Main-dSuvre très prisée, celles que lon appelle communément « les petites bonnes » sont arrachées à leur foyer dès lâge de 6 ans, pour servir desclaves corvéables à merci dans la bonne société de Casablanca, de Marrakech, ou encore de Rabat.
En 2005, lorganisation Human Rights Watch avait estimé leur nombre entre 60 000 et 80 000, alertant les pouvoirs publiques et lopinion sur une servitude barbare qui, dans un raffinement de cruautés, soumettait des fillettes de 6, 8, et 10 ans, malléables à souhait, à dinterminables heures de travail, à des sévices, voire à des abus sexuels, pas moins de 14 000 cas ayant été recensés dans la région de Casablanca en 2001.
Même si les verrous dun interdit moyenâgeux sautent progressivement, sous le double effet de la modernisation de la société, plus intransigeante avec le travail des enfants, et du travail des associations dont le dynamisme fait école, le chemin vers lévolution des mSurs est encore long.
Ainsi, alors que la prohibition du travail des moins de 15 ans est stipulée noir sur blanc dans le code du travail, le renforcement de la législation en vigueur pourrait être le meilleur rempart contre un asservissement illégal qui perdure : la loi fondamentale sur lobligation de scolarisation jusquà 15 ans commence à être opérante, et un projet de loi visant à durcir les conditions demploi des domestiques de 15 ans à 18 ans est à létude.
Cruelle réalité de la misère sociale qui, dans une sorte de damnation inéluctable conduit les plus humbles à se séparer de leur progéniture pour leur propre survie, le royaume des « petites bonnes » saura-t-il enfin se mettre sur les bons rails de la modernité ?
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