Le membre du Comité des Droits Sociaux et Economiques des Peuples de l’ONU, Aslan Abashidze, en se prononçant sur le conflit du Sahara Occidental, a déclaré que le problème se trouve dans le fait que « quelques états voisins essaient de changer la corrélation de la population » qui peut voter dans le référendum d’autodétermination.
« Le statut international de ce territoire est indéterminé », ajoute-t-il en assurant que « l’ONU s’est occupée et elle s’occupe de ce problème, avec l’organisation du référendum que l’on connait ».
Le représentant de l’ONU, qui a participé le 27 janvier à la présentation du Colloque Unesco de Droits de l’homme et Démocratie de l’Université de Las Palmas de Grande Canarie, a affirmé dans une conférence de presse que « le représentant » du peuple saharaui « est le mouvement du Polisario ».
De son côté, le président de la Colombie, qui a aussi participé à l’acte, a considéré que ce problème « est l’une des grandes questions qui planent encore sur la politique espagnole ».
Selon l’opinion de Samper, « personne n’ignore que le Sahara est une enclave territoriale totalement anachronique par rapport à ce que c’est le concept de souveraineté territoriale dans un monde moderne et contemporain » et une question dont la solution n’est pas » seulement s’adresser à la population pour qu’elle décide avec qui elle veut rester lorsque d’un côté on lui offre beaucoup plus de possibilités de progrès que de l’autre ».
En effet. Anachronique, parce qu’il s’agit d’un conflit qui est un résidu de la Guerre Froide et qui a été imposé par certaines puissances mondiales pour des raisons géo-stratégiques qui n’ont rien à voir avec la légalité internationale.
Anachronique, parce que l‘argument des autorités marocaines est que ce territoire faisait partie intégrante du sien bien longtemps avant la colonisation européenne. Un territoire inscrit sur la liste des territoires non-autonomes depuis 1963. Aucun état dans le monde ne reconnaît les revendications du Maroc sur le territoire du Sahara Occidental. Ces revendications ont d’autre part été rejetées par la Cour International de Justice.
Anachronique parce que les autorités marocaines ont repris la politique de la bagarre pour les frontières qui a été dépassée par les pays africains en 1963 avec le principe du respect des frontières héritées du colonialisme. l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA), ancêtre de l’actuelle Union Africaine, mit un terme au débat en décrétant que les frontières sont indiscutables : revenir sur ces délimitations provoquerait des guerres civiles partout sur le continent. Le conflit qui oppose le Front Polisario et le Maroc sur la question du devenir du territoire de l’ex-Sahara Espagnol est sur le plan juridique. L’occupation de ce territoire par le Maroc constitue une violation du droit à l’autodétermination et une seconde colonisation et à la Charte de l’UA.
Anachronique aussi est le régime politique marocain, autoritaire et illégitime établi et maintenu par la violence, qui au 21ème siècle est toujours incompatible avec la liberté politique et le principe de l’égalité devant la loi, un régime qui pille et gaspille les ressources publiques et qui cache de moins en moins sa volonté de réduire les citoyens au silence.
Si l’ONU désire réellement la solution de ce conflit, elle devrait écouter les sages paroles de ses deux représentants et ne faire aucune concession sur les droits fondamentaux du peuple sahraoui, comme le droit à l’autodétermination et le respect des droits de l’homme dans les territoires occupés du Sahara Occidental.
Malheureusement, les occidentaux, particulièrement certains Français, à cause de leur tradition politique coloniale qui les pousse à adopter un comportement ethnocentriste et protecteur vis à vis du Maroc, ont une vision politique particulière de la question sahraouie et de son « règlement ». Ils sont à l’initiative de l’expression « solution politique juste et mutuellement acceptable » entre un occupant et un occupé, entre un usurpateur et un usurpé, une formule qui est en définitive une légitimation de la présence d’un envahisseur qui, par évidence, ne cherche pas la paix. Pour les marocains, le but des négociations est d’en finir à jamais avec le principe sacro-saint du droit des peuples à l’autodétermination, de même que la « paix » ne signifie plus pour les sahraouis que renonciation, soumission et capitulation.
Le discours qui entretient l’illusion d’une possibilité de « solution juste et mutuellement acceptable » clairement impossible dans l’état du rapport de forces actuel, ignore la réalité de la lutte du peuple sahraoui, et œuvre pour maintenir un statu quo indéfini qui est refusé d’avance.
Le processus de paix amorcé en 1991 avec un cessez-le-feu se poursuit aujourd’hui par un interminable feuilleton de « négociations indirectes » « négociations directes », « négociations informelles » et autres. Ces négociations sans fin ont pour seul objectif de » liquider » la question sahraouie et de vider de son contenu les droits légitimes du peuple sahraoui. L’ONU, va-t-elle définir un terme pour ces négociations qui ressemblent plutôt à des rendez-vous de dégustation culinaire sous la direction d’un amphitryon onusien?
La recherche de la paix n’est pas compatible avec le silence des puissances internationales sur la brutalité des forces de répression marocaines à l’égard de nos concitoyens. Outre les appels du roi à la dérive ouvertement antisahraouie, s’ajoute l’arrogance de certains responsables marocains, comme Moustapha El Hor, qui à la question de s’il y a de la torture au Maroc, le vice-consul du royaume à Madrid répond : « C’est ainsi qu’on solutionne les problèmes. L’évolution arrive de cette manière ». Une évolution à coups de bâtons.
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