Le terrible “deux poids deux mesures” de la France

Par Youcef Aouchiche
“Que la France défende un soldat (Gilad Shalit) d’une armée d’occupation, capturé sur son char les armes à la main est une chose ; qu’elle se refuse à tout faire pour libérer un jeune (Salah Hamouri), dont il est établi qu’il n’est que Français qui a été condamné à 7 ans de prison, sans le moindre fait établi constitutif d’un délit, par un tribunal militaire d’occupation, tout aussi illégal que l’occupation elle-même, en est une tout autre. Que le Président reçoive, à plusieurs reprises, la famille du premier est une chose. Qu’il se refuse obstinément à rejeter toute entrevue avec la famille du second, en est une tout autre « , se sont là quelques phrases, tirées d’une lettre d’un député français, qui mettent en avance une amère vérité d’une attitude très répondue que les responsables français, à leur tête Nicolas Sarkozy, utilisent dans le traitement des affaires courantes de leurs citoyens. Ce traitement distinct dévoile les intentions malhonnêtes du gouvernement Sarkozy, qui ne s’intéresse désormais qu’à la défense de ses intérêts et de sa politique purement raciale et fasciste, au détriment de l’éthique et des valeurs d’égalité, de solidarité et de fraternité. Ces valeurs, tant vantées, cachent mal la politique de deux poids deux mesures, qui fait le logo quotidien du locataire de l’Elysée et de son staff.
Un jeune victime d’injustice
Ces derniers viennent de récidiver en ignorant, pour la énième fois, les cris au secours de la famille de Salah Hamouri, le plus vieux prisonnier français incarcéré, depuis 5 ans, dans les geôles sionistes, pour un crime qu’il n’a pas commis. Injustement arrêté et enfermé le 13 mars 2005, puis condamné en 2008 à 7 ans d’emprisonnement, le jeune Hamouri est certainement très déçu et accablé par le silence coupable des autorités de son pays. Lors de son jugement par un tribunal militaire de l’occupant, Salah fût soumis à un odieux chantage : malgré un dossier vide, aucune preuve sur laquelle s’appuyer, soit il plaidait coupable et passait 7 ans en prison, soit il continuait à clamer son innocence et était condamné au double. Il fut ainsi accusé d’appartenir au Front Populaire de Libération de la Palestine et d’avoir projeté d’assassiner le rabin, Ovadia Yossef, chef spirituel du parti juif ultra-othodoxe, Shass. Ces pratiques immorales sont en cours, alors que cette juridiction coloniale est totalement illégale, au regard du droit international. Salah Hamouri est aussi français, né d’un père palestinien et d’une mère française. Ainsi, il dispose normalement de la même protection diplomatique que ses concitoyens, que la France a le devoir de lui accorder.
Malheureusement, il n’en est rien et les dirigeants français se sont totalement désinvestis de son avenir et de sa situation.
Clotilde Reiss libérée sous fond de marchandage
Pourtant, ces derniers ont adopté une position tout à fait contraire concernant l’affaire de Clotilde Reiss. Pour libérer cette dernière, la machine diplomatique française a mobilisé toutes ses forces. Retenue depuis dix mois en Iran, pour avoir participé à des manifestations anti-gouvernementales, Clotilde Reiss est arrivée dimanche après-midi en France, après une libération qui n’a fait l’objet  » d’aucun marchandage  » secret avec Téhéran, selon Paris. Mais, tous les indices montrent le contraire. Mise à part le payement d’une amande de 230 000 Euro, Paris a rejeté la demande américaine d’extradition de l’ingénieur iranien, Magid Kakavan, en début mai, par la justice française. Accusé d’avoir fourni illégalement à l’Iran des composants pouvant avoir des applications militaires, le présumé aurait été transféré à Téhéran. Autre élément : la justice française doit se prononcer aujourd’hui sur la mise en liberté conditionnelle d’Ali Vakili Rad, condamné en 1994 en France, pour l’assassinat, trois ans plus tôt, de l’ex-Premier ministre iranien, Chapour Bakhtiar. S’agit-il ici d’une coïncidence comme le prétendent les autorités française, ou des éléments qui confirment la thèse de marchandage entreprise par Paris, afin d’obtenir la liberté de Clotilde Reiss ? Entre ces deux hypothèses, une chose est sûre. La France a fait l’impossible pour obtenir cette libération. Clotilde Reiss a même été reçue triomphalement par Nicolas Sarkozy, qui a veillé à lui rendre un hommage de marque.
Que reste-t-il de la France des valeurs ?
Certainement qu’Israël n’est pas Téhéran, et les relations qui lient la France avec ces deux pays sont différemment appréciées, mais Sarkozy aurait au moins sauver l’honneur de la 5ème République, en demandant la libération du jeune Salah Hamouri. Malheureusement, ça n’a pas été le cas. Devant ce silence gouvernemental, même les médias et les acteurs politiques de ce pays n’ont pas bougé le petit doigt pour sauver la face.  » Le terrible deux poids, deux mesures « , cité dans la lettre d’un député, continue de sévir, au grand dam des sionistes. Un Français, qui a des liens arabes, ne vaut pas une Française. La solidarité, dite être sans frontières politiques, a montré ses limites. À présent, l’égalité et la justice, dont jouissait la France d’après 1789, doivent changer de camp, car la France de Sarkozy ne peut ou ne veut pas être garante. Aujourd’hui, Salah n’est pas seulement victime de l’occupation sioniste, mais également de leur complicité, qui confirme une fois encore la totale impunité d’Israël face aux crimes qu’il commet.
La Tribune des lecteurs 


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