Aminattou Haidar, la dignité sahraouie




(source : Presos.org 09/12/09 par Inés Miranda, avocate d’Aminattou Haidar traduction Futur Rouge)

Aminattou Haidar est le symbole d’un peuple pacifique et solidaire, d’un peuple trahi par la dictature franquiste, qui, le 14 novembre 1975, céda l’administration du Sahara Occidental aux Etats mauritaniens et marocains, suite à son invasion militaire par les troupes marocaines. Cette cession eut lieu un mois après que la Tribunal International de La Haye eut écarté les prétentions annexionnistes de la Mauritanie et du Maroc, en réaffirmant que d’après la résolution 1514 des Nations Unies promulguée en 1960, le peuple sahraoui avait le droit à l’auto-détermination.
En 1976 commença la guerre entre le Front Polisario et le Maroc. La brutalité déployée par le régime d’Hassan II, avec force bombardements au napalm contre des civils, eut comme conséquence le déplacement d’une grande partie de la population sahraoui vers les amps de réfugiés du désert de Tindouf, dans la Hamada algérienne. Le 6 décembre 1991 fut enregistré un cessez-le-feu, et les deux parties acceptèrent la proposition des Nations Unies pour un référendum d’auto-détermination prévu le 26 janvier 1992.
Toutefois, le régime marocain n’a cessé de manoeuvrer pour ajourner cette consultation, en ergotant sans fin au sujet de la composition du corps électoral et finit par imposer des options alternatives, qui font fi de la légalité internationale et qui furent rejetées par les Nations Unies.
Pendant ce temps, le Maroc et de nombreuses entreprises étrangères (parmi elles, certaines sont espagnoles) pillent les vastes réserves naturelles du territoire, comme le phosphate, le pétrole, le gaz naturel, les gisements de fer et d’uranium, et les gigantesques réserves de poissons qui regorgent tout au long des 1600 km de littoral.

Pendant toute cette période, la politique des différents gouvernements de l’Espagne démocratique n’a jamais rompu avec la trahison franquiste. Aucun de ces gouvernements n’a assumé le rôle de puissance « décolonisatrice » que la légalité internationale lui octroie vis-àvis de son ancienne province.
Au contraire, tous ont privilégié la « stabilité » des rapports avec le Maroc : d’abord à cause du partage du butin de la pêche, ensuite à cause du rôle de gendarme régional joué par le Maroc dans la gestion des flux de migrants sub-sahariens et, enfin à cause des importants investissements des entreprises espagnoles dans la région.
« Le gouvernement de Zapatero ferme les yeux devant la souffrance du peuple sahraoui. Par son silence, il tolère les violations des droits humains et permet qu’on nous massacre » a dit en mai 2006 à Madrid Aminattou Haisar lors de sa réception du prix Juan Maria Bandres de la Commission Espagnol d’Aide aux Réfugiés. Trois années plus tard, la répression marocaine se poursuit dans les territoires occupés du Sahara Occidental. Presqu’un quart de millions d’âmes résistent de façon exemplaire dans la Hamada, pour une solution juste, conforme au droit international, qui autorise leur retour sur leur territoire d’origine.
Aminattou Haidar est très au fait de toutes ces choses. Elle fut arrêtée pour la première fois en 1987, à l’âge de vingt ans, pour avoir participé à une manifestation contre l’occupation, à l’occasion d’une visite de représentants de l’ONU au Sahara Occidental.
Elle connut le sort des « disparuEs » , fut mise au secret et torturée pendant presque quatre ans, les yeux bandés, les pieds et les mains attachés, subissant des conditions d’hygiène et d’alimentations infra-humaines. Plus tard, elle dubit d’autres arrestations et vexations de la part des autorités marocains, mais elle n’a pourtant jamais cessé de lutter pour le droit à l’auto-détermination de son peuple.
En 2005, elle participa à des manifestations pacifiques contre l’aggravation de la répression, pendant lesquelles elle fut de nouveau arrêtée et torturée par la police, et emprisonnée. Le 13 décembre 2005, elle fut condamnée à de la prison ferme par un tribunal marocain.
Enfermée à ce moment dans la Prison Noire d’El Aaioun (construite par le colonialisme espagnol), elle fit cette déclaration à ses camarades : « C’est un miracle que je sois restée en vie, parce que je suis une femmes épuisée physiquement par tant d’années de disparition et d’emprisonnement, par tant de tortures et tant d’humiliations. Mais je suis ici, et je continuerai à lutter de toutes mes forces, sachant bien que vous-autres, vous êtes là et vous luttez pour nous. Je crois autant en vous qu’en la mer qui est là à 25 km d’ici, de la même façon je suis sûre que les enfants sahraouis réfugiés en Algérie retourneront sur leur terre libérée. Je suis sûre de vous comme je suis sûre du regard affectueux de mes deux enfants, Mohamed et Hayatn que j’aime tant… »
Aujourd’hui, le 9 décembre 2009, depuis l’aéroport de Lanzrote aux Canaries, Aminattou Haidar en grève de la faim exige depuis le 14 novembre le droit de revenir au Sahara Occidental pour retrouver ses enfants et reprendre le chemin du combat aux côtés de son peuple, un peuple entouré de la solidarité de milliers de citoyens de l’Etat espagnol, mais un peuple maltraité par le gouvernement qui, en collusion avec le régime répressif de Rabat, ignore le rôle que le droit international lui impose de jouer : défendre le droit du peuple sahraoui à l’auto-détermination.

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