Dimanche 21 mars 2010 : Faits et enseignements
Dimanche 21 mars 2010, n’est pas un « dimanche noir » comme pourraient le qualifier certains myopes. Le dimanche 21 mars 2010, jour qui coïncide normalement avec le premier jour du printemps, est un jour prometteur, un jour révélateur, un jour annonciateur d’un autre printemps, le printemps des masses populaires, le printemps des humbles, des travailleurs, des femmes, des combattant-es, bref l’annonciateur du printemps de la résistance, de l’émancipation et de la libération.
Je ne vais pas parler des luttes populaires que connaissent Tata, Guercif, Missour, Bouarfa, Taounate, Elhouceima, Rabat, Beni-Mellal, Khénifra…Les militant-es de ces régions doivent en parler, les militant-es qu’y sont impliqué-es directement doivent assurer la couverture médiatique de ces divers combats pour la dignité, pour un autre Maroc, le Maroc des travailleurs, le Maroc des producteurs, le Maroc du peuple.
Je vais me limiter au dimanche 21 mars 2010 de Casablanca, un dimanche riche en événements et surtout riche en enseignements. A 8h du matin, des militants et surtout des victimes de la marginalisation makhzanienne étaient déjà au local d’ANNAHJ ADDIMOCRATI (la Voie Démocratique :VD)n et cela dans l’attente de rejoindre la point de départ de la marche populaire, marche de protestation contre l’indifférence de l’Etat devant la situation catastrophique des sans-droits au logement salubre, face aux conditions inhumaines où se trouvent les sans-toits…Vers 8h45, tout le quartier fut bouclé : des fourgonnettes, des camions, des bus, des voitures de police débarquent une armada. La place du rassemblement fut occupée par de diverses forces de répression, la rue où se trouvent le siège d’ANNAHJ fut interdite à la circulation, aux passants. La porte de l’immeuble qui abrite le siège d’ANNAHJ fut fermée. L’accès au local fut interdit même aux dirigeants d’ANNAHJ. Le wali (le patron de Casablanca)en personne dirigeait les opérations. Des centaines de victimes de l’arbitraire (hommes et surtout femmes) forcèrent certains barrages des « sécuritaires », des militant-es associatifs(ves) arrivent : on scandait des slogans, on criait au scandale : « c’est honteux, c’est honteux, ANNAHJ est encerclé ! » tonnent les voix des victimes des politiques de l’Etat. L’état major de la répression ne pouvait en supporter plus,les premiers coups de matraque commencèrent à pleuvoir sur les têtes des protestataires, ce qui a provoqué une réaction énergique des victimes, les premières blessées tombèrent par terre. Les « sécuritaires », désagréablement surpris par la réaction énergique de la masse, essaient d’obtenir des ordres clairs et nets de ceux de Rabat : faut-ils faire la répétition de 23 mars 1965 ? On était le 21 mars 2010, dans 2 jours ce sera la commémoration de l’intifada 23 mars, il y a de cela 55 ans. Le « Comité de suivi du Dossier de l’Habitat », par la voix de son coordinateur , le camarade Md Abounasr, demanda à la foule en ébullition de rejoindre la CDT (à Derb Omar), pour continuer la manifestation. A Derb Omar, devant le local de la CDT, une estrade fut improvisée, et les représentants ( majorité femmes) des quartiers se sont succédé-es pour dénoncer l’interdiction de la marche, pour rendre hommage à l’AMDH, section de Casablanca qui n’a pas ménagé ses efforts pour les soutenir dans leurs légitime combat pour un logement de dignité. Le camarade Abounasr a assuré avec succès la direction/la modération de ces deux meetings.
REMARQUES : – Contrairement à ce qu’on constatait auparavant ( les militant-es « intellectuel-les » constituaient plus de 95%), dans les meetings de dimanches 21 mars, le pourcentage de ce type de militant-es n’a pas pu dépasser 5 %.
– Des jeunes militant-es de diverses sensibilités marxistes étaient présent-es, et avaient contribué au succès de cette journée de résistance en gardant leur sang froid, en scandant les slogans fixés par les organisateurs, en évitant la surenchère politicienne. Bravo militant-es ! ;
– Si les habitant-es des bidonvilles, avaient constitué indiscutablement la majorité des protestataires, d’autres couches sociales victimes de l’arbitraire étaient présentes : les habitants du quartier de l’aéroport … et surtout les veuve des policiers , et les policiers retraités. Ils étaient là avec nombreuses banderoles. On sait qu’au Maroc les officiers, même retraités occupent toujours des logements de fonction. Les corrompus s’achetaient des maisons, sinon de somptueuses villas. Les simples soldats, les simples policiers, les simples mokhaznis sont jetés à la rue une fois que l’Etat n’a plus besoin de leurs services. Leur représentant s’adressa ainsi à ceux qui sont toujours en service et qu’on a fait venir pour mater les protestataires : l’intérieur nous jette comme des vauriens après des années de service. Vous serez victimes du même traitement.
– Les femmes populaires ont constitué plus de 2/3 de la foule.
– Les protestataires ont évité de mêler le religion à leur légitime mouvement. Les victimes de l’exclusion luttent depuis des mois pour leurs droits sans jamais scandé un slogan à connotation religieuse. Ils sont victimes des politiques de l’Etat , victimes des pratiques des représentant de l’Etat, ils sont victimes des agissements des « élus » corrompus, victimes des discours démagogiques des partis parlementaires (makhzaniens, islamistes, « socialistes »). Les victimes ont compris que la voie de la lutte ferme des masses populaire, conscientes et organisées est la seule voie du salut. Tout le reste est du pur verbiage.
La morale de tout cela :
– La « démocratie » de l’Etat makhzanien a fait de nouveau preuve de son caractère de façade . Elle est restée telle qu’on l’a héritée de Hassan II. N’en déplaise à « nos » ex-opposants. Sinon comment expliquer l’interdiction d’une marche pacifique décidée et organisée par des victimes de l’exclusion. Rappelons que le Comité de Suivi a effectué toutes les démarches administratives nécessaires. Comment expliquer l’encerclement du local d’une organisation politique légale ? Comment expliquer la répression physique des mères de foyer qui ne font que réclamer leur dû ?
– La force de la femme n’est pas dans ce qu’elle dit dans les palaces, mais dans ce qu’elle fait sur le terrain de la lutte concrète
– Les Philistins petits bourgeois préfèrent leur grasse matinée de dimanche à la « tumultueuse» solidarité concrète avec les sans-droits.
– « l’enracinement dans les masses populaires » ne peut se faire en dehors de celles-ci, ne peut se faire en dehors de la tourmente des luttes de classe. Les miltant-es se forgent dans le feu de la lutte de classe. Les Khadija Abnaou, Mohammed Abounasr, Saïd Chihab, Abdellatif Adchich…à Casablanca, les Aziz Akkaoui… à Khénifra, les Brahim Ahensal… à Beni Mella, les Fatima Lmmah à Tanger …les centaines d’autres à travers le Maroc, l’ont bien compris. Ils sont le produit et acteurs de cette lutte. Le parti de la classe ouvrière et de l’ensemble des travailleurs ne sera « bâti que sous les feux de l’ennemi », ne sera forgé que dans les braises de la lutte ferme des masses populaires conscientes et organisées. Bravo miltant-es ! & nbsp;
Le SOS des sans-logements salubres Casablanca nous interpelle !
Le SOS des ouvriers de Khouribga nous interpelle !
Le cri des militant-es de l’ANDCM nous interpelle de tous les coins du pays !
le SOS des victimes de l’arbitraires nous interpelle de toutes les régions du Maroc !
LA RESISTANCE DES DESHERITE-ES NOUS INTERPELLE !
DECONGELONS NOTRE CONSCIENCE DE PETITS BOURGEOIS !
DONNEURS DE LECONS ET AUTRES DENIGREURS DE DROITE ET DE « GAUCHE », OSEZ PROPOSER D’AUTRES ALTERNATIVES PLUS « FIABLES ».
Source : Solidmar
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