Sommet de Nice : Un sommet pour lamitié

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Un sommet pour lamitié
LAlgérie naurait pu sabsenter à un rendez-vous international où lAfrique est présente en force. Toute sa diplomatie repose sur sa base continentale, là où se jouent ses rapports de voisinage (avec laffaire du Sahara occidental), ses relations économiques (notamment gazières avec le Nigeria), sa sécurité (le Sahel) et ses projets davenir (Afrique du Sud). Limpasse «arabe», son extrême complexité, ses défiances et rivalités internes, contraignent lAlgérie à vouloir consolider son assise géographique naturelle qui est lAfrique, en attendant mieux sur dautres plans, en particulier politiques. A Nice, en France donc, un sommet se tiendra avec beaucoup de pays africains, que Bouteflika ne pourra bouder sans risque dincohérence. Son absence aurait constitué une contre-performance diplomatique, pour le moins. Cest aussi loccasion de renouer un contact avec la France, pays hôte. Dautant que lAlgérie sera le seul pays maghrébin (avec la Mauritanie) à être représentée par son chef dEtat. Cest important. La France est un partenaire incontournable de notre pays, le dialogue doit être de mise, même sur les sujets qui fâchent. Il ny a pas lieu dêtre optimiste à ce stade. Lincompréhension algérienne est totale sur ce qui nest pas loin dêtre considéré comme des «provocations françaises» Affaires Hasseni, moines de Tibhirine, liste noire etc. Ce sont pour le moins des positions inamicales. Sont-elles justifiées par des positions algériennes similaires ? On pourrait mieux comprendre la situation si on savait lesquelles. Que reproche exactement la France à lAlgérie ? Dagir au mieux de ses intérêts économiques ? De vouloir mieux contrôler ses dépenses en importations, en investissements étrangers, de diversifier ses contrats en tentant de rendre plus transparentes leurs clauses selon les règles universelles etc. ? Ou bien encore de réagir quelquefois (et timidement, principalement sous forme de bouderie) aux attitudes incomprises de certains politiques français (comme Bernard Kouchner), voire de lElysée ? Ce serait absurde ! Lamplification de ces mésententes et incompréhensions par une amorce, plutôt médiatique pour linstant, de guerre des mémoires est à la fois le résultat dune conjoncture politique, où la France a sa propre responsabilité pleine et entière (cela a commencé en vérité bien avant la loi sur les «bienfaits du colonialisme»), et le résultat dune évolution des mentalités, ici en Algérie même, après le traumatisme de la décennie quatre-vingt -dix. A défaut daccompagner intelligemment cette évolution, parce quelle la concerne en premier (en ce sens quelle concerne notre passé commun), la France, empêtrée semble-t-il dans lillisibilité de sa propre histoire avec nous, pourrait au moins en prendre acte, et cesser de vouloir la punir par des provocations politiciennes qui ne feront que la compliquer. Espérons quà loccasion de Nice, les deux présidents sauront dépasser ces aléas, et parler de lessentiel. Lessentiel ? Mais cest lamitié, bien sûr.
B. D.
Les Débats, 31 mai 2010

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