutte du peuple palestinien et pour marquer l’engagement de l’Algérie aux côtés de celui-ci, a été rappelée à l’assistance non sans une grande émotion dans le propos. A l’égard de la cause du Sahara occidental, même engagement et même détermination faisant référence au principe sacro-saint de la libre auto-détermination des peuples que défend depuis toujours l’Algérie.
L’évocation de ces deux causes sacrées par les représentants palestinien et saharoui a permis à ces derniers de rappeler la fidélité de la diplomatie algérienne, jusqu’à nos jours, à ce principe fondateur de la lutte de libération des peuples.
La manifestation a été clôturée par la remise par le directeur général d’El Moudjahid, M. Abdelmadjid Cherbal, d’une plaque commémorative à la veuve du défunt Président Houari Boumediène.
La manifestation avait démarré par la projection d’un court métrage éclairé par des extraits du discours prononcé par le défunt Président Boumediène, lors de la tenue de la conférence des non-alignés d’Alger en 1973.
Tahar Mohamed Al Anouar
L’autodétermination des peuples, un principe sacré chez le défunt Président Boumediène
Le soutien constant et « sans réserve » apporté par le défunt Président Houari Boumediène à l’autodétermination des peuples en lutte pour le recouvrement de leur liberté avait fait qu’Alger était qualifiée de « la Mecque des révolutionnaires », ont souligné jeudi d’anciens proches de Boumediene.
Lors d’une conférence sur le thème « Boumediene et l’autodétermination des peuples », organisée au centre de presse d’El-Moudjahid, par l’association Machaâl Chahid, l’ancien haut responsable du FLN, M. Djelloul Melaïka, a apporté une somme de témoignages sur le soutien « sans réserve » apporté par Boumediene aux mouvements de libération à travers le monde.
« La défense des causes justes des peuples en lutte pour leur autodétermination et leur indépendance, notamment en Afrique, qui était un principe sacré du président Boumediene, avait fait dire à l’ancien militant indépendantiste bissau-guinéen, feu Amical Cabral, que « si les musulmans font leur prière dans les Lieux saints, les chrétiens au Vatican, les révolutions la font en Algérie ».
D’où le qualificatif « Alger, Mecque des révolutionnaires », donnée par Cabral dans les années 1960, alors en déplacement en Algérie, a expliqué M. Melaïka.
Il a, d’autre part, évoqué des faits relatifs à l’engagement du président Boumediene pour les causes des peuples colonisés, surtout en Afrique, en citant le cas du Mozambique, de la Guinée-Bissau, du Cap vert, alors sous-occupation portugaise, rappelant que Boumediene avait refusé de nouer des relations diplomatiques avec le Portugal du dictateur Salazar.
Le soutien aux militants anti-Apartheid avait conduit Boumediene, selon M. Melaïka, à recevoir Nelson Mandela et ses compagnons à la frontière algéro-marocaine avant l’indépendance de l’Algérie, ce qui avait été la cause de l’arrestation du leader de l’ANC à son retour en Afrique du Sud. « Non seulement, Boumediene soutenait les mouvements de libération dans le continent noir, le monde arabe et l’Amérique latine, mais il accueillait les leaders indépendantistes, en Algérie, où ils étaient formés politiquement et militairement », a-t-il ajouté.
S’agissant de la lutte du peuple palestinien, le président Boumediene avait laissé sa fameuses expression, « l’Algérie est avec la Palestine à tort ou à raison », a-t-il encore rappelé.
Boumediene a également fait du soutien à l’indépendance du peuple sahraoui sous domination marocaine, un principe puisé de l’expérience de l’Algérie en tant qu’ancien pays colonisé, a dit M. Melaïka, ajoutant qu’il a même convaincu le général Franco de reconnaître que la question sahraouie est un problème de décolonisation.
Sur le même sujet, M. Abderrazak Bouhara, vice-président du Conseil de la nation, a apporté son témoignage notamment sur le cas du Vietnam, où il était ambassadeur, en soulignant que Boumediene soutenait « sans réserve » la lutte du peuple vietnamien pour son indépendance dans les années 1960 et 1970.
« La position de l’Algérie vis-à-vis de la lutte du peuple vietnamien avait amené les leaders vietnamiens à demander à Boumediene de nouer des relations diplomatiques avec les Viet-minhs formant le gouvernement du Laos pour, selon eux, aider la cause du Vietnam, en étant en contact avec les ambassades occidentales sur place », a-t-il dit.
M. Bouhara a expliqué que la défense du droit des peuples colonisés à l’autodétermination a été héritée par Boumediene du mouvement national, mais aussi de sa formation politique en Egypte auprès des étudiants qui militaient pour l’indépendance des pays du Maghreb. L’engagement de Boumediene aux côtés des causes justes de par le monde a été également réaffirmé par les représentants de l’Autorité palestinienne et du Front Polisario, qui ont souligné l’aide apportée par l’Algérie à ces causes encore aujourd’hui, sans issue.
Mme Anissa Boumediene, l’épouse du défunt, a quant à elle a affirmé que le président était « pragmatique » dans ses positions de soutien aux peuples en lutte pour leur liberté, « privilégiant les faits aux paroles ».
Mme Boumediene a appelé, à cette occasion, les anciens collaborateurs ayant côtoyé le Président défunt de transmettre aux générations actuelles et à venir leurs témoignages. (APS)
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