Maroc, à quelques 200 Km d’Agadir. C’est un village pittoresque situé à l’entrée du désert du Sahara et dont la tranquillité est ponctuée des 5 appels rituels quotidiens du muezzin à la prière. Le 2 décembre 2009, sa vie paisible a été interrompue par les clameurs d’étudiants locaux qui dénonçaient leur situation difficile et le manque d’infrastructures décentes. Leur paisible marche fut violemment interrompue par les autorités qui procédèrent à l’arrestation de nombreux étudiants. Plus tard dans la journée, un comité ad hoc fut constitué pour soutenir les manifestants. Un communiqué fut publié pour demander la libération immédiate des étudiants et pour condamner ce qu’il décrivait comme un traitement barbare de la part des autorités. Bashir Hazzam,un blogueur de la région publia le communiqué [en arabe] avec des liens vers une vidéo prise pendant les événements. Quelques jours plus tard, Bashir et Abdullah Boukfou, le propriétaire du cyber-café fréquenté par le blogueur, furent arrêtés [en anglais] et accusés de publication d’informations fausses pouvant nuire à l’image du pays sur le respect des droits humains. Il s’en est suivi une campagne Internet de soutien, appuyée par des appels lancés par des organisations des droits humains à la libération de Bashir et de ses collègues. Malgré tout, une cour des environs de Guelmim condamna le blogueur à 4 mois de prison alors que ses co-détenus eurent des sentences encore plus sévères.
Cependant, l’appui et le soutien de partout dans le monde augmentèrent la pression sur les autorités marocaines. Bashir fut libéré le 8 février 2010, soit deux mois après son arrestation.
Dans l’interview ci-dessous Bashir raconte son histoire.
Pourriez-vous s’il vous plaît vous présenter à nos lecteurs?
Avant tout, je voudrais remercier Global Voices pour m’avoir donné cette opportunité de me connecter à ses lecteurs, pour le soutien et pour la solidarité démontrés à moi et à ma cause. Je leur souhaite plus de succès et de progrès.
Mon nom est Bashir Hazzam. Je suis né en 1982 à Tarhjicht, où j’ai suivi l’école primaire, ensuite j’ai été à Bouizakarne pour mon éducation secondaire. J’ai obtenu mon baccalauréat en 2002 à Tarhjicht, où j’ai fait l’université de la Sharia (loi coranique) à Ait Melloul à Agadir, me diplômant en droit islamique en 2008. Je me suis engagé très tôt dans le travail associatif au sein d’associations locales et et j’ai été actif dans les activités étudiantes au sein de l’Union nationale des étudiants du Maroc (UNEM). Je suis membre du groupe Justice et charité (un groupe islamiste interdit de jure, connu aussi comme Al-Adl wal-Ihssan ou Al-Adl), et blogueur depuis 2007.
Comment avez-vous découvert la blogosphère et au sujet de quoi écrivez-vous en général?
J’ai découvert le monde du blogging quand j’étais étudiant : j’ai vu de nombreux blogs et réalisé que bloguer permet aux gens de publier facilement leurs idées, sans aucun contrôle et gratuitement. L’idée m’a tellement plu que, après une brève recherche, j’ai fini par créer mon blog personnel sur le site web Maktoob qui publie en arabe. C’était le premier septembre 2007, j’ai choisi de l’appeler Al-Bushra (Les bonnes nouvelles). Mon premier billet était intitulé: Promesses électorales: Faits ou fiction. J’ai d’ailleurs été interrogé par la police sur le contenu de cet article, lorsque j’ai été arrêté en décembre. En ce qui concerne le contenu de mes écrits, je blogue généralement sur la politique nationale, internationale, sur des thèmes intellectuels et religieux.
Dans quelle mesure le blogging et Internet en général vous ont aidé dans votre vie et vos activités?
La blogosphère m’a permis d’échanger des points de vue et des idées ainsi que de communiquer avec beaucoup de blogueurs et écrivains du monde entier. Ce qui a eu un impact positif sur ma vie. Bien que je sois nouveau dans cette activité, je crois qu’avec le temps, je serai capable de découvrir des choses nouvelles et importantes. Malgré le fait que je sois nouveau dans ce domaine, je crois qu’avec le temps, je serai capable d’améliorer ma compétence de blogging chaque jour. Internet se développe rapidement, ce qui rend son utilisation hautement profitable pour ceux qui le maitrisent.
Après votre arrestation avec Abdullah Boukfou et d’autres, les autorités ont prétendu avoir agi parce que vous aviez publié de fausses informations nuisibles à la réputation du Maroc. Êtes-vous d’accord avec cette version des faits ? Comment expliquez-vous les raisons derrière cette détention?
Je conteste complètement la version officielle parce que le communiqué [que j’ai publié sur mon blog] ne contient aucun terme qui pourrait être considéré comme une atteinte à la réputation ou aux intérêts du pays. Quiconque jette un coup d’oeil sur ce communiqué peut confirmer que son contenu ne comporte aucune insulte à la réputation du pays. Au point que la cour a déclaré le contenu inoffensif et m’a acquitté pour cette charge spécifique, mais m’a jugé pour la participation à une manifestation armée, même si je n’ai pas participé à cette manifestation. Cette accusation m’a vraiment surpris.
Je pense que la raison derrière mon arrestation est la volonté d’imposer le silence aux médias sur les événements qui ont eu lieu à Tarhjicht, après la violente répression des forces de sécurité contre des étudiants qui manifestaient pacifiquement et la population qui les a soutenus. Les autorités essaient d’empêcher la vérité de se révéler au grand jour.
En fait l’accusation de ternir la réputation du pays sur les droits humains devrait être adressée aux autorités locales qui ont utilisé la violence de toute nature contre des manifestants et des détenus, qui réclamaient simplement leurs droits de manière pacifique et civilisée. Nous ne devrions absolument pas être blâmés. Pour n’avoir publié que les faits tels qu’ils ont eu lieu, nous sommes devenus des victimes de la tyrannie qui a frappé la population sans discrimination.
Comment avez-vous été traités pendant votre détention ? Et pensez-vous avoir bénéficié d’un jugement équitable?
A part quelques provocations initiales au début de l’enquête, les policiers m’ont bien traité. Le procès n’a pas été équitable : j’ai été condamné à quatre mois de prison, Abdullah Boukfou, le propriétaire du cyber-café, à un an, alors que trois autres étudiants et le blogueur Boubaker Al-Yadib (qui a été libéré entre-temps) ont été condamnés à six mois de prison. Le jugement s’orientait vers notre acquittement de toutes les charges, mais contre toute attente, le verdict a été prononcé contre nous. Nous, et notre équipe de défense, avons eu le sentiment que le jugement était contrôlé par les autorités. Ce sentiment a été renforcé par le fait que les verdicts ont été inégaux, particulièrement parce que les charges retenues contre moi étaient les mêmes que celles contre contre Abdullah Boukfou, mais lui, il a fini par être plus lourdement condamné que moi.
Il y a eu plusieurs interprétations sur votre libération de prison : certains ont pensé que c’était un
e reconnaissance implicite des autorités de leur erreur, d’autres, que c’était un exercice de relations publiques pour sauvegarder l’image du pays à l’étranger . Quelle est votre sentiment à ce sujet?
Toutes ces versions pourraient être vraies. Elles pourraient toutes justifier la décision des autorités de revenir sur leur attitude initiale, qui a simplement donné une image négative et une mauvaise réputation du pays à l’étranger.
A votre avis la campagne de solidarité a-t-elle influencé le cours des événements? Ces campagnes sont-elles utiles?
Oui, ces campagnes de solidarité des blogueurs au Maroc et à l’étranger, conduites par l’Association marocaine des blogueurs, et largement soutenues par les organisations nationales et internationales des droits humains en particulier Reporters sans Frontières, Freedom House, ainsi que les médias, ont contribué de manière significative à influencer et à mettre la pression sur les autorités pour nous libérer. Grâce à tous ces efforts – et que Allah soit loué – j’ai retrouvé ma liberté après deux mois passés en prison. Sans ces campagnes, je serais resté derrière les barreaux. Mon appartenance à Al-Adl, a aussi apporté une pression significative, comme c’est la plus grande organisation politique de l’opposition au Maroc. Tous ces facteurs ont certainement contribué à ma libération.
Comment qualifieriez-vous la liberté d’expression au Maroc, particulièrement sur Internet?
La liberté d’expression dans notre pays est en chute libre et en constante détérioration. Les données des organisations internationales confirment cette affirmation, en plaçant le Maroc parmi les pays ayant la pire considération pour le respect de la liberté d’expression. La réalité, aussi, confirme cette perception avec les nombreuses arrestations et procès de blogueurs, journalistes, militants des droits humains et des personnalités de l’opposition, uniquement pour leurs opinions. En ce qui concerne la liberté sur Internet, l’Etat veut de plus en plus imposer son contrôle. Cette volonté a été illustrée par les attaques contres des blogueurs et la récente arrestation, il y a deux semaines, du web designer Abdellatif Ouiass, créateur du site web The World’s Best Head of State [le Meilleur chef d’état du monde], même s’il a été libéré entre temps sur caution.
Tout ces faits démontrent clairement comment les mains et les oreilles des services secrets marocains veulent étendre leur contrôle sur Internet. Ce qui ne réussira pas, cependant, à avoir un impact significatif considérant l’étendue de la révolution de l’information, qui l’emporte chaque jour sur les régimes répressifs.
Après tout ce qui est arrivé, avez-vous changé votre manière de bloguer ou d’écrire? Pratiquez-vous l’auto-censure ?
Ce qui est arrivé ne m’affectera pas. Malgré la détention arbitraire, je garde mon style intact. Ça ne changera pas mes pensées ou mes opinions. Chacun dans ce monde a le droit d’exprimer ses opinions sans aucune censure tant que ce ne sera pas de manière contraire à la loi, qui est bien connue à cet égard.
Quels conseils auriez-vous à donner aux blogueurs au Maroc et dans le reste du monde qui craignent la colère de leurs gouvernements ?
Je leur dirais de profiter des avantages technologiques offerts par Internet pour améliorer leur compétences et talents, et exprimer leurs ambitions et aspirations par le blogging, pour rompre la marginalisation imposée par les Etats autoritaires, surtout sur les jeunes. C’est un moyen pour ces pays d’atteindre le véritable progrès et garder le contact avec les pays développés, à condition que la liberté d’expression reste disciplinée, responsable et respectueuse de la vie privée et de la spécificité d’autrui. Il ne devrait y avoir aucune crainte d’arrestation ou de répression qui puisse entraver la volonté des gens, aussi longtemps que ce que le blogueur publie n’enfreint pas la loi.
Avez-vous un dernier mot pour ceux qui ont exprimé leur solidarité avec vous ?
En conclusion, et à travers ce média libre, je voudrais exprimer mon remerciement et ma gratitude à tout ceux qui m’ont soutenu pendant cette rude épreuve, en particulier à l’Association des blogueurs marocains, à tous les blogueurs et militants dans le pays et à l’étranger, qui ont démontré une grande solidarité à mon égard. Je remercie aussi mes avocats défenseurs, les médias qui ont soutenu ma cause, mes frères de l’association Justice et charité ainsi que toutes les organisations nationales et internationales des droits humains, plus particulièrement Freedom House, Reporters sans Frontières et tous ceux, à travers le monde, dont la conscience les a conduits à soutenir mon cas. Je leur demande de continuer à apporter leur solidarité jusqu’à la libération de Abdullah Boukfou, Abdellatif Ouiass (qui n’a été libéré que sous caution) et tous les prisonniers de conscience dans toutes les prisons du pays.
Globalvoicesonline
Cependant, l’appui et le soutien de partout dans le monde augmentèrent la pression sur les autorités marocaines. Bashir fut libéré le 8 février 2010, soit deux mois après son arrestation.
Dans l’interview ci-dessous Bashir raconte son histoire.
Pourriez-vous s’il vous plaît vous présenter à nos lecteurs?
Avant tout, je voudrais remercier Global Voices pour m’avoir donné cette opportunité de me connecter à ses lecteurs, pour le soutien et pour la solidarité démontrés à moi et à ma cause. Je leur souhaite plus de succès et de progrès.
Mon nom est Bashir Hazzam. Je suis né en 1982 à Tarhjicht, où j’ai suivi l’école primaire, ensuite j’ai été à Bouizakarne pour mon éducation secondaire. J’ai obtenu mon baccalauréat en 2002 à Tarhjicht, où j’ai fait l’université de la Sharia (loi coranique) à Ait Melloul à Agadir, me diplômant en droit islamique en 2008. Je me suis engagé très tôt dans le travail associatif au sein d’associations locales et et j’ai été actif dans les activités étudiantes au sein de l’Union nationale des étudiants du Maroc (UNEM). Je suis membre du groupe Justice et charité (un groupe islamiste interdit de jure, connu aussi comme Al-Adl wal-Ihssan ou Al-Adl), et blogueur depuis 2007.
Comment avez-vous découvert la blogosphère et au sujet de quoi écrivez-vous en général?
J’ai découvert le monde du blogging quand j’étais étudiant : j’ai vu de nombreux blogs et réalisé que bloguer permet aux gens de publier facilement leurs idées, sans aucun contrôle et gratuitement. L’idée m’a tellement plu que, après une brève recherche, j’ai fini par créer mon blog personnel sur le site web Maktoob qui publie en arabe. C’était le premier septembre 2007, j’ai choisi de l’appeler Al-Bushra (Les bonnes nouvelles). Mon premier billet était intitulé: Promesses électorales: Faits ou fiction. J’ai d’ailleurs été interrogé par la police sur le contenu de cet article, lorsque j’ai été arrêté en décembre. En ce qui concerne le contenu de mes écrits, je blogue généralement sur la politique nationale, internationale, sur des thèmes intellectuels et religieux.
Dans quelle mesure le blogging et Internet en général vous ont aidé dans votre vie et vos activités?
La blogosphère m’a permis d’échanger des points de vue et des idées ainsi que de communiquer avec beaucoup de blogueurs et écrivains du monde entier. Ce qui a eu un impact positif sur ma vie. Bien que je sois nouveau dans cette activité, je crois qu’avec le temps, je serai capable de découvrir des choses nouvelles et importantes. Malgré le fait que je sois nouveau dans ce domaine, je crois qu’avec le temps, je serai capable d’améliorer ma compétence de blogging chaque jour. Internet se développe rapidement, ce qui rend son utilisation hautement profitable pour ceux qui le maitrisent.
Après votre arrestation avec Abdullah Boukfou et d’autres, les autorités ont prétendu avoir agi parce que vous aviez publié de fausses informations nuisibles à la réputation du Maroc. Êtes-vous d’accord avec cette version des faits ? Comment expliquez-vous les raisons derrière cette détention?
Je conteste complètement la version officielle parce que le communiqué [que j’ai publié sur mon blog] ne contient aucun terme qui pourrait être considéré comme une atteinte à la réputation ou aux intérêts du pays. Quiconque jette un coup d’oeil sur ce communiqué peut confirmer que son contenu ne comporte aucune insulte à la réputation du pays. Au point que la cour a déclaré le contenu inoffensif et m’a acquitté pour cette charge spécifique, mais m’a jugé pour la participation à une manifestation armée, même si je n’ai pas participé à cette manifestation. Cette accusation m’a vraiment surpris.
Je pense que la raison derrière mon arrestation est la volonté d’imposer le silence aux médias sur les événements qui ont eu lieu à Tarhjicht, après la violente répression des forces de sécurité contre des étudiants qui manifestaient pacifiquement et la population qui les a soutenus. Les autorités essaient d’empêcher la vérité de se révéler au grand jour.
En fait l’accusation de ternir la réputation du pays sur les droits humains devrait être adressée aux autorités locales qui ont utilisé la violence de toute nature contre des manifestants et des détenus, qui réclamaient simplement leurs droits de manière pacifique et civilisée. Nous ne devrions absolument pas être blâmés. Pour n’avoir publié que les faits tels qu’ils ont eu lieu, nous sommes devenus des victimes de la tyrannie qui a frappé la population sans discrimination.
Comment avez-vous été traités pendant votre détention ? Et pensez-vous avoir bénéficié d’un jugement équitable?
A part quelques provocations initiales au début de l’enquête, les policiers m’ont bien traité. Le procès n’a pas été équitable : j’ai été condamné à quatre mois de prison, Abdullah Boukfou, le propriétaire du cyber-café, à un an, alors que trois autres étudiants et le blogueur Boubaker Al-Yadib (qui a été libéré entre-temps) ont été condamnés à six mois de prison. Le jugement s’orientait vers notre acquittement de toutes les charges, mais contre toute attente, le verdict a été prononcé contre nous. Nous, et notre équipe de défense, avons eu le sentiment que le jugement était contrôlé par les autorités. Ce sentiment a été renforcé par le fait que les verdicts ont été inégaux, particulièrement parce que les charges retenues contre moi étaient les mêmes que celles contre contre Abdullah Boukfou, mais lui, il a fini par être plus lourdement condamné que moi.
Il y a eu plusieurs interprétations sur votre libération de prison : certains ont pensé que c’était un
e reconnaissance implicite des autorités de leur erreur, d’autres, que c’était un exercice de relations publiques pour sauvegarder l’image du pays à l’étranger . Quelle est votre sentiment à ce sujet?
Toutes ces versions pourraient être vraies. Elles pourraient toutes justifier la décision des autorités de revenir sur leur attitude initiale, qui a simplement donné une image négative et une mauvaise réputation du pays à l’étranger.
A votre avis la campagne de solidarité a-t-elle influencé le cours des événements? Ces campagnes sont-elles utiles?
Oui, ces campagnes de solidarité des blogueurs au Maroc et à l’étranger, conduites par l’Association marocaine des blogueurs, et largement soutenues par les organisations nationales et internationales des droits humains en particulier Reporters sans Frontières, Freedom House, ainsi que les médias, ont contribué de manière significative à influencer et à mettre la pression sur les autorités pour nous libérer. Grâce à tous ces efforts – et que Allah soit loué – j’ai retrouvé ma liberté après deux mois passés en prison. Sans ces campagnes, je serais resté derrière les barreaux. Mon appartenance à Al-Adl, a aussi apporté une pression significative, comme c’est la plus grande organisation politique de l’opposition au Maroc. Tous ces facteurs ont certainement contribué à ma libération.
Comment qualifieriez-vous la liberté d’expression au Maroc, particulièrement sur Internet?
La liberté d’expression dans notre pays est en chute libre et en constante détérioration. Les données des organisations internationales confirment cette affirmation, en plaçant le Maroc parmi les pays ayant la pire considération pour le respect de la liberté d’expression. La réalité, aussi, confirme cette perception avec les nombreuses arrestations et procès de blogueurs, journalistes, militants des droits humains et des personnalités de l’opposition, uniquement pour leurs opinions. En ce qui concerne la liberté sur Internet, l’Etat veut de plus en plus imposer son contrôle. Cette volonté a été illustrée par les attaques contres des blogueurs et la récente arrestation, il y a deux semaines, du web designer Abdellatif Ouiass, créateur du site web The World’s Best Head of State [le Meilleur chef d’état du monde], même s’il a été libéré entre temps sur caution.
Tout ces faits démontrent clairement comment les mains et les oreilles des services secrets marocains veulent étendre leur contrôle sur Internet. Ce qui ne réussira pas, cependant, à avoir un impact significatif considérant l’étendue de la révolution de l’information, qui l’emporte chaque jour sur les régimes répressifs.
Après tout ce qui est arrivé, avez-vous changé votre manière de bloguer ou d’écrire? Pratiquez-vous l’auto-censure ?
Ce qui est arrivé ne m’affectera pas. Malgré la détention arbitraire, je garde mon style intact. Ça ne changera pas mes pensées ou mes opinions. Chacun dans ce monde a le droit d’exprimer ses opinions sans aucune censure tant que ce ne sera pas de manière contraire à la loi, qui est bien connue à cet égard.
Quels conseils auriez-vous à donner aux blogueurs au Maroc et dans le reste du monde qui craignent la colère de leurs gouvernements ?
Je leur dirais de profiter des avantages technologiques offerts par Internet pour améliorer leur compétences et talents, et exprimer leurs ambitions et aspirations par le blogging, pour rompre la marginalisation imposée par les Etats autoritaires, surtout sur les jeunes. C’est un moyen pour ces pays d’atteindre le véritable progrès et garder le contact avec les pays développés, à condition que la liberté d’expression reste disciplinée, responsable et respectueuse de la vie privée et de la spécificité d’autrui. Il ne devrait y avoir aucune crainte d’arrestation ou de répression qui puisse entraver la volonté des gens, aussi longtemps que ce que le blogueur publie n’enfreint pas la loi.
Avez-vous un dernier mot pour ceux qui ont exprimé leur solidarité avec vous ?
En conclusion, et à travers ce média libre, je voudrais exprimer mon remerciement et ma gratitude à tout ceux qui m’ont soutenu pendant cette rude épreuve, en particulier à l’Association des blogueurs marocains, à tous les blogueurs et militants dans le pays et à l’étranger, qui ont démontré une grande solidarité à mon égard. Je remercie aussi mes avocats défenseurs, les médias qui ont soutenu ma cause, mes frères de l’association Justice et charité ainsi que toutes les organisations nationales et internationales des droits humains, plus particulièrement Freedom House, Reporters sans Frontières et tous ceux, à travers le monde, dont la conscience les a conduits à soutenir mon cas. Je leur demande de continuer à apporter leur solidarité jusqu’à la libération de Abdullah Boukfou, Abdellatif Ouiass (qui n’a été libéré que sous caution) et tous les prisonniers de conscience dans toutes les prisons du pays.
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