Détenus dopinion ou prisonniers politiques ?

Par Mohammed Larbi

La question du Sahara occidental revient, dici la fin de ce mois, devant le Conseil de sécurité. Un examen régulier décidé en 1991 et qui précède le renouvellement du mandat de la Minurso, autrement dit de la Mission des Nations unies chargée de lorganisation du référendum au Sahara occidental. Une mission bien précise et qui correspond exactement avec le statut de ce territoire décidé par lONU à lunanimité de ses membres. Ce qui veut dire aussi que les populations de ce territoire nont pu sexprimer, non pas faute de volonté, mais parce quil y a opposition dune force doccupation. Et cest du Maroc quil sagit. Et si lONU na pas hésité à cerner avec exactitude la nature de ce conflit, il en est qui sen éloignent dans ce que lon considère comme étant lié à cette situation. Une occupation génère souvent sinon toujours des réactions, ou le simple rejet pour être plus précis. Et cest cette opposition qui est parfois mal qualifiée, voire même dénaturée. Comme en ce qui concerne les réfugiés et les résistants sahraouis. Les premiers nont pas fui une quelconque calamité naturelle, mais une invasion militaire, et un occupant déterminé à faire le vide. Et cest cette réalité à laquelle sopposent les seconds en recourant à des moyens pacifiques. Ce qui ne fait pas deux de simples opposants, ou encore des détenus dopinion, mais des prisonniers politiques. Il est alors malheureux que des organisations supposées les défendre leur refusent ce statut. Ils sont dans ce cas de plus en plus nombreux parmi les Sahraouis à défendre ce quil y a de plus précieux, le droit à lexistence, car cest de cela quil sagit.

Cest le droit le plus élémentaire, et les ONG en question nen parlent pas en ces termes, car cela suppose le strict respect du postulat de départ qui est loccupation marocaine, et respecter pleinement le combat de ceux quon appelle les activistes sahraouis. Résistants serait plus approprié, car ce terme nest pas restreint à un seul combat aussi respectable que le droit à lexpression, mais il traduit à lui seul toute une réalité. En parler autrement, cest dénaturer cette dernière, comme dans le cas qui consiste plus globalement à traiter la question sahraouie et même palestinienne, sous le simple aspect humanitaire. Les uns et les autres nont jamais demandé un bol de riz ou un sac de farine, mais le recouvrement de leurs droits nationaux. Il devient alors au moins malheureux que des ONG dites de défense des droits de lhomme, en viennent à faire lamalgame entre situations différentes, sans se prémunir du risque derreur, sinon quand elles perdent le bénéfice du doute, de se faire les complices de forces et de maux quelles sont supposées combattre. Ces mêmes organisations ne doivent en tout état de cause pas faire le chemin à moitié, ou encore compter les morts comme cela leur arrive dans certains conflits, mais traiter de ces derniers pour mieux introduire lobjet du débat. Simple question de méthode ?

El Watan, 03/04/2010

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