La position peu honorable de la France La France bloque le processus de paix au Sahara Occidental

Par N. Z.
« La France s’est fait l’avocate de l’occupant marocain au Conseil de sécurité. » La sentence est lâchée par le président de la République arabe sahraouie démocratique (RSAD), le 2 mai dernier, devant un panel de 150 élus municipaux et régionaux, venus de plusieurs régions françaises, dont, entre autres, la région Rhône-Alpes, Ile de France (Paris), le Centre (Vierzon) la Lorraine (Lyon), la Paca (Marseille) et la Moselle, qui participaient, le 30 avril à la wilaya de Dakhla, à une conférence consacrée à « l’expérience démocratique dans la gestion des campements de réfugiés sahraouis ».
La visite de ces élus, issus de plusieurs formations politiques françaises, dont l’UMP, le PS, le PCF et une élue du parti radical, coïncidait avec l’adoption de la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU sur le Sahara Occidental qui fut, tout simplement, expurgée de la revendication du Polisario de mettre sur pied un mécanisme onusien de surveillance des droits de l’Homme dans le villes sahraouies occupées.
Ainsi, sur quinze Etats qui forment le Conseil de sécurité, il n’y a eu que la France, berceau des droits de l’Homme et des valeurs humanistes de la Révolution de 1789, à s’opposer à une revendication légitime d’un peuple qui vit dans une prison à ciel ouvert à Laayoune, Dakhla et Smara, ainsi que les autres bourgs sahraouis interdits de visite pour les militants et les ONG internationales qui activent dans le domaine des droits de l’Homme. Quelle gloire va tirer la France de Sarkozy d’un revers aussi cinglant à la grandeur de l’histoire de ce pays qui trouve à redire sur les droits de l’Homme au Darfour et ailleurs, mais pas à Gaza et au Sahara Occidental ?!
Le Président Abdelaziz l’a signifié clairement quand il a affirmé à l’adresse des élus français au terme de leur visite dans les camps des réfugiés sahraouis : « Un pays berceau des droits de l’homme, qui, pas plus qu’hier, au sein du Conseil de sécurité, s’est fait l’avocat de l’occupant pour défendre les violations des droits humains par le Maroc au Sahara Occidental. »
Il est inconcevable de s’opposer à l’élargissement du mandat de la Minurso, à la surveillance des droits de l’Homme dans ce territoire, objet de conflits, car, comme l’a affirmé le président sahraoui, il s’agit de « l’unique mission spoliée des prérogatives de la Minurso ».
Le président de la RASD n’a de cesse prévenu que la question du Sahara Occidental constitue un élément de stabilité dans la région.
Il a souligné à ce propos, juste après l’adoption par le Conseil de sécurité de l’ONU de la résolution 1920, que « le positionnement inconditionnel de Paris sur la colonisation marocaine du Sahara Occidental ne profite pas à la paix, ni à la stabilité et à la sécurité de la région, et encore moins aux relations entre l’Union européenne et le Maroc ». Et d’estimer que ce positionnement de la France « ne peut que prolonger dans le temps la tragédie du peuple sahraoui, sans toutefois entamer sa détermination et son courage à lutter pour défendre son droit légitime à l’autodétermination et à l’indépendance ».
La France justifie son acte
Réagissant aux propos peu amènes du Président Abdelaziz, lors d’un entretien que lui avait accordé l’Agence officielle française (AFP), le ministère des Affaires étrangères français a soutenu, à travers la déclaration de son porte-parole, Bernard Valero, que la récente résolution de l’ONU sur le Sahara Occidental, dénoncée par le Polisario comme négligeant les droits de l’Homme, contient un appel aux parties à s’atteler à la « dimension humaine » du conflit.
C’est ainsi que la France tente implicitement de rejeter les critiques acerbes et fondées du Front Polisario.
« Le Conseil (de sécurité) a adressé un message clair à travers la résolution 1920 concernant l’importance du programme de visites familiales », a répondu le porte-parole du ministère des Affaires étrangères à une question sur les critiques de Mohamed Abdelaziz. C’est comme si les droits de l’homme au Sahara Occidental se résumaient à de simples visites familiales entre les Sahraouis vivant derrière le mur de l’occupation et ceux se trouvant dans les camps de réfugiés de Tindouf.
La parade ne résiste pas pourtant devant le combat héroïque d’Aminatou Haïdar, de la suppliciée Sultana Khaya, ou de la trentaine de Sahraouis, prisonniers politiques dans les geôles de la monarchie qui ont observé une grève de la faim en solidarité avec les six détenus politiques de la prison de Salé qui attendent toujours d’être jugés.
Pour le département ministériel de Bernard Kouchner, le fait que le rapport annuel du secrétaire général de l’ONU sur le Sahara Occidental « ne comporte pas d’appel spécifique à un mécanisme international » en matière de droits de l’Homme est suffisant pour que le Conseil de sécurité suive « ces recommandations ».
Le fait aussi que la résolution 1920 ait introduit « un appel aux parties à appliquer leurs engagements internationaux s’agissant de la dimension humaine de ce conflit » suffirait aussi à éviter la répression tous azimuts contre les militants sahraouis des droits de l’Homme et à les protéger de la politique raciste du Makhzen qui monte les colons marocains contre les Sahraouis dans les territoires occupés. Il est clair que le gouvernement français refuse de regarder en direction de la partie qui viole les droits de l’Homme, feignant de ne pas entendre les cris de détresse des militants sahraouis jetés à la vindicte des colons dans les villes sahraouies occupées dès leur retour de Tindouf.
Pour le Front Polisario, qui a tenu une réunion de son Secrétariat national, « le grand responsable de ce scandale est le gouvernement français ». Et c’est dans ce sens qu’il faut comprendre les griefs du représentant du Polisario à Paris, Omar Mansour, qui a affirmé, dans une déclaration à l’envoyé spécial d’El Djazaïr.com aux camps de réfugiés sahraouis, lors de la visite d’une délégation de 150 élus municipaux et régionaux français, que « le projet de résolution du Conseil de sécurité visait simplement à introduire la question de la surveillance des droits de l’Homme parmi les missions de la Minurso, à l’instar d’autres délégations de l’ONU à travers le monde ».
« C’était une demande résultant d’un consensus de l’ensemble des associations et ONG activant dans le domaine des droits humanitaires dans les territoires occupés », a-t-il expliqué.
N’est-il pas donc légitime de penser avec Omar Mansour que « de par cette attitude, le Maroc et la France cherchent à cacher quelque chose à l’opinion internationale ».
Et lorsqu’il a estimé que « cela veut dire qu’au Maroc, il existe des prisons dignes de la prison d’Abou Ghrib en Irak », veut-on, donc, cacher une guerre contre les populations civiles sahraouies dans les villes occupées ?
Des élus français dubitatifs
La visite de 150 élus municipaux et régionaux, venus de plusieurs régions françaises, dont entre autres, la région de Rhône-Alpes, Ile de France (Paris), le Centre (Vierzon) la Lorraine (Lyon), la Paca (Marseille) et la Moselle, dans les camps de refugiés sahraouis à Tindouf, coïncidait avec la position peu honorable du gouvernement français au Conseil de sécurité qui s’est mis en posture de protecteur d’un violeur des droits de l’Homme dans les territoires sahraouis occupés.
Ainsi et dès l’ouverture de la conférence consacrée à « l’expérience démocratique dans la gestion des campements de réfugiés sahraouis », ces élus issus de l’UMP, du PS, du PCF, indépendants et du parti radical de droite, ont exprimé leur étonnement devant la position de leur gouvernement au Conseil de sécurité.
C’est ainsi que Jean-François Debiol, élu municipal de la ville de Rillieux-la-Pape dans la région de Lyon, issu du parti de droite UMP, a exprimé, devant le président sahraoui, Mohamed Abdelaziz, sa « surprise » de la position du gouvernement français au Conseil de sécurité des Nations unies. « Nous ne l’approuvons pas car elle n’est pas conforme à la mission de la France de défense des droits de l’Homme dans le monde», a-t-il affirmé.
M. Debiol s’est aussi étonné de l’inexistence d’informations sur le Sahara Occidental en France. Tout en déplorant, dans le même cadre, le black-out médiatique observé en France autour de la question sahraouie, il a estimé qu’il est « anormal » qu’il ne découvre le mur de séparation érigé par le Maroc qu’après son déplacement aux camps de réfugiés. « Il y a un manque d’informations évident et cruel sur ce qui se passe à deux heures de Paris, alors que nous sommes bien informés de ce qui se passe ailleurs dans le monde, tel le mur qui sépare les deux Corées », a-t-il déploré.
L’élu de Rillieux-la-Pape a, toutefois, relevé « la bonne organisation » des camps des réfugiés sahraouis et l’exercice démocratique des institutions du gouvernement sahraoui en exil.
Tranchant nettement avec le discours ressassé par la presse marocaine, sur une prétendue prison à ciel ouvert, M. Debiol a déclaré, au terme de sa première visite dans les camps de refugiés, qu’il a eu à constater « des institutions modèles exprimant clairement un choix pour la démocratie ». « J’ai découvert avec une grande satisfaction la façon par laquelle le gouvernement sahraoui s’est organisé », a-t-il souligné. « Ce n’est déjà pas facile pour les peuples qui vivent à l’intérieur de leurs frontières, et il est encore plus difficile pour les peuples qui vivent dans les mêmes circonstances que celles du peuple sahraoui », a-t-il encore reconnu, avant de souligner qu’il a eu à constater que la séparation des pouvoirs dans les institutions du gouvernement sahraoui « est respectée », et qu’il existe une égalité entre les hommes et les femmes.
Cet élu issu de la majorité présidentielle en France n’a pas caché son admiration devant ce qu’il a découvert, lors de cette visite, en déclarant : « Durant mon séjour, je n’ai constaté que des choses positives et je dirai même exemplaires. Il faut que même les Français viennent ici pour prendre une leçon en matière d’égalité entre l’homme et la femme, ainsi qu’en matière des droits de l’Homme ». « Il est évident que face à cette exemplarité que vous manifestez dans vos institutions et dans votre organisation au quotidien, la position de la communauté internationale à votre encontre ne peut qu’apparaître injuste », a-t-il soutenu, avant de lâcher : « Vous êtes exemplaires et vous êtes mal traités. C’est anormal. »
Abondant dans le même sens, Cyril Boulleaux, maire de Villeneuve-sur-Yonne, a souligné que « l’attitude du gouvernement français face à cette question (élargissement des missions de la Minurso aux contrôle et surveillance des droits de l’Homme dans les territoires sahraouis occupés) est en opposition avec les valeurs et l’histoire de la France ».
Il a, dans le même ordre d’idées, avoué qu’il s’attendait à une meilleure position de la part de son gouvernement, d’autant plus que la France, selon lui, se trouve à un moment de son histoire où elle occupe une place de par sa sensibilité aux droits de l’Homme et au respect de la liberté.
Le maire de Villeneuve a, également, appelé, à défaut, la France à observer une « neutralité » qui, selon lui, permettra à la communauté internationale d’aller dans le sens de la mise en œuvre des résolutions portant organisation d’un référendum libre et loyal pour l’autodétermination du Sahara Occidental.
Raymond Combaz, élu à Givors dans la région lyonnaise et responsable des instances locales du Parti communiste français, a exprimé, quant à lui, sa solidarité avec l’appel proposé par le maire d’Alger-Centre, Tayeb Zitouni, demandant aux instances onusiennes et surtout au Conseil de sécurité des Nations unies d’appuyer la demande de la mise en œuvre d’un mécanisme de surveillance des droits de l’Homme dans les territoires sahraouis occupés. C’est dans ce cadre qu’il a souligné que « la position du gouvernement français ne reflète pas l’opinion nationale dans ce pays ».
« La France continue à appuyer la position du Maroc et elle le fait ouvertement, aujourd’hui, à l’ONU », a-t-il relevé, avant d’ajouter que « cette attitude est condamnable du fait que la France a eu sa propre expérience dans la colonisation »
El Djazair

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