La dérive répressive sous couvert de consensus

Sous couvert de préserver la stabilité et l’intégrité territoriale toute une panoplie de slogans a été déployée pour empêcher les révoltes populaires et freiner l’indépendance des partis et des organisations de défense des citoyens et syndicalistes. Parmi ces slogans, l’ennemi extérieur, l’Algérie, comme paravent commode pour cacher le manque d’arguments pour justifier l’invasion du Sahara Occidental. Il n’y a pas un seul responsable, parti, journal ou pseudo-association qui ne pointe pas le pays voisin pour le désigner comme responsable des maux du Maroc. Tous les sites Internet marocains, et ô combien sont-ils nombreux, contribuent à des campagnes de haine comme prétexte pour maintenir l’occupation du territoire sahraoui et alimenter la tension dans la région au détriment du bien-être du peuple marocain et de ses aspirations à la démocratie et à la liberté. C’est le recours d’un système en crise sous des allures fragiles.

L’expansionnisme marocain s’est créé un bouc émissaire pour maintenir son hégémonie sur la société marocaine musolée face à l’absence totale de contrôle sur la finance, le pillage, la censure et la répression quotidienne.
Tandis que les moyens de propagande ne cessent de tenir le discours sur les avancés du Maroc sur différents secteurs, toutes les exactions sont permises sous couvert de défense de la stabilité du pays. Non seulement la légalité internationale est violée, mais l’on maintient un état inquiétant des libertés fondamentales dans le pays.
Au nom du consensus, sont baffouées les libertés collectives d’association et de défense des travailleurs, les organisations sont laminées, remplacées par d’autres qui sont de simples relais du pouvoir.
La fabrication du consensus, en particulier par le biais des médias, était une nécessité pour le système pour contrecarrer la contestation populaire. La diversion et le bouc émissaire s’avèrent nécessaires pour imposer l’ordre voulu par la monarchie et sa clientèle.
Quelques journalistes courageux ont essayé de faire entendre la voix de la vérité, mais ils ont été noyés par la machine judiciaire avec des amendes exhorbitantes. Il est très facile d’accuser les médias indépendants quand l’opinion publique est enflammée par la propagande officielle. 
Les combattants sahraouis de la liberté sont montrés comme des mercenaires à la solde de l’Algérie. Le Front Polisario est appelé « polizbel », vilipendié… Tous les mots sont permis. On dit qu’il est « financé » par l’Algérie. Le Maroc, au contraire, on dit qu’il « reçoit un soutien généreux » de ses grands amis et alliés, la France et les Etats-Unis… et Israël. Quand on diabolise l’ennemi, celui-ci n’est plus considéré comme humain. Le droit et la compassion ne sont alors plus de mise. Les rôles ont été inversés et les agresseurs sont devenus des agressés pour contribuer à nourrir le double sentiment d’impunité et de légitimité. Le but est de créer le sentiment de légitimité de la violence utilisée contre la population sahraouie. Et il faut reconnaître que les résultats de ces pratiques dépassent les objectifs attendus. Les citoyens marocains, aujourd’hui, sont prêts à verser de l’acide sur leurs frères sahraouis. 
Même certains intellectuels marocains qui se disent de gauche sont aveuglés par la propagande jusqu’au point de ne plus voir la légitimité des aspirations sahraouies parce que ces derniers sont soutenus par l’Algérie. Quel mouvement de libération dans le monde n’a pas joui du soutien d’au moins un pays voisin? Le Vietnam, aurait-il pu chasser deux puissances mondiales, la France et les USA, sans le soutien de la Chine et de l’URSS? Le MPLA  (Angola) le FRELIMO (Mozambique) auraient-ils pu chasser le Portugal sans le soutien de divers pays? L’UNITA de Savimbi aurait-il pu déstabiliser le gouvernement socialiste en Angola sans le soutien du régime raciste de Prétoria et la CIA? Comme si le Polisario pouvait avoir les moyens d’agir en toute autonomie, sans le soutien d’un autre pays! Qu’est-ce que ces braves militants démocrates auraient dit si la Mauritanie était un voisin puissant et se mettait à la place de l’Algérie pour soutenir le Polisario? Qu’elle voulait aussi un couloir vers l’Atlantique? L’Algérie a soutenu aussi le mouvement de Nelson Mandela au moment où le Maroc achetait des armes au régime raciste de l’Afrique du Sud. Mais cela, certains ne le voient pas. Ce qu’il voit c’est les discours diffusés par la MAP et ses partenaires de la presse partisane. 
Quels que soient les motifs du soutien algérien au peuple sahraoui, cela n’empêche que la cause sahraouie est une cause juste, et les sahraouis ont le droit légitime de revendiquer un Etat indépendant après avoir combattu le colonialisme espagnol avec le seul soutien de la Lybie. 
Fragilisé par un manque flagrant d’arguments susceptibles de légitimer sa présence au Sahara Occidental, le régime marocain devait chercher un adversaire de taille décrit comme l’ennemi extérieur pour s’assurer du soutien populaire dans cette nouvelle croisade du palais pour réaliser ses rêves hégémoniques au Maghreb. Depuis la guerre des sables en 1963, cet ennemi est l’Algérie. 
Le régime marocain, depuis son invasion du Sahara Occidental en 1975, n’a jamais arrêté de répéter que c’est l’Algérie qui est derrière ce conflit. Et depuis, il veille à renforcer un consensus avec des discours qui sèment la haine envers l’Algérie et le peuple algérien. Le consensus marocain sur le Sahara Occidental est alimenté de haine. Ce consensus n’est pas basé sur le principe de la marocanité du Sahara, mais sur la nécessité de se défendre contre un ennemi extérieur : l’Algérie.

Trente-quatre ans après, à cause de cette politique malsaine, les marocains continuent à croire que les réfugiés sahraouis sont séquestrés par l’armée algérienne à Tindouf et que le Maroc fait tout son possible pour les libérer, que le Front Polisario n’est qu’une bande de mercenaires à la solde de l’Algérie. Il n’est pas question d’avouer au peuple marocain que c’est la volonté du peuple sahraoui qui l’empêche d’engloutir ce territoire, l’égo royal empêche de reconnaître que la décision d’envahir le Sahara était une erreur monumentale et qu’il était loin d’imaginer  que le courage de ce petit peuple allait lui mettre un caillou dans sa chaussure.
Ce consensus n’est pas un choix populaire, mais une méthode maquiavélique de pousser le peuple marocain à la soumission aux désirs du roi et justifier l’ocupation, la répression de la population sahraouie et le pillage de ses ressources naturelles.

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