L’intégration maghrébine n’arrive toujours pas à avoir sa rampe de lancement, le problème du Sahara Occidental divise toujours le Maroc et l’Algérie. La Mauritanie, elle, a opté, depuis son retrait de ce territoire en 1979, pour une politique de « neutralité ». Elle a reconnu la République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD) et continue d’entretenir de très bons rapports avec le Maroc.
Le Sahara et nous
Dès 1957, et alors qu’elle était encore sous la colonisation, la Mauritanie se faisait inoculer son premier virus porteur de la tentation hégémonique.
Parce qu’ils parlent la même langue que nous, parce qu’ils ont eu une histoire commune avec nous…Mokhtar Ould Daddah a décidé d’imposer aux Sahraouis une destinée identique à la nôtre.
Imaginez seulement qu’au lendemain de la libération de 1945, la France ait émis le désir d’annexer les tranches francophones de la Belgique ou de la Suisse. Le prétexte daddahien est d’ordre colonial.
S’en suivit une longue histoire qui aboutit, en 1975, aux accords de Madrid. La Mauritanie et le Maroc revendiquaient, chacun, tout le Sahara.
Qu’à cela ne tienne! Chacun va accepter une ablation patriotique et le morceau sera divisé en deux: le Sahara utile pour le Maroc et le désert inutile pour la Mauritanie.
Evidemment, les guérilleros sahraouis, hier braqués contre la puissance espagnole se tournèrent en direction des nouveaux colons. Pendant presque trois ans, la Mauritanie allait livrer une guerre sans merci dont elle assumait tous les désastres au profit du Grand Maroc. Le 10 juillet 1978, l’impasse accouche d’un coup d’état militaire. Promesse fut prise d’arrêter la guerre. 1979, un accord de paix et de désengagement du territoire est signé à Alger avec le Front Polisario.
La Mauritanie se retire, le Maroc occupe les positions désertées.
Neutralité, quelle neutralité ?!
Commence alors la phase dite de neutralité. Cette position hybride et délicate est contestable à la fois sur le plan des principes et de mise en oeuvre.
L’idée de neutralité est d’abord fondamentalement injuste et cohérente.
Au lendemain de notre sortie du conflit, nous avions bien une idée de qui est l’agresseur et qui est agressé.
Etre neutre en pareilles circonstances c’est tomber sous le coup de la non-assistance à peuple en danger. Il n’existe pas de droit à la lâcheté mais seulement un devoir de solidarité avec des hommes et des femmes engagés dans l’épreuve d’une lutte de libération nationale. Détruisons tout de suite une vieille idée fausse mais tenace: la colonisation ne signifierait que la domination d’un peuple européen sur des contrées culturellement différentes. Non, la colonisation c’est tout simplement l’asservissement militaire, administratif, politique d’une population par une autre. En ce début de siècle, où les empires éclatent, on ne peut être neutre devant pareilles circonstances.
Enfin, telle que pratiquée, la neutralité est toujours vécue sous deux formes contradictoires, mais toujours désavantageuses pour nous.
Ou nous nous tenons à égale distance des deux camps et dans ce cas, nous nous les aliénons tous les deux et nous nous mettons hors-jeu de toute perspective de règlement d’une situation qui nous concerne au premier chef.
Ou alors, sous les paravents de la neutralité, nous soutenons un camp contre un autre et il s’en apercevra immanquablement. La duplicité est ici une attitude impossible à gérer.
Acte de lâcheté sur le plan des principes, jeu de trapèze impraticable dans la réalité…la neutralité vis-à-vis du conflit saharien est un non sens, un de ces consensus du mensonge et de la couardise dont raffole l’élite politique mauritanienne.
Abou Ahmed
Source : Mauritanie24
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