N’autre vision : Si tu vas à Marrakech…

Delon ne connaît apparemment pas grand-chose au drame du peuple sahraoui auquel la France, son pays, n’est pas étrangère.
Par M. Z. (mohamed_zaaf@yahoo.fr)
Alain Delon, cet acteur du cinéma français que les Américains avaient jadis enrôlé pour une séquence de… striptease, se plaît aujourd’hui à perpétuer dans la région cet humanisme à la sauce tricolore si difficile à retrouver ailleurs. Dans une déclaration faite à la presse le jour du Sabbat à Marrakech et rapportée hier par la MAP, le vieux a’jajbi, comme diraient les Marocains, a jugé «impératif de libérer les Marocains [prisonniers des Algériens à Tindouf]». De trois choses l’une, ou bien la MAP a comme à son habitude arrangé à sa façon les propos du vieillard, ou bien il ignore complètement la réalité du terrain et dit n’importe quoi, ou bien il travestit délibérément cette réalité et, là, ça aurait pu être gênant si les propos ne sortaient pas de l’orifice d’un personnage qui a chez nous la glorieuse réputation d’un authentique demi-sel. Delon a raté la caravane pro-autonomie parce que, explique-t-il, il n’a pu la rejoindre à cause d’un malaise à l’aéroport de Bruxelles. Delon ne connaît apparemment pas grand-chose au drame du peuple sahraoui auquel la France, son pays, n’est pas étrangère. Il est fort possible qu’il ne sache pas qu’au Sahara occidental, les forces coloniales marocaines violent les droits de l’homme, qu’elles y répriment copieusement les populations autochtones en intifada depuis mai 2005. Mais s’il ne le sait pas, pourquoi ne consulte-t-il pas son Sid, M. Javier Barden, acteur de profession comme lui mais avec un cœur et une vision différentes ? Heureusement ! Barden, lui, n’a pas voulu succomber au charme professionnel du makhzen et des générosités qu’on dispense à Marrakech. Barden, lui, compatit avec les populations sahraouies qu’il est allé voir dans les camps de refugiés de la Hamada à Tindouf. Lui n’a pas été tenté ni par les bienfaits de Marrakech ni par les riches terres de Dakhla, l’occupée. Lui a été, à ses frais, vivre les dures conditions des refugiés que la propagande marocaine qualifie dans sa bassesse de séquestrés et que Delon véhicule et accrédite, semble-t-il, en toute mauvaise foi. Et peut-on espérer se corriger lorsqu’on ne se rend pas compte qu’on se trouve au seuil de la tombe ? 

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