Vous avez pu constater que le roi navait aucun porte-parole. Personne pour répondre au téléphone. Renseigner. Dire oui, non, pardon, merci, au revoir. Répondre placidement: Ici, palais royal. Ou alors, plus classiquement: Euh.. Mmm.. Monsieur nest pas là. Vous savez bien. Hassan II, non plus, navait pas de porte-parole. Mais cétait Hassan II. Une autre époque, beaucoup moins rieuse que ce que peuvent imaginer les 22 000 membres criants et chantants de Sa Majesté Hassan II, roi du Maroc sur Facebook. Les Hassanistes de 20 ans de moyenne dâge ont au moins compris une chose: quand le consensus, ou simplement le silence, nest plus possible, il faut employer la manière forte. Frapper dans le tas, sans discernement si possible. Le modérateur du Fans club le dit le plus fièrement du monde: Maintenant que vous nêtes pas daccord, chuuuut, jimpose la dictature. Il y a comme ça des petits jeux de boutonneux et de militants du Net à la face enfarinée qui méritent au moins une pause café pour essayer de comprendre. Hassan II, on la dit, cétait une autre époque. Besoin simplement dun Driss Basri, un Moulay Hafid Alaoui, et autres illustres serviteurs zélés pour faire le ménage et balayer devant sa porte. Un porte-parole, pourquoi faire? Maintenant, depuis quHassan Aourid, lintello du Collège Royal, coule des jours heureux à Meknès, la maison de Mohammed VI na plus de porte-parole. Et il faut bien quil y en ait un. Ne serait-ce que pour jouer au standardiste qui ne renseigne jamais sur rien. Mais qui déroche au moins le téléphone. Cest important parce que, comme disaient nos grand-mères et toute personne qui a mis les pieds au moins une fois à La Mecque: Aujourdhui nest pas hier. Aujourdhui, on a forcément besoin davoir quelquun au téléphone.
Tel Quel, 26/01/09
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