Crise gouvernementale au Maroc après l’affaire Haidar
L’affaire Aminatou Haidar vient de se payer les premières têtes au Maroc. Le roi du Maroc s’est débarassé de deux poids lours : le ministre de l’intérieur, Chakib Benmoussa et celui de la justice, Abdelouahed Radi, leader de l’USFP. Aux yeux des analystes consultés par ce journal, c’est une reconnaissance de l’échec dans la gestion de la crise enclenchée en novembre par l’expulsion de l’activiste sahraouie Aminatou Haidar et résolue avec son retour à El Aaiun après 32 jours de grève de la faim.
Les changements dans le Gouvernement marocain affectent, en outre, aux portefeuilles du Tourisme, des Relations avec le Parlement et de la Modernisation du Secteur Public. Pour la spécialiste en monde arabe Maria Dolores Algora, « le cas Haidar a abîmé l’image de Rabat en déplaçant le contentieux au forum européen ». « Le Statut Avancé avec l’Union Européenne est vital pour le Maroc, pour son économie, raison pour laquelle il avait besoin de sauver la mise avec les destitutions dans la Justice et l’Intérieur. Et cette conjoncture a été exploitée pour faire des changements dans d’autres portefeuilles également importants pour les objectifs du Maroc envers l’UE », ajoute-t-elle.
La crise gouvernementale a eu lieu le lendemain de l’annonce de la part de Mohamed VI de la création d’une commission consultative qui devra mettre en place la « régionalisation avancée » dans le pays. Le monarque veut que ce plan commence dans le Sahara Occidental occupé, territoire dans lequell il essaie d’imposer un statut d’autonomie. Le nouveau ministre de l’intérieur, Taíb Cherkaui, ne provient pas des cercles des puissants services de sécurité, mais il présidait le Tribunal Suprême et il est considéré un bon connaisseur du système autonome espagnol.
Rabat veut donner ainsi un autre pas dans la consolidation de l’annexion d’un territoire considéré par l’ONU comme territoire non-autonome en attente de décolonisation, même s’il est géré par le Maroc depuis plus de trois décennies, après le retrait de l’Espagne.
Après la gifle donnée par Aminatou Haidar, le Maroc essaie de reprendre l’initiative en présentant à nouveau la proposition de régionalisation. Une proposition qui date de 1997 et qui croupisse dans les tiroirs des feuilletons mensongers du Makhzen. La nouvelle annonce sera aussi vide que celles qui l’ont précédée. C’est une tentative de récupérer l’intiative et une façon de destituer les deux tortionnaires de l’Intérieur et de la Justice et l’ambassadeur en Espagne sans se faire humilier.
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