La réalité face au réalisme

La décision de la Cour Internationale de Justice est la preuve définitive de l’obligation de célébrer un référendum d’autodétermination au Sahara Occidental. Cependant, cette réclamation repose sur une lecture incomplète du sommaire de la décision de la Cour. Une lecture complète mène à une conclusion aussi importante que la précédente : La souveraineté sur le Sahara Occidental était et continue d’être des sahraouis.
Le but du référendum d’autodétermination n’est pas de décider à qui appartient cette souveraineté, mais de demander aux sahraouis s’ils veulent ou non garder, modifier ou renoncer à leur souveraineté. Celle-ci était déjà existante au Sahara Occidental. La CIJ l’a dit clairement : Le Sahara Occidental n’a jamais était terra nulius.
L’ONU et l’UA n’ont jamais reconnu la souveraineté du Maroc sur le territoire sahraoui. Même le diplomate onusien, Peter van Walsum, en dépit de sa défense de la proposition d’autonomie marocaine, reconnaît que la légalité se trouve du côté du peuple sahraoui et que le problème c’est la France et les Etats-Unis qui ne sont pas prêts à forcer le Maroc à se plier à la volonté de la communauté internationale. Les seuls pays et personnes qui disent que le Sahara Occidental est marocain ont été payés pour le dire : quelques hommes d’affaires américains et français et une poignée de pays africains qui ne sont pas dignes d’être mentionnés (la Guinée du sanguinaire Obiang Nguema, le Gabon de la famille Bongo)
Depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, l’invasion, l’occupation et la colonisation du Sahara Occidental par le Maroc constituent la tentative la plus flagrante d’un pays d’élargir son territoire par la force.
Le Maroc non seulement a violé les résolutions qui concernent les territoires non-autonomes, il a aussi violé quelque chose de plus important : Les règles élémentaires qui interdisent l’agression et l’occupation par la force.
Malgré cette réalité, la question n’attire l’attention du monde que s’il y a effusion de sang ou si un scandale éclate comme l’expulsion d’Aminatou Haidar. C’est devenu la malédiction de ce conflit qui dure depuis plus de 34 ans. Parce qu’il y a des enjeux économiques et stratégiques au milieu. Comme si les sahraouis n’étaient pas des êtres humains qui ont le droit à vivre dignement, à vivre sous un toit chez eux, à bâtir leur pays, à se cultiver, à regarder la télévision, à faire leurs courses, à jouer du football, à rêver…
Les criminels de guerre marocains soumettent les sahraouis aux tortures, aux violations des droits de l’homme, tous les jours. Au même temps, le monde regarde ailleurs. C’est une honte. Mais les sahraouis, ce peuple aguerri, ne capitulent pas et ils luttent avec toute leur force et avec l’espoir de celui qui n’a rien à perdre.
S’il y a un peuple qui mérite du respect et de l’affection, c’est le peuple sahraoui. Il a été victime de la plus grande canaillerie et il continue de patienter, d’attendre que justice soit faite, sans perdre ses valeurs : la générosité, la compassion, la détermination. Tous ceux qui l’ont connu ont découvert une réalité et un peuple exceptionnel et ils ont fini par épouser sa cause et devenus son porte-parole.
Ceux qui ont visité les camps de réfugiés sahraouis ont trouvé le même rire, malgré l’exil sur cette terre inhospitalière, la même volonté à rester debout malgré la paralysie du monde à leur égard. Le quotidien fait de certaines privations et de manques est accompagné d’optimisme, de détermination et d’espoir en de lendemains meilleurs.
Certains médias essaient de diffuser des clichés sordides sur ces camps de réfugiés à travers le monde, mais la réalité est là. La réalité d’un peuple qui, après 34 ans, est un peuple toujours déterminé, avide de vivre comme tous les peuples du monde, de faire partie de ce monde. Ce longtemps n’a pas fragilisé ce peuple mais l’a consolidé.
La solution constamment répétée de négocier pour trouver « une solution juste et mutuellement acceptable » ne peut convaincre personne face à l’image que l’on veut attribuer au Maroc, cette image qui lui permet de piétiner toutes les résolutions des Nations Unies et aux principes les plus élémentaires des droits de l’homme. Dans l’affaire Haidar, il a fini par menacer d’arrêter le contrôle de l’immigration, des cellules intégristes, du trafic de drogue. Apparemment, la monnaie d’échange est le Sahara Occidental. C’est cela qui justifie le silence des pays occidentaux, ces pays qui se veulent un exemple de civilisation, de démocratie, de valeurs… et de tout le reste de ce discours hypocrite.
Dans ces conditions, quelle solution reste aux fils des braves combattants qui sont tombés dans la guerre contre l’envahisseur marocain? Cette génération qui ne comprend pas la réalpolitik et n’en a rien à faire. Ce qu’ils veulent c’est cette chose pour laquelle leurs parents sont morts? Les politiciens de la nouvelle ère, pourraient-ils les convaincre de laisser tomber cet idéal qu’ils ont tété de leurs mères et de leur société? Même si le Front Polisario décide d’accepter l’autonomie, le Maroc aura toujours des problèmes avec cette génération qui ne rêve que de voir son pays libre et souverain. Et c’est cette même génération qui refuse de capituler au nom d’un réalisme fantomatique.
Aminatou Haidar en a été l’exemple. Seuls ceux qui ne veulent pas de paix dans cette région font semblant d’ignorer cette réalité.

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