Eumelio Caballero Rodriguez, ambassadeur de Cuba à El-Djazaircom.com :
Par Leïla Boukli Vous venez de lancer une nouvelle initiative, la promotion de Cuba comme destination touristique pour le peuple algérien. Quelle est la véritable portée de ce projet ?
Eumelio Caballero Rodriguez : Comme vous le savez, entre Cuba et l’Algérie, il existe de profondes relations d’amitié et de solidarité ancrées dans une histoire de lutte commune : celle de Cuba pour se libérer de la domination néocoloniale et celle de l’Algérie pour obtenir son indépendance du joug colonial. Toutefois, je pense que nous devons travailler pour que les nouvelles générations se connaissent mieux, et pour cela, le tourisme pourrait jouer un rôle indéniable. Cuba offre, outre sa beauté naturelle, sa culture riche et variée, son haut niveau dans l’éducation et les sciences, une qualité d’accueil dont seul le peuple cubain a le secret. Sa joie, sa simplicité sont offertes en toute amitié et de plus dans une ambiance de totale sécurité. A l’égard des Algériens, les Cubains ont une affection particulière, l’accueil qui leur est réservé est donc plus chaleureux, eu égard à cette histoire de sympathie et de solidarité communes. La possibilité d’une ligne aérienne directe entre La Havane et Alger? Je suis convaincu que le développement du tourisme permettra très bientôt de rentabiliser des vols réguliers entre les deux capitales. D’ailleurs, je pense qu’Alger deviendra un point de transit incontournable pour un nombre croissant de voyageurs vers Cuba venant des autres pays du Maghreb.
Hormis la Santé, dans quels autres secteurs interviennent les Cubains en Algérie ?
Avant de parler des secteurs actuels de coopération et du potentiel existant pour avancer dans d’autres domaines, permettez-moi d’évoquer deux antécédents dans nos relations qui ne sont pas très connus par les générations les plus jeunes. Le premier est relatif aux soins médicaux qu’ont reçus à Cuba, dans les années 1961, 1962¸ 1963 et ultérieurement, de jeunes maquisards algériens blessés au combat contre l’armée coloniale. J’ai personnellement connu plusieurs d’entre eux en 1962, à l’hôpital militaire Carlos-J.-Finlay de La Havane. Je garde des souvenirs inoubliables de nos conversations parsemées d’anecdotes sur la guerre de libération. Certains d’entre eux, comme les professeurs de l’université d’Oran messieurs Salah Megaoui et Kiat Ghaouti, sont restés à Cuba jusqu’à la fin de leurs études universitaires.
L’autre fait, remonte à octobre 1963, quand devant la menace d’agression de la monarchie marocaine, deux bateaux cubain sont arrivés au port d’Oran, non pas chargé de sucre, comme tout le monde croyait, mais transportant une brigade de chars accompagnés de plus de 700 jeunes militaires cubains prêts à verser leur sang généreux à côté de leurs frères algériens. Finalement, le Maroc a renoncé à ses plans agressifs.
Depuis lors, les relations d’amitié et de solidarité entre les deux pays et les deux peuples se sont développées de manière incessante. Les consultations et les échanges sur le plan politique ne sauraient être meilleurs, comme le démontrent les deux visites en Algérie en 2009 du président du Conseil d’État et du Conseil des ministres de Cuba, S.E.M. Raúl Castro Ruz, et la visite à Cuba au mois de septembre passé du président de la République, S.E.M. Abdelaziz Bouteflika. L’échange commercial et financier augmente avec de bonnes perspectives pour l’avenir, alors que la coopération s’accroît dans les domaines du sport, des ressources en eau, du transfert de technologie pour la fabrication en Algérie de vaccins et de médicaments génériques, de la plus haute technologie. Dans ce cadre, sont particulièrement importants, les accords signés il y a quelques semaines pour le traitement du pied diabétique avec un produit cubain innovant, le Heberprot. Par ailleurs, les projets d’accord de coopération dans les spécialités d’urologie, d’oncologie et de cardiologie, sont fin prêts, ils viendront s’ajouter au programme pour la construction de 7 hôpitaux ophtalmologiques. Le premier d’entre eux, construit à Djelfa, a été cédé à l’État algérien voilà quelques jours, et très bientôt nous inaugurerons les hôpitaux d’Ouargla, Béchar et d’El Oued. Dans ces établissements, les patients algériens recevront des soins totalement gratuits par des spécialistes cubains. Également, dans 14 wilayas du centre et du sud du pays, 130 spécialistes cubains travaillent au programme mère-enfant. Les résultats ont été tellement positifs que les autorités algériennes ont souhaité tripler ce nombre.
Évidemment, il existe un potentiel illimité pour continuer à avancer dans ces mêmes domaines et pour étendre la coopération à d’autres secteurs. C’est d’ailleurs dans ce but que nous travaillons.
Pourquoi certains pays, notamment occidentaux, considèrent l’Algérie comme un pays à risque ?
Moi, je connais très bien ces situations, car Cuba est victime de campagnes constantes visant à entacher son prestige et son image. Je vois qu’en grande partie les mêmes intérêts qui lancent des campagnes négatives contre Cuba projettent, de manière artificielle et tout à fait injuste, une image sur l’Algérie qui n’a rien à voir avec la réalité que vit le pays depuis déjà un certain temps. Dans beaucoup d’autres pays, surtout dans ceux où les puissances occidentales exercent leur domination ou ont des intérêts potentiels, car étant leurs alliés ou leurs serviteurs inconditionnels, tout problème pouvant nuire à l’image extérieure de ces nations est complètement passé sous silence ou bien minimisé. En revanche, si un petit incident se produit en Algérie, même dans les régions les plus enclavées, les nouvelles se répandent vite et presque toujours de manière sensationnelle. Peu ou rien n’est dit dans ces médias sur le niveau de sécurité et de tranquillité citoyenne qui règne en Algérie suite à la politique et aux mesures prises par les autorités algériennes depuis que le Président Bouteflika a assumé son premier mandat. Moi, par exemple, je suis ici en Algérie remplissant ma mission depuis déjà plus d’un an et demi, et je peux affirmer, après avoir visité beaucoup de pays et avoir travaillé de manière permanente dans une demi-douzaine d’entre eux, qu’après Cuba, c’est en Algérie que ma famille et moi sommes le plus à l’aise, entourés par la chaleur et la sympathie de ce peuple charmant. Il conviendrait alors de se demander : pourquoi insiste-t-on à projeter l’image de l’Algérie comme un pays à risque ou un endroit dangereux ? On pourrait beaucoup spéculer pour répondre à cette question, mais en principe on a l’impression qu’il y a des intérêts étrangers que gênent, une Algérie libre, fière, indépendante, maîtresse de son propre destin et avec les capacités militaire, politique, économique et sociale lui permettant de garantir son développement présent et futur au profit de son peuple, sans tutelle et sans dépendre d’aucun centre de pouvoir. Il est évident que si l’Algérie n’était plus ce qu’elle est et devenait un serviteur obéissant et fidèle de l’impérialisme, les médias occidentaux cesseraient de la considérer comme un pays à risque et dangereux.
La fille du « Che » était récemment en visite en Algérie où elle a été reçue par le Président Bouteflika. Quelle signification donnez-vous à cette visite?
Pour le docteur Aleida Guevara March, sa dernière visite en Algérie a été une expérience très spéciale. Elle a pu visiter plusieurs wilayas du centre et du sud du pays, rencontrer beaucoup de dirigeants politiques et d’organisations de masse, discuter avec de jeunes étudiants et des travailleurs, s’adresser à tout le peuple algérien à la télévision nationale. Tout au long de son séjour, Aleidita, comme nous l’appelons à Cuba, a vécu des moments très émouvants, notamment lors de ses rencontres avec l’ancien Président Ahmed Ben Bella et avec le Président Bouteflika. Ils lui ont fait revivre des passages de la vie et des séjours de son père en Algérie qu’elle ne connaissait pas.
Je pense que la signification la plus importante de la visite en Algérie de la fille du Che a été précisément de confirmer l’admiration et l’affection que le Guérillero héroïque a toujours éprouvées pour la Révolution algérienne et pour le peuple algérien. Ce qui correspond pleinement aux sentiments que nous pouvons apprécier à l’égard du Che, non seulement dans les cœurs des Algériens de sa génération, notamment ceux qui l’ont connu personnellement, mais encore chez la jeunesse algérienne d’aujourd’hui, pour qui la figure du Che en tant que penseur et combattant exemplaire pour la libération des peuples opprimés et contre l’exploitation de l’homme par l’homme et les injustices sociales, garde toute sa valeur et sa vigueur. Aleidita a été aussi très touchée par la courte visite qu’elle a effectuée dans les campements de réfugiés sahraouis à Tindouf. En tant que pédiatre, la triste situation des enfants sahraouis l’a touchée, mais en tant que femme politique et fille du Che, elle a quitté les camps de réfugiés avec la conviction que plus tôt que tard ce peuple héroïque exercera son droit à la libre détermination, mettant fin à l’occupation injuste et illégale de ce territoire par la monarchie alaouite.
Le président Bouteflika est une vieille connaissance du peuple cubain, quelle image en garde- t-il ?
Il n’est pas facile pour un ambassadeur de parler d’un chef d’Etat auprès duquel on est accrédité, mais ce n’est pas le cas, puisqu’il s’agit d’un ami cher au peuple cubain, à son processus révolutionnaire et à nos dirigeants, en particulier le commandant en chef Fidel Castro et le Président Raul Castro.
Un soir du printemps 1975, j’ai eu, personnellement, l’honneur de servir d’interprète entre le commandant en chef Fidel Castro et Abdelaziz Bouteflika, alors ministre des Affaires étrangères du gouvernement Houari Boumediene. On m’avait assigné la tâche d’accompagner la délégation algérienne présente à une réunion ministérielle du bureau de coordination du Mouvement des pays non alignés. Je n’oublierai jamais cette rencontre, j’ai eu, entre autres, le privilège d’être témoin de la profonde amitié et de confiance mutuelle unissant les deux hommes.
On peut dire la même chose en ce qui concerne le Président Raul Castro. Confiance, compréhension, identité de critères et amitié personnelle, entre les deux dirigeants, ont été mises en exergue lors de la visite que Raul Castro a effectuée l’année dernière en Algérie et celle qu’a faite à La Havane en septembre de la même année le Président Bouteflika.
L’image que nous avons à Cuba du Président Bouteflika est celle d’un battant infatigable, d’abord pour l’indépendance de son pays et ensuite pour le développement et le bien-être de son peuple. Défenseur des causes justes, des peuples du tiers-monde et de la paix, reconnu mondialement. C’est un homme d’Etat d’une grande sagacité et intelligence, excellent communicateur et grand rassembleur. Le peuple cubain voit en lui, un grand ami, un frère solidaire, qui a toujours œuvré pour le développement et le renforcement des relations bilatérales dans toutes les sphères possibles. Je peux dire enfin que nous avons une grande admiration pour lui et que nous sommes fiers des liens qui nous unissent et de notre amitié ferme
L’Association des « enfants de chouhada » va visiter Cuba pour rendre hommage au martyr Che Guevara. Que signifie ce geste pour vous ?
Cette visite de l’Association des «enfants de chouhada» est étroitement liée à tout ce que j’ai déjà évoqué à propos des racines historiques de l’amitié et de la solidarité entre nos deux processus révolutionnaires. Je trouve très beau et très symbolique que des enfants de martyrs algériens aillent à Cuba connaître de près l’œuvre de la Révolution cubaine et honorer par leur présence des martyrs et des héros de notre peuple. De ce geste noble et généreux, on pourrait beaucoup parler. Mais je ne vous dirai qu’une chose : cette délégation va être accueillie à Cuba avec beaucoup d’amitié et de chaleur, car elle représente pour nous la preuve que le lourd tribut que le peuple algérien a dû payer pour sa liberté et son indépendance n’a pas été vain.
Un dernier mot, Monsieur l’ambassadeur ?
Je profite de cette occasion que m’offre la revue El Djazaïr.com pour transmettre à tout le peuple algérien et aux autorités algériennes notre plus profonde gratitude pour l’appui et la solidarité qu’ils nous ont toujours apportés face au blocus que nous subissons depuis déjà un demi-siècle, face aux pressions de tous genres, aux campagnes médiatiques et aux menaces d’agression contre notre pays et son processus révolutionnaire. En ce moment, outre ses efforts pour le développement économique et social du pays, le peuple cubain mène trois batailles fondamentales : la bataille contre le blocus, la bataille pour la libération des 5 jeunes antiterroristes emprisonnés aux USA et la bataille face à la nouvelle campagne médiatique contre Cuba. En effet, malgré les changements en matière de politique extérieure annoncés par le Président Barack Obama pendant sa campagne électorale, en ce qui concerne Cuba, le blocus économique garde toute sa vigueur. La suppression de quelques mesures draconiennes héritées de l’époque du régime Bush, relatives à la communication de la communauté cubaine aux Etats-Unis avec leurs familles à Cuba, est manipulée et présentée comme de véritables changements dans la politique de Washington vis-à-vis de Cuba, mais le fait est que le criminel blocus économique reste là, intact, et même a durci dans certains aspects. Par ailleurs, on maintient la grande injustice commise aux Etats-Unis à l’encontre de 5 jeunes qui, depuis plus de onze ans, purgent de lourdes peines dans des geôles américaines, deux d’entre eux sont condamnés à perpétuité, pour s’être infiltrés dans des organisations terroristes afin d’éviter des actions criminelles contre des citoyens cubains et même américains innocents. C’est la meilleure preuve de la double morale et de l’hypocrisie avec lesquelles les Etats-Unis mènent la lutte contre le terrorisme, comme si l’on acceptait l’impossible existence de terroristes méchants et de bons terroristes. Et je dis cela parce qu’au moment où on proclame tous les jours la nécessité de combattre et d’éliminer le terrorisme, alors qu’on établit arbitrairement des listes de pays dont les citoyens, sans aucune distinction, doivent être soumis à des contrôles et à des fouilles dans leurs aéroports, des terroristes avoués se promènent librement dans les rues de Miami, comme c’est le cas de Luis Posada Carriles, l’auteur de l’explosion d’un avion de la Cubana de Aviación qui a coûté la vie à 73 citoyens innocents. En revanche, on juge arbitrairement 5 jeunes Cubains qui n’ont jamais porté atteinte aux Etats-Unis, mais tentaient de protéger leur peuple d’actions terroristes. Obama aurait pu exercer ses prérogatives pour libérer ces jeunes innocents.
Comme je l’ai déjà dit, le peuple cubain mène actuellement une bataille contre la nouvelle campagne orchestrée par l’impérialisme et ses alliés de l’Union européenne. Sur quelle base déploie-t-on cette campagne ? Motivés, comme toujours par des raisons politiques et idéologiques, ils ont manipulé, au moyen de tout genre de calomnies et de mensonges, le décès regrettable d’un prisonnier de droit commun qu’ils ont transformé en cas « politique ». Ces mêmes voix ne se sont jamais élevées pour condamner les crimes commis dans les prisons d’Irak ou à Guantánamo, dans les prisons secrètes de la CIA en Europe, ou contre les meurtres de nombreux journalistes ces derniers mois au Honduras, pour ne citer que les cas les plus graves, s’en prennent aujourd’hui à la petite île des Caraïbes, harcelée et bloquée par la puissance la plus forte de la terre, en cachant les efforts qu’ont faits les autorités et les médecins cubains pour éviter la mort de ce citoyen, encouragé à maintenir la grève de la faim précisément par ceux qui prétendent aujourd’hui mettre Cuba sur la sellette.
Mais Cuba ne se soumettra pas ; notre peuple continuera à défendre, avec toute fermeté et confiance en l’avenir, son droit à la libre détermination et à construire un destin meilleur pour notre peuple. Nous sommes sûrs que, tout comme hier, Cuba pourra toujours compter dans ses batailles d’aujourd’hui sur le soutien et la solidarité du peuple algérien frère et de sa direction politique
El Djazair, 3 juin 2010
Par Leïla Boukli Vous venez de lancer une nouvelle initiative, la promotion de Cuba comme destination touristique pour le peuple algérien. Quelle est la véritable portée de ce projet ?
Eumelio Caballero Rodriguez : Comme vous le savez, entre Cuba et l’Algérie, il existe de profondes relations d’amitié et de solidarité ancrées dans une histoire de lutte commune : celle de Cuba pour se libérer de la domination néocoloniale et celle de l’Algérie pour obtenir son indépendance du joug colonial. Toutefois, je pense que nous devons travailler pour que les nouvelles générations se connaissent mieux, et pour cela, le tourisme pourrait jouer un rôle indéniable. Cuba offre, outre sa beauté naturelle, sa culture riche et variée, son haut niveau dans l’éducation et les sciences, une qualité d’accueil dont seul le peuple cubain a le secret. Sa joie, sa simplicité sont offertes en toute amitié et de plus dans une ambiance de totale sécurité. A l’égard des Algériens, les Cubains ont une affection particulière, l’accueil qui leur est réservé est donc plus chaleureux, eu égard à cette histoire de sympathie et de solidarité communes. La possibilité d’une ligne aérienne directe entre La Havane et Alger? Je suis convaincu que le développement du tourisme permettra très bientôt de rentabiliser des vols réguliers entre les deux capitales. D’ailleurs, je pense qu’Alger deviendra un point de transit incontournable pour un nombre croissant de voyageurs vers Cuba venant des autres pays du Maghreb.
Hormis la Santé, dans quels autres secteurs interviennent les Cubains en Algérie ?
Avant de parler des secteurs actuels de coopération et du potentiel existant pour avancer dans d’autres domaines, permettez-moi d’évoquer deux antécédents dans nos relations qui ne sont pas très connus par les générations les plus jeunes. Le premier est relatif aux soins médicaux qu’ont reçus à Cuba, dans les années 1961, 1962¸ 1963 et ultérieurement, de jeunes maquisards algériens blessés au combat contre l’armée coloniale. J’ai personnellement connu plusieurs d’entre eux en 1962, à l’hôpital militaire Carlos-J.-Finlay de La Havane. Je garde des souvenirs inoubliables de nos conversations parsemées d’anecdotes sur la guerre de libération. Certains d’entre eux, comme les professeurs de l’université d’Oran messieurs Salah Megaoui et Kiat Ghaouti, sont restés à Cuba jusqu’à la fin de leurs études universitaires.
L’autre fait, remonte à octobre 1963, quand devant la menace d’agression de la monarchie marocaine, deux bateaux cubain sont arrivés au port d’Oran, non pas chargé de sucre, comme tout le monde croyait, mais transportant une brigade de chars accompagnés de plus de 700 jeunes militaires cubains prêts à verser leur sang généreux à côté de leurs frères algériens. Finalement, le Maroc a renoncé à ses plans agressifs.
Depuis lors, les relations d’amitié et de solidarité entre les deux pays et les deux peuples se sont développées de manière incessante. Les consultations et les échanges sur le plan politique ne sauraient être meilleurs, comme le démontrent les deux visites en Algérie en 2009 du président du Conseil d’État et du Conseil des ministres de Cuba, S.E.M. Raúl Castro Ruz, et la visite à Cuba au mois de septembre passé du président de la République, S.E.M. Abdelaziz Bouteflika. L’échange commercial et financier augmente avec de bonnes perspectives pour l’avenir, alors que la coopération s’accroît dans les domaines du sport, des ressources en eau, du transfert de technologie pour la fabrication en Algérie de vaccins et de médicaments génériques, de la plus haute technologie. Dans ce cadre, sont particulièrement importants, les accords signés il y a quelques semaines pour le traitement du pied diabétique avec un produit cubain innovant, le Heberprot. Par ailleurs, les projets d’accord de coopération dans les spécialités d’urologie, d’oncologie et de cardiologie, sont fin prêts, ils viendront s’ajouter au programme pour la construction de 7 hôpitaux ophtalmologiques. Le premier d’entre eux, construit à Djelfa, a été cédé à l’État algérien voilà quelques jours, et très bientôt nous inaugurerons les hôpitaux d’Ouargla, Béchar et d’El Oued. Dans ces établissements, les patients algériens recevront des soins totalement gratuits par des spécialistes cubains. Également, dans 14 wilayas du centre et du sud du pays, 130 spécialistes cubains travaillent au programme mère-enfant. Les résultats ont été tellement positifs que les autorités algériennes ont souhaité tripler ce nombre.
Évidemment, il existe un potentiel illimité pour continuer à avancer dans ces mêmes domaines et pour étendre la coopération à d’autres secteurs. C’est d’ailleurs dans ce but que nous travaillons.
Pourquoi certains pays, notamment occidentaux, considèrent l’Algérie comme un pays à risque ?
Moi, je connais très bien ces situations, car Cuba est victime de campagnes constantes visant à entacher son prestige et son image. Je vois qu’en grande partie les mêmes intérêts qui lancent des campagnes négatives contre Cuba projettent, de manière artificielle et tout à fait injuste, une image sur l’Algérie qui n’a rien à voir avec la réalité que vit le pays depuis déjà un certain temps. Dans beaucoup d’autres pays, surtout dans ceux où les puissances occidentales exercent leur domination ou ont des intérêts potentiels, car étant leurs alliés ou leurs serviteurs inconditionnels, tout problème pouvant nuire à l’image extérieure de ces nations est complètement passé sous silence ou bien minimisé. En revanche, si un petit incident se produit en Algérie, même dans les régions les plus enclavées, les nouvelles se répandent vite et presque toujours de manière sensationnelle. Peu ou rien n’est dit dans ces médias sur le niveau de sécurité et de tranquillité citoyenne qui règne en Algérie suite à la politique et aux mesures prises par les autorités algériennes depuis que le Président Bouteflika a assumé son premier mandat. Moi, par exemple, je suis ici en Algérie remplissant ma mission depuis déjà plus d’un an et demi, et je peux affirmer, après avoir visité beaucoup de pays et avoir travaillé de manière permanente dans une demi-douzaine d’entre eux, qu’après Cuba, c’est en Algérie que ma famille et moi sommes le plus à l’aise, entourés par la chaleur et la sympathie de ce peuple charmant. Il conviendrait alors de se demander : pourquoi insiste-t-on à projeter l’image de l’Algérie comme un pays à risque ou un endroit dangereux ? On pourrait beaucoup spéculer pour répondre à cette question, mais en principe on a l’impression qu’il y a des intérêts étrangers que gênent, une Algérie libre, fière, indépendante, maîtresse de son propre destin et avec les capacités militaire, politique, économique et sociale lui permettant de garantir son développement présent et futur au profit de son peuple, sans tutelle et sans dépendre d’aucun centre de pouvoir. Il est évident que si l’Algérie n’était plus ce qu’elle est et devenait un serviteur obéissant et fidèle de l’impérialisme, les médias occidentaux cesseraient de la considérer comme un pays à risque et dangereux.
La fille du « Che » était récemment en visite en Algérie où elle a été reçue par le Président Bouteflika. Quelle signification donnez-vous à cette visite?
Pour le docteur Aleida Guevara March, sa dernière visite en Algérie a été une expérience très spéciale. Elle a pu visiter plusieurs wilayas du centre et du sud du pays, rencontrer beaucoup de dirigeants politiques et d’organisations de masse, discuter avec de jeunes étudiants et des travailleurs, s’adresser à tout le peuple algérien à la télévision nationale. Tout au long de son séjour, Aleidita, comme nous l’appelons à Cuba, a vécu des moments très émouvants, notamment lors de ses rencontres avec l’ancien Président Ahmed Ben Bella et avec le Président Bouteflika. Ils lui ont fait revivre des passages de la vie et des séjours de son père en Algérie qu’elle ne connaissait pas.
Je pense que la signification la plus importante de la visite en Algérie de la fille du Che a été précisément de confirmer l’admiration et l’affection que le Guérillero héroïque a toujours éprouvées pour la Révolution algérienne et pour le peuple algérien. Ce qui correspond pleinement aux sentiments que nous pouvons apprécier à l’égard du Che, non seulement dans les cœurs des Algériens de sa génération, notamment ceux qui l’ont connu personnellement, mais encore chez la jeunesse algérienne d’aujourd’hui, pour qui la figure du Che en tant que penseur et combattant exemplaire pour la libération des peuples opprimés et contre l’exploitation de l’homme par l’homme et les injustices sociales, garde toute sa valeur et sa vigueur. Aleidita a été aussi très touchée par la courte visite qu’elle a effectuée dans les campements de réfugiés sahraouis à Tindouf. En tant que pédiatre, la triste situation des enfants sahraouis l’a touchée, mais en tant que femme politique et fille du Che, elle a quitté les camps de réfugiés avec la conviction que plus tôt que tard ce peuple héroïque exercera son droit à la libre détermination, mettant fin à l’occupation injuste et illégale de ce territoire par la monarchie alaouite.
Le président Bouteflika est une vieille connaissance du peuple cubain, quelle image en garde- t-il ?
Il n’est pas facile pour un ambassadeur de parler d’un chef d’Etat auprès duquel on est accrédité, mais ce n’est pas le cas, puisqu’il s’agit d’un ami cher au peuple cubain, à son processus révolutionnaire et à nos dirigeants, en particulier le commandant en chef Fidel Castro et le Président Raul Castro.
Un soir du printemps 1975, j’ai eu, personnellement, l’honneur de servir d’interprète entre le commandant en chef Fidel Castro et Abdelaziz Bouteflika, alors ministre des Affaires étrangères du gouvernement Houari Boumediene. On m’avait assigné la tâche d’accompagner la délégation algérienne présente à une réunion ministérielle du bureau de coordination du Mouvement des pays non alignés. Je n’oublierai jamais cette rencontre, j’ai eu, entre autres, le privilège d’être témoin de la profonde amitié et de confiance mutuelle unissant les deux hommes.
On peut dire la même chose en ce qui concerne le Président Raul Castro. Confiance, compréhension, identité de critères et amitié personnelle, entre les deux dirigeants, ont été mises en exergue lors de la visite que Raul Castro a effectuée l’année dernière en Algérie et celle qu’a faite à La Havane en septembre de la même année le Président Bouteflika.
L’image que nous avons à Cuba du Président Bouteflika est celle d’un battant infatigable, d’abord pour l’indépendance de son pays et ensuite pour le développement et le bien-être de son peuple. Défenseur des causes justes, des peuples du tiers-monde et de la paix, reconnu mondialement. C’est un homme d’Etat d’une grande sagacité et intelligence, excellent communicateur et grand rassembleur. Le peuple cubain voit en lui, un grand ami, un frère solidaire, qui a toujours œuvré pour le développement et le renforcement des relations bilatérales dans toutes les sphères possibles. Je peux dire enfin que nous avons une grande admiration pour lui et que nous sommes fiers des liens qui nous unissent et de notre amitié ferme
L’Association des « enfants de chouhada » va visiter Cuba pour rendre hommage au martyr Che Guevara. Que signifie ce geste pour vous ?
Cette visite de l’Association des «enfants de chouhada» est étroitement liée à tout ce que j’ai déjà évoqué à propos des racines historiques de l’amitié et de la solidarité entre nos deux processus révolutionnaires. Je trouve très beau et très symbolique que des enfants de martyrs algériens aillent à Cuba connaître de près l’œuvre de la Révolution cubaine et honorer par leur présence des martyrs et des héros de notre peuple. De ce geste noble et généreux, on pourrait beaucoup parler. Mais je ne vous dirai qu’une chose : cette délégation va être accueillie à Cuba avec beaucoup d’amitié et de chaleur, car elle représente pour nous la preuve que le lourd tribut que le peuple algérien a dû payer pour sa liberté et son indépendance n’a pas été vain.
Un dernier mot, Monsieur l’ambassadeur ?
Je profite de cette occasion que m’offre la revue El Djazaïr.com pour transmettre à tout le peuple algérien et aux autorités algériennes notre plus profonde gratitude pour l’appui et la solidarité qu’ils nous ont toujours apportés face au blocus que nous subissons depuis déjà un demi-siècle, face aux pressions de tous genres, aux campagnes médiatiques et aux menaces d’agression contre notre pays et son processus révolutionnaire. En ce moment, outre ses efforts pour le développement économique et social du pays, le peuple cubain mène trois batailles fondamentales : la bataille contre le blocus, la bataille pour la libération des 5 jeunes antiterroristes emprisonnés aux USA et la bataille face à la nouvelle campagne médiatique contre Cuba. En effet, malgré les changements en matière de politique extérieure annoncés par le Président Barack Obama pendant sa campagne électorale, en ce qui concerne Cuba, le blocus économique garde toute sa vigueur. La suppression de quelques mesures draconiennes héritées de l’époque du régime Bush, relatives à la communication de la communauté cubaine aux Etats-Unis avec leurs familles à Cuba, est manipulée et présentée comme de véritables changements dans la politique de Washington vis-à-vis de Cuba, mais le fait est que le criminel blocus économique reste là, intact, et même a durci dans certains aspects. Par ailleurs, on maintient la grande injustice commise aux Etats-Unis à l’encontre de 5 jeunes qui, depuis plus de onze ans, purgent de lourdes peines dans des geôles américaines, deux d’entre eux sont condamnés à perpétuité, pour s’être infiltrés dans des organisations terroristes afin d’éviter des actions criminelles contre des citoyens cubains et même américains innocents. C’est la meilleure preuve de la double morale et de l’hypocrisie avec lesquelles les Etats-Unis mènent la lutte contre le terrorisme, comme si l’on acceptait l’impossible existence de terroristes méchants et de bons terroristes. Et je dis cela parce qu’au moment où on proclame tous les jours la nécessité de combattre et d’éliminer le terrorisme, alors qu’on établit arbitrairement des listes de pays dont les citoyens, sans aucune distinction, doivent être soumis à des contrôles et à des fouilles dans leurs aéroports, des terroristes avoués se promènent librement dans les rues de Miami, comme c’est le cas de Luis Posada Carriles, l’auteur de l’explosion d’un avion de la Cubana de Aviación qui a coûté la vie à 73 citoyens innocents. En revanche, on juge arbitrairement 5 jeunes Cubains qui n’ont jamais porté atteinte aux Etats-Unis, mais tentaient de protéger leur peuple d’actions terroristes. Obama aurait pu exercer ses prérogatives pour libérer ces jeunes innocents.
Comme je l’ai déjà dit, le peuple cubain mène actuellement une bataille contre la nouvelle campagne orchestrée par l’impérialisme et ses alliés de l’Union européenne. Sur quelle base déploie-t-on cette campagne ? Motivés, comme toujours par des raisons politiques et idéologiques, ils ont manipulé, au moyen de tout genre de calomnies et de mensonges, le décès regrettable d’un prisonnier de droit commun qu’ils ont transformé en cas « politique ». Ces mêmes voix ne se sont jamais élevées pour condamner les crimes commis dans les prisons d’Irak ou à Guantánamo, dans les prisons secrètes de la CIA en Europe, ou contre les meurtres de nombreux journalistes ces derniers mois au Honduras, pour ne citer que les cas les plus graves, s’en prennent aujourd’hui à la petite île des Caraïbes, harcelée et bloquée par la puissance la plus forte de la terre, en cachant les efforts qu’ont faits les autorités et les médecins cubains pour éviter la mort de ce citoyen, encouragé à maintenir la grève de la faim précisément par ceux qui prétendent aujourd’hui mettre Cuba sur la sellette.
Mais Cuba ne se soumettra pas ; notre peuple continuera à défendre, avec toute fermeté et confiance en l’avenir, son droit à la libre détermination et à construire un destin meilleur pour notre peuple. Nous sommes sûrs que, tout comme hier, Cuba pourra toujours compter dans ses batailles d’aujourd’hui sur le soutien et la solidarité du peuple algérien frère et de sa direction politique
El Djazair, 3 juin 2010
Vive Fidel Castro!!!Vive Cuba!!!patria o muerte,inshallah venceremos!!!!!!
nous sommes frères dans la révolution mondiale alors vive l'ALGERIE ET VIVE CUBA:LE CHE AVAIT VISITE L ALGERIE EN 1964 EST VENUE DANS LE RESTO U DU EX CA H A ROCHE NOIR (BOUMERDES) ET M AVAIT TAPONNE MON ÉPAULE JE NE L OUBLIERAIT JAMAIS IL ÉTAIT UN SAINT…
Vive Fidel Castro!!!Vive Cuba!!!patria o muerte,inshallah venceremos!!!!!!