La résolution 1754 et celles qui ont suivi ont demandé aux parties de « négocier de bonne foi sans conditions préalables, en tenant compte des progrès réalisés ces derniers mois, en vue de parvenir à une solution juste, durable et mutuellement acceptable permettant l’auto-détermination du peuple du Sahara occidental« .
Le Maroc, dès le début, a essayé de faire de sa soi-disant proposition d’autonomie la seule base de négociation. Dans cette tentative il a pu compter avec la collaboration de l’ancien Envoyé personnel, Peter van Walsum. La partialité scandaleuse de Walsum en faveur du Maroc Walsum a provoqué sa « destitution » par la procédure de non-renouvellement de sa mission. Par contre, le Front Polisario a toujours admis que la position marocaine soit considérée comme l’une des options lors du référendum d’autodétermination.
Le rapport du Secrétaire général critique clairement la position marocaine. Aucune autre explication ne peut être donnée à ce paragraphe:
Je recommande que le Conseil de sécurité demande à nouveau aux parties, le Maroc et le Front Polisario, de négocier de bonne foi et sans conditions préalables, sous les auspices de mon Envoyé personnel, et de faire preuve de la volonté politique nécessaire pour engager un débat de fond et assurer le succès des négociations, en faisant fond sur la teneur de leurs deux propositions et en les élaborant plus avant lorsque cela est possible.
Si nous réfléchissons attentivement à cela nous verrons que … la solution qui fait fond sur la teneur et développe les deux propositions a déjà été formulée! Cette solution s’appelle « Plan Baker » et elle a été considérée par unanimité par le Conseil de Sécurité comme la « solution politique optime » dans sa résolution 1495.
L’on démontrerait ainsi que, comme cela a été indiqué dans ce blog, que c’est le « Plan Baker » que le nouvel Envoyé Personnel, Christopher Ross, envisage. Et il ne peut pas être autrement parce qu’il est impossible d’aller au-delà du dit plan.
Le rapport du SG traite longuement la question des droits de l’homme. Mais il ne le fait pas toujours correctement… Ils sont nombreux les paragraphes dans lesquels le SG cache délibérément la réalité des faits.
Le Secrétaire Général fait allusion, à deux reprises (dans les paragraphes 12 et 16), qu’il y a des dénonciations mutuelles … mais il n’y a que le Front Polisario qui se montre disposé à accepter un mécanisme de contrôle et de surveillance :
En ce qui concerne les questions de droits de l’homme, les parties ont interchangé des accusations de violations et de dénonciations sur la forme avec laquelle chacune d’elles s’occupait de ces sujets. Le Front Polisario a demandé l’établissement d’un mécanisme de surveillance des Nations Unies et le Maroc a exprimé son opposition.
Quelque chose qui, comme j’ai dit ici, a une interprétation qui ne laisse aucun doute : et c’est que le Maroc accuse, mais … il ne veut pas d’enquête sur les accusations, alors que le Front Polisario accuse et il souhaite effectivement cette enquête.
Par conséquent, il s’avère impossible de tolérer des paragraphes comme ceux qui suivent:
– Premièrement, qu’il suggère que les violations des droits de l’homme ne soient pas dénoncées publiquement!
Mon Envoyé Personnel a proposé que, pour éviter d’empoisonner l’atmosphère, les parties communiquent leurs inquiétudes à ce sujet à travers lui et pas publiquement
– Deuxièmement, il est intolérable que le rapport du SG cache que, tandis que les violations de droits de l’homme dénoncées par le Front Polisario ont été vérifiées et reconnues pour le propre SG (paragraphes 61 à 63 du rapport), AUCUNE des violations supposées des droits humains dénoncées par le Maroc n’a été ni vérifiée ni reconnue pour le SG.
– Troisièmement, il est scandaleux, que le rapport du SG cache la recherche effectuée PAR UN ORGANE QUI DÉPEND de LUI à savoir, le Haut Comissariat des Nations Unies pour les Droits de l’homme, qui dans son rapport de 2006, a clairement constaté que la responsabilité des violations des droits de l’homme incombe en premier lieu au Maroc.
– Quatrièmement, le rapport dit que les défenseurs sahraouis des droits de l’homme arrêtés à Casablanca, le 8 octobre « ont été détenus à leur retour et ensuite accusés de trahison par un tribunal militaire ». Donc, soit le Secrétaire Général de l’ONU ment, soit c’est le directeur du Cabinet du président du Gouvernement espagnol, Rodríguez Zapatero, qui ment. Parce que, comme j’ai exposé ici, le directeur du Cabinet de Rodríguez a dit que l’on « l’attente à ce que les charges dont ils sont accusés soit concrétisées ». L’un des deux ne dit pas la vérité. Lequel? Ban Ki Moon ou Rodríguez Zapatero ?
– En dernier lieu, il est inacceptable que dans les « observations et recommendations », le rapport se limite à dire : » Je désire exprimer ma préoccupation pour la situation en ce qui concerne les droits de l’homme. Chacune des parties accuse l’autre des violations relatives aux saharauis dans le Territoire et dans les camps de réfugiés, et chaque partie nit ces accusations.
Ponce Pilate n’aurait pas fait mieux.
III. &Et il maintient le silence complice sur la spoliation des ressources naturelles du Sahara Occidental&
Le scanda
le monte d’un degré lorsqu’on vérifie que dans ce rapport il n’y a AUCUNE référence aux ressources naturelles. Il n’y a même pas de référence au rapport légal du Parlement Européen qu’il a été révélé le 23 février 2010 et qui signale que l’accord de pêche de l’UE avec le Maroc viole le Droit international après avoir vulnéré les droits du peuple sahraoui.
L’omission devient encore plus suspecte si l’on tient en compte que l’Observatoire pour les Ressources naturelles du Sahara Occidental (WSRW) s’est adressé à Ban Ki Moon pour lui rappeller les résolutions de Nations Unies qui sont violées avec l’expoliation des ressources naturelles du Sahara et en lui rappelant que cette expoliation constitue un obstacle de premier ordre devant la décolonisation du territoire.
IV. & Entre-tant, il essaie de relativiser l’importance centrale de l’autodétermination
Le plus grave de ce rapport est, peut-être, que Ban Ki Mun, malgré son soutient que la solution doit prendre en compte la proposition faite par le Front Polisario, il ne dit pas que cette solution DOIT FACILITER L’AUTODÉTERMINATION. Deux paragraphes du rapport sont spécialement inquiétants.
Le premier :
17. (…) Pour mon Envoyé Personnel il était évident que le différend fondamentale et jusqu’à présent non négociable entre les deux parties est liée à la libre détermination. Avec le soutien de l’Algérie, le Front Polisario insiste sur un référendum avec des options multiples, l’indépendance incluse, tandis que le Maroc insiste sur un régime d’autonomie négocié et un référendum de confirmation avec une option unique.
Qu’est-ce qu’il arrive? Que l’ONU est « équidistante » entre une position qui respecte l’autodétermination et une autre qui défend un référendum AVEC UNE SEULE OPTION (oui ou oui)?
Le deuxième :
79. Finalement, je désire exprimer ma reconnaissance à M. Christopher Ross, mon Envoyé Spécial, pour son diligent travail avec les parties pour arriver à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable du conflit du Sahara Occidental.
Qu’est ce qu’il se passe? Que Ross cherche une solution (politique, juste, etc, etc) qui ne prévoit pas l’autodétermination? Ou bien que Ross cherche effectivement une telle solution& et c’est Ban Ki-Moon qui a exclu l’exigence de l’autodétermination dans la solution?
Dans les deux cas, c’est inacceptable parce que la résolution du Conseil de Sécurité, que j’ai mentionné ci-dessus, est très clair : Des négociations de bonne foi sans conditions préalables en tenant en compte des progressions enregistrées dans ces derniers mois, en vue d’arriver à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permet l’autodétermination du peuple du Sáhara Occidental.
Et pour le comble, le rapport demande la prorogation d’un an (paragraphe 78). Est-ce là la façon dont il veut s’occuper de l’affaire? Il est clair que s’il y avait une volonté réelle de résoudre le problème, il aurait demandé une prorogation de TROIS MOIS.
Il y a d’autres choses bizarres dans le rapport. Par exemple, dans le paragraphe 7, il fait allusion au paragraphe « 64 » qui s’avère le numéro « 63 ». C’est une preuve nettre que le rapport original a été changé. Qui en a fait pression?
Le rapport critique d’une certaine manière le Maroc (son attitude négociatrice contraire au dictat du Conseil de Sécurité), mais il se tait sur la culpabilité marocaine dans d’autres faits, soit totalement (la spoliation des ressources naturelles), soit partiellement (les violations de droits de l’homme).
Christopher Ross a devant lui une élection. Soit il essaie de suivre la voir de James Baker, soit celle de Peter van Walsum. Les considérations sur le processus de négociation le rapprochent de Baker; mais son « équidistance » en matière des droits de l’homme l’approche de van Walsum. Walsum a été viré. Baker est parti, en appellant les choses per leur nom. L’histoire les a déjà jugés.
Ross, quelle place veut-il dans l’histoire ?
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