Le processus de décolonisation a pris un long chemin depuis que l’ONU a désigné le territoire du Sahara Espagnol comme territoire non-autonome dans les années 1960 jusqu’à son appel à la célébration d’un référendum d’autodétermination dans les années 1970 pour qu’enfin, en 1988, le Maroc et le Front Polisario acceptent le principe d’un cessez-le-feu devant aboutir à une autodétermination sur la base du recensement espagnol de 1974.
Depuis le retrait de l’Espagne, l’histoire du conflit du Sahara Occidental a connu trois étapes importantes :
1) Les années de guerre 1975-1991 : de l’invasion marocaine jusqu’à l’adoption à l’unanimité, par le Conseil de sécurité de l’ONU en 1991, du plan de règlement, qui s’appuie sur le recensement espagnol de 1974 de la population sahraouie.
En septembre 1991, entrée en vigueur du cessez-le-feu sous la surveillance de la MINURSO. La consultation référendaire est programmée pour janvier 1992.
2) Les années de référendum 1991-2004
En 1994, une bataille est engagée entre le Maroc et le Front Polisario autour du corps électoral. Avec la poursuite de plusieurs « nouvelles marches vertes » (déplacement des Marocains vers le territoire du Sahara occidental).
Trois ans après, en 1997, l’ancien secrétaire d’Etat américain James Baker est désigné comme représentant personnel du secrétaire général de l’ONU. Les deux parties en conflit signent les accords de Houston, en septembre, incluant un compromis autour de la question du corps électoral, et prévoyant la tenue d’un référendum d’autodétermination l’année suivante. En 1999, l’ONU annonce l’élaboration d’une liste des personnes habilitées à participer au référendum d’autodétermination au Sahara occidental (plus de 86 000 personnes) : le Maroc ne peut plus utiliser l’argument selon lequel le recensement espagnol de 1974 est dépassé.
Les obstructions marocaines donnent lieu à une nouvelle proposition, faite par James Baker, du plan de paix pour l’autodétermination du peuple du Sahara occidental (nommé Plan Baker), élargi aux colons marocains installés sur le territoire sahraoui de 1975 à décembre 1999, qui prévoit l’octroi d’une semi-autonomie pendant 5 ans, suivi d’un référendum d’autodétermination. Ce plan adopté à l’unanimité par le Conseil de Sécurité est accepté par le Polisario et rejeté par le Maroc.
En acceptant le plan Baker malgré les risques qu’il comportait, le Front Polisario avait fait des concessions majeures, par générosité, pour la paix et dans un esprit de réconciliation. En rejetant ce plan, le Maroc a été forcé d’admettre qu’il voulait écarter toute solution qui passe par les urnes, et par conséquent le rejet du principe d’autodétermination.
La démission de James Baker en 2004 a eu comme conséquence la naissance, en 2005, d’une résistance populaire pacifique dans les territoires sahraouis sous occupation qui a mis en évidence que sans autodétermination il n’y aura jamais de stabilité dans les territoires occupés du Sahara Occidental.
3) Les négociations directes : depuis 2007.
Au lendemain du départ de Baker, le nouveau représentant spécial pour le Sahara, le néerlandais Peter van Walsum, traça la nouvelle voie à suivre : la table de négociation.
Sous sa direction, quatre rencontres officielles auront lieu à Manhasset, au terme desquelles il a fini par jeter l’éponge parce qu’il avait constaté que les négociations interminables qui sont engagées entre les deux parties n’aboutiront à aucun résultat tant qu’il n’y aura pas de « pression sur le Maroc pour qu’il abandonne sa revendication de souveraineté sur le territoire ».
La désignation d’un diplomate chevronné comme Christopher Ross donnera un nouveau souffle au processus des négociations avec la rencontre informelle de Dürnstein, en Autriche. Celle- ci n’a enregistré aucun progrès en raison de la position du Maroc qui prétend limiter la solution dans une seule option, le statut d’autonomie, contre les résolutions de l’ONU qui définient l’autodétermination du peuple sahraoui comme base de toute solution définitive.
Dans cette rencontre, il était prévu la réouverture d’une voie terrestre pour permettre de fomenter l’interchange de visites familiales des deux côtés du mur de défense marocain. Loin de cela, Rabat a opté pour l’escalade de la répression contre les activistes des droits de l’homme et l’expulsion d’Aminatou Haidar.
Suite à ces évènements, l’optimisme ne peut que laisser la place au pessimisme concernant la rencontre informelle entre le Maroc et le Front Polisario qui aura lieu le 10 et 11 février à New York.
Ces évènements constituent une preuve irréfutable de l’obstination des autorités marocaines de continuer à dicter leurs conditions et à torpiller les efforts du représentant spécial des Nations Unies, Christopher Ross.
Cette obstination est le seul obstacle à l’aboutissement d’une solution juste et mutuellement acceptable à ce conflit qui dure depuis plus de 35 ans.
Le gouvernement marocain a montré durant toutes les étapes des négociations qu’il ne demande pas la paix. Dans l’état actuel de la situation de ni guerre ni paix, le royaume du Maroc non seulement n’a pas besoin de la paix, mais il est convaincu qu’il n’a aucun intérêt de faire la paix. Le seul objectif des autorités marocaines est de perpétuer les négociations sur le Sahara Occidental aussi longtemps que possible pour poursuivre l’occupation illégale, la répression et le pillage des ressources sahraouies sans être inquiété par la communauté internationale.
Par conséquent, il est légitime de se poser des questions sur la bonne foi des dernières déclarations concernant la disposition du Maroc de discuter la proposition sahraouie. Cela ne peut être qu’une nouvelle stratégie pour empêcher le Conseil de Sécurité de débattre sur l’élargissement du mandat de la MINURSO aux questions de droits de l’homme.
Soyez le premier à commenter