Le facteur humain, l'élément décisif

C’était Abraham Lincoln l’auteur de la phrase ; « On peut tromper tout le monde pendant un certain temps et certains pour toujours, mais on ne peut pas tromper tout le monde éternellement« . C’est un joli jeu de mots. En réalité, il existe des personnes capables de tromper beaucoup de gens pendant longtemps. C’est le cas de la monarchie alaouite qui depuis plus de 50 ans trompe le peuple marocain.
La situation d’Aminatou Haidar et son énorme écho médiatique ont mis à l’évidence le manque de crédibilité des établissements marocains par rapport à leurs intentions et les mensonges relatifs à la régionalisation et au statut d’autonomie pour le Sahara Occidental. De plus, le processus suivi par les autorités marocaines depuis l’arrivée de l’activiste sahraouie à l’aéroport de EL Aaiún montre la fragilité du propre système politique du Maroc. 
La réponse devant le refus d’une citoyenne, après avoir rempli le formulaire d’entrée au Maroc, à admettre la nationalité marocaine, est répondue par le retrait du passeport, de son arrestation, de sa postérieure « séquestration » et embarquement, contre sa volonté, dans un avion pour son expulsion immédiate vers l’Espagne. Tout cela sans que des charges ne se présentent contre elle, sans qu’elle ne soit portée devant l’autorité judiciaire, sans que, comme il est courant dans n’importe quel état démocratique, que ce soit un juge et non la police qui estime, conformément à la législation en vigueur, l’inaccomplissement ou non de la réglementation légale de la part de cette citoyenne. Il s’agit donc d’un retour à l’état policier, à l’état où la décision de l’administration prime sur la séparation démocratique de pouvoirs, à l’état dans lequel sont piétinés les droits et la liberté basique de la citoyenneté.
A cause de cela, et même sans entrer au fond du problème d’Aminatou (la défense des droits du peuple sahraoui), l’attitude arrogante de l’administration marocaine montre la fragilité d’un système politique dans lequel la démocratie s’est avéré seulement une scène artificielle avec un décor similaire à celui d’autres étapes obscures de l’histoire politique du Maroc de Hassan II. 
L’intransigeance marocaine a converti Aminatou non seulement en symbole de la lutte d’un peuple pour ses droits, mais aussi une preuve que la démocratie au Maroc est encore aujourd’hui un système inachevé. 
Aminatou veut rentrer chez elle. L’activiste demande quelque chose de si élémentaire comme de retourner à son foyer à El Aaiún et de se réunir avec sa famille, comme elle l’a fait sans problème les dizaines de fois qu’elle a voyagé à l’étranger. Un droit fondamental qu’elle veut exercer sans aucun subterfuge, raison pour laquelle elle repousse les propositions espagnoles de lui octroyer la nationalité ou le statut de réfugiée politique. 
La situation de Haidar en ce moment est illégale pour deux raisons. Parce qu’elle est en Espagne sans passeport et parce qu’elle veut en sortir mais ne peut pas, puisque le Gouvernement ne la laisse pas par peur d’incommoder le satrape alaouite. Ceci s’appelle en langage de Droit International séquestration, et c’est le mot qui décrit le mieux la scène honteuse d’Aminatu Haidar allongée sur le sol de l’aéroport de Lanzarote. 
Avec son double défi au Maroc et à l’Espagne, Haidar place une loupe planétaire sur un peuple qui revendique depuis trois décennies sa place dans le monde. La langueur de Haidar à Guacimeta a plus de résonance que si la lutte de son peuple se débattait à l’Assemblée Générale des Nations Unies. 
La cause d’Aminatou Haidar est devenue la métaphore la plus dramatique d’un conflit historique lamentablement irrésolu. Mais ni occulte ni oublié : il n’y a que repasser les adhésions reçues dans son exil forcé dans l’aéroport de Lanzarote, sans oublier la solidarité et sympathie que le peuple sahraoui continuent d’avoir en Espagne et partout dans le monde. 
Aminatou Haidar est tout le peuple Sahraoui. Sa situation n’est que le reflet d’une nation soumise. Et deux gouvernements qui devraient mourir de honte à cause des mesures nulles qu’ils ont adopté pour résoudre ce problème. 
Dans les complexes sentiers escarpés des manigances diplomatiques visant à ne pas gêner le voluble et sensible voisin du sud (expert en chantage, maître d’extorsion, enfant gâté des des pseudo démocraties occidentales) s’est glissé un élément ennuyeux et imprévu sur lequel Mohamed VI n’a pas compté : Aminatou Haidar, le facteur humain. 
Le Maroc peut comploter tout ce qu’il veut avec la France, les USA, l’Espagne, mais le dernier mot sera toujours au peuple sahraoui, que ce soit par les moyens pacifiques ou par la lutte armée qui a laissé pour l’histoire un registre en or écrit par des batailles héroïques qui ont mis en évidence la lâcheté de l’armée marocaine et de son roi.

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